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Blog médical et geek de médecine générale :
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mardi 1 avril 2025

Dragi Webdo n°478 : Tuberculose (HAS), Kawasaki, corticoïdes inhalés, risque digital, polykystose rénale

Bonjour ! Pour ceux qui n'étaient pas au congrès, vous pouvez retrouver les commentaires concernant un certain nombre de sessions sur Twitter et Bluesky. Et sinon, bonne lecture !

 

1/ Pharmacovigilance

Dans une cohorte incluant  170 000 patients diabétiques, les patients prenant du semaglutide avaient un risque de neuropathie optique ischémique antérieure non artéritique (NOIA-NA) augmenté à partir de 2 ans de traitement par rapport à ceux prenant des traitements non analogues du GLP-1 mais cet évènement reste très rare (0.24 pour 1000 vs 0.15 pour 1000)

Une nouvelle étude s'intéresse aux effets indésirables des corticoïdes inhalés (CSI) dans la BPCO. Le critère de jugement principal (CJP) était constitué de survenue diabète de type 2, cataracte, pneumonie, ostéoporose ou fracture non traumatique. A 4 ans de suivi, pour les patients en prenant au long cours versus ceux en ayant eu uniquement de façon ponctuelle, le NNH pour au moins un élément du CJP était de 5 patients. Pour chacun des éléments du critère, le risque  de survenue était multiplié par environ 2,5.


 

2/ Cardiologie

Une méta-analyse publiée dans le Journal of Chirovascular Reviews suggère que croiser les doigts quotidiennement améliorerait significativement la chance de ne pas avoir un infarctus ou un AVC avec un NNT = 120 patients par an pour éviter un évènement cardiovasculaire, soit a peine moins bien que l'efficacité des statines. Les auteurs préconisent l'utilisation du score EDF (Elasticity and Dexterity Finger score) pour stratifier le risque, et des essais sont en cours pour évaluer si l'index et le majeur sont les doigts à croiser préférentiellement (à noter que les patients avec un Marfan ou un Ehlers Danlos étaient exclus de ces études). Reste à voir si les recommandations ESC s’aligneront sur ces données (en tous cas, ça sera du même niveau de preuve que certaines de leurs précédentes recos...). Croisons les doigts!

 

3/ Infectiologie

La HAS a publié une recommandation sur le dépistage de tuberculose pulmonaire. Le dépistage doit être centré sur les populations à risque de façon systématique pour les patients en milieu carcéral, les patients migrants en France depuis moins de 2 ans, les patients ayant vécu en pays de forte endémie pendant plus de 6 mois, et de façon opportuniste pour les patients précaires ou SDF ou en marge de la société +/- usagers de drogues IV. Ce dépistage s'intègre dans un prise en charge globale (avec éventuellement dépistages VIH, VHB, VHC). Chez l'adolescent et l'adulte, la RXT est l'examen de dépistage recommandé (un test de biologie moléculaire rapide peut aussi être utilisé notamment en milieu carcéral). Chez l'enfant, une IDR ou une IGRA (quantiféron) sont proposé en 1er lieu chez les patients avec indication. En cas de positivité, une RXT est indiquée pour déterminer s'il faut hospitaliser (RXT positive) ou faire un traitement prophylactique (IDR/IGRA positive avec RXT négative). Concernant la vaccination par BCG, il est recommandé de vacciner les enfants nés en Guyane ou Mayotte, ou avant 5 ans si facteur de risque dans les autres département (incluant Ile de France).

 

4/ Néphrologie

Le JAMA aborde la polykystose rénale autosomique dominante (PKAD) . Elle se caractérise par des kyste rénaux (>10) et des reins de plus de 13cm (alors que les polykystoses acquises montrent des reins atrophiés <10cm). Des kystes hépatiques sont également présents chez  90% des patients et 10% ont des anévrismes cérébraux. Pour le diagnostic, l'échographie (notamment chez l'enfant) ou l'IRM sont proposés (sachant que l'IRM détecte mieux les petits kystes). En cas de forme typique, il n'est pas nécessaire de  faire le test génétique. Le principal risque est néphrologique avec  50% de dialyse à  60 ans et le risque est évaluer par le PROPKD Score. Le traitement repose essentiellement sur des RHD (hyperhydratation avec 2,5L/j , objectif IMC < 25, pas d'alcool ni tabac, activité physique, pas d'AINS...) , un contrôle tensionnel parfait ( <110/75 avant 50 ans et  < 120/80 après  50 ans) notamment avec IEC/ARAII. Le tolvaptan est un traitement spécifique réduisant la dégradation néphrologique. Concernant les anévrismes cérébraux, un dépistage est recommandé, mais une IRM normale ne prédit pas de la survenue ultérieure d'anévrismes (le rythme d'un éventuel dépistage n'est pas détaillé). Enfin, le dépistage chez les membres familiaux est recommandé à l'âge adulte (donc à 18 ans), plutôt par IRM qu'échographie selon les auteurs. Cependant, un suivi tensionnel est nécessaire chez les enfants et adolescents car 30% ont de l'HTA juvénile.

