Bonjour ! Pour ceux qui n'étaient pas au congrès, vous pouvez retrouver les commentaires concernant un certain nombre de sessions sur Twitter et Bluesky. Et sinon, bonne lecture !
1/ Pharmacovigilance
Dans une cohorte incluant 170 000 patients diabétiques, les patients prenant du semaglutide avaient un risque de neuropathie optique ischémique antérieure non artéritique (NOIA-NA) augmenté à partir de 2 ans de traitement par rapport à ceux prenant des traitements non analogues du GLP-1 mais cet évènement reste très rare (0.24 pour 1000 vs 0.15 pour 1000)
Une nouvelle étude s'intéresse aux effets indésirables des corticoïdes inhalés (CSI) dans la BPCO. Le critère de jugement principal (CJP) était constitué de survenue diabète de type 2, cataracte, pneumonie, ostéoporose ou fracture non traumatique. A 4 ans de suivi, pour les patients en prenant au long cours versus ceux en ayant eu uniquement de façon ponctuelle, le NNH pour au moins un élément du CJP était de 5 patients. Pour chacun des éléments du critère, le risque de survenue était multiplié par environ 2,5.
2/ Cardiologie
Une méta-analyse publiée dans le Journal of Chirovascular Reviews suggère que croiser les doigts quotidiennement améliorerait significativement la chance de ne pas avoir un infarctus ou un AVC avec un NNT = 120 patients par an pour éviter un évènement cardiovasculaire, soit a peine moins bien que l'efficacité des statines. Les auteurs préconisent l'utilisation du score EDF (Elasticity and Dexterity Finger score) pour stratifier le risque, et des essais sont en cours pour évaluer si l'index et le majeur sont les doigts à croiser préférentiellement (à noter que les patients avec un Marfan ou un Ehlers Danlos étaient exclus de ces études). Reste à voir si les recommandations ESC s’aligneront sur ces données (en tous cas, ça sera du même niveau de preuve que certaines de leurs précédentes recos...). Croisons les doigts!
3/ Infectiologie
La HAS a publié une recommandation sur le dépistage de tuberculose pulmonaire. Le dépistage doit être centré sur les populations à risque de façon systématique pour les patients en milieu carcéral, les patients migrants en France depuis moins de 2 ans, les patients ayant vécu en pays de forte endémie pendant plus de 6 mois, et de façon opportuniste pour les patients précaires ou SDF ou en marge de la société +/- usagers de drogues IV. Ce dépistage s'intègre dans un prise en charge globale (avec éventuellement dépistages VIH, VHB, VHC). Chez l'adolescent et l'adulte, la RXT est l'examen de dépistage recommandé (un test de biologie moléculaire rapide peut aussi être utilisé notamment en milieu carcéral). Chez l'enfant, une IDR ou une IGRA (quantiféron) sont proposé en 1er lieu chez les patients avec indication. En cas de positivité, une RXT est indiquée pour déterminer s'il faut hospitaliser (RXT positive) ou faire un traitement prophylactique (IDR/IGRA positive avec RXT négative). Concernant la vaccination par BCG, il est recommandé de vacciner les enfants nés en Guyane ou Mayotte, ou avant 5 ans si facteur de risque dans les autres département (incluant Ile de France).
4/ Néphrologie
Le JAMA aborde la polykystose rénale autosomique dominante (PKAD) . Elle se caractérise par des kyste rénaux (>10) et des reins de plus de 13cm (alors que les polykystoses acquises montrent des reins atrophiés <10cm). Des kystes hépatiques sont également présents chez 90% des patients et 10% ont des anévrismes cérébraux. Pour le diagnostic, l'échographie (notamment chez l'enfant) ou l'IRM sont proposés (sachant que l'IRM détecte mieux les petits kystes). En cas de forme typique, il n'est pas nécessaire de faire le test génétique. Le principal risque est néphrologique avec 50% de dialyse à 60 ans et le risque est évaluer par le PROPKD Score. Le traitement repose essentiellement sur des RHD (hyperhydratation avec 2,5L/j , objectif IMC < 25, pas d'alcool ni tabac, activité physique, pas d'AINS...) , un contrôle tensionnel parfait ( <110/75 avant 50 ans et < 120/80 après 50 ans) notamment avec IEC/ARAII. Le tolvaptan est un traitement spécifique réduisant la dégradation néphrologique. Concernant les anévrismes cérébraux, un dépistage est recommandé, mais une IRM normale ne prédit pas de la survenue ultérieure d'anévrismes (le rythme d'un éventuel dépistage n'est pas détaillé). Enfin, le dépistage chez les membres familiaux est recommandé à l'âge adulte (donc à 18 ans), plutôt par IRM qu'échographie selon les auteurs. Cependant, un suivi tensionnel est nécessaire chez les enfants et adolescents car 30% ont de l'HTA juvénile.
5/ Pédiatrie
Cet article revient sur le Kawasaki en s'appuyant notamment sur les recommandations de 2020. Ainsi, il est nécessaire 3 ou 4 autres critères minimum (avec généralement la fièvre) pour qu'il y ait un diagnostic de Kawasaki.
- Concernant la fièvre, il n'y a pas de durée dans les critères, car 30% surviennent à moins de 5 jours de fièvre.
- L'exanthème polymorphe est remplacé par "rash cutané", l'éruption n'étant pas forcément polymorphe, et pouvant être scarlatiniforme, morbiliforme, urticarienne ou être une rougeur au site d'inoculation du BCG (signe présent chez 70% des moins de 20 mois avec Kawasaki)
- L'enanthème buccal se manifeste par une chéilite, une langue framboisée, une rougeur diffuse de la cavité oro-pharyngée.
- L'hyperhémie conjonctivale bulbaire bilatérale non purulente
- L'atteinte des extrémités: érythème et oedème palmo-plantaire au stade initial puis desquamation péri-unguéale au stade tardif.
- Une adénopathie cervicale non suppurative qui est plus rare que les autres signes.
La présence de 2 critères peut parfois suffire si le diagnostic est suspecté après avoir écarté les autres diagnostics, ou en présence d'anomalie biologiques (syndrome inflammatoire biologique, présences de lymphocytes immatures, hyponatrémie, anomalie du bilan hépatique, nt-proBNP anormal...) ou coronariennes évocatrices. La prise en charge est poursuivie aux urgences pour un traitement par immunoglobulines.
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A la semaine prochaine et bon 1er avril !