 


5/ Pédiatrie

Cet article revient sur le Kawasaki en s'appuyant notamment sur les recommandations de 2020. Ainsi, il est nécessaire 3 ou 4 autres critères minimum (avec généralement la fièvre) pour qu'il y ait un diagnostic de Kawasaki.

- Concernant la fièvre, il n'y a pas de durée dans les critères, car 30% surviennent à moins de 5 jours de fièvre. 

- L'exanthème polymorphe est remplacé par "rash cutané", l'éruption n'étant pas forcément polymorphe, et pouvant être scarlatiniforme, morbiliforme, urticarienne ou être une rougeur au site d'inoculation du BCG (signe présent chez 70% des moins de 20 mois avec Kawasaki)

- L'enanthème buccal se manifeste par une chéilite, une langue framboisée, une rougeur diffuse de la cavité oro-pharyngée.

- L'hyperhémie conjonctivale bulbaire bilatérale non purulente 

- L'atteinte des extrémités:  érythème et oedème palmo-plantaire au stade initial puis desquamation péri-unguéale au stade tardif.

- Une adénopathie cervicale non suppurative qui est plus rare que les autres signes.

La présence de 2 critères peut parfois suffire si le diagnostic est suspecté après avoir écarté les autres diagnostics, ou en présence d'anomalie biologiques (syndrome inflammatoire biologique, présences de lymphocytes immatures, hyponatrémie, anomalie du bilan hépatique, nt-proBNP anormal...) ou coronariennes évocatrices. La prise en charge est poursuivie aux urgences pour un traitement par immunoglobulines.


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A la semaine prochaine et bon 1er avril !

 

@Dr_Agibus et @DrePétronille


mercredi 26 mars 2025

Dragi Webdo n°477 : vaccin méningite (HAS), désogestrel/méningiomes (ANSM), migraines (recos US), dépistage rétinopathie diabétique, Ramadan/pneumologie, nirsevimab, LMC, négociations médecin/patient

Bonjour ! Commençons ce billet avec un article parlant de "négociation avec les patients à propos de tests, médicaments et adressages", correspondant à environ 15% des consultations. Les réponses "éducatives" sont moins efficaces que des réponses "d’exploration" (on va donc détailler des éléments d'entretien motivationnel) . Ainsi, les auteurs recommandent de questionner pour permettre au patient d'exprimer totalement ses préoccupations, de répondre au patient en nommant/validant ses sentiments et d'éviter les déclarations avant d'avoir entièrement compris la demande du patient.

 

1/ Pharmacovigilance

L'ANSM s'appuie sur les données d'Epiphare pour publier des recommandations concernant le risque de méningiome sous désogestrel (risque estimé à 1 méningiome opéré pour 67 000 utilisatrices). Ainsi, l'agence recommande de réaliser une IRM cérébrale aux patientes sous désogestrel en pilule (cerazette, optimizette ...) ou en implant (nextplanon) et sous désogestrel 150 associé à l'éthinylestradiol (varnoline, mercilon...) si : 1/ antécédent de prise d'un progestatif à haut risque (chlormadinone, cyprotérone, nomégestrol, médrogestone et médroxyprogestérone ) pendant plus d'un an ou si 2/apparition de symptômes de méningiome sous traitement (maux de tête persistants, troubles visuels, faiblesse musculaire, troubles de l’équilibre, troubles du langage, perte de mémoire, épilepsie nouvelle ou aggravée). Il n'y a pas d'IRM recommandée systématiquement. En cas de méningiome, le traitement doit être interrompu et sera contre-indiqué.

 

2/ Infectiologie

La HAS a publié des recommandations rattrapage vaccinal élargies dans le contexte d’augmentation du nombre de méningites (cf ci-dessous, mais c'est pas flagrant sur les données exposées dans l'argumentaire, mais on voit mieux sur le graphique cumulé du Pr Taha au CMGF [ajout 27/03/25]) . Concernant les méningocoques ACWY, un rattrapage vaccinal entre 1 et 3 ans en 1 dose est recommandé et le rattrapage des jeunes adultes jusqu'à 25 ans devrait être recommandé pendant 2 ans. Concernant le méningocoque B, un rattrapage en 2 doses jusqu'à 5 ans est recommandé mais il n'est pas recommandé de le faire systématiquement chez l'adolescent. Les auteurs demandent un remboursement possible à cet âge entre 15 et 24 ans (ce qui n'est pas le cas actuellement) pour permettre une vaccination eux adolescents le souhaitant (ce qui serait similaire aux recommandations américaines).

 

 

Un article français a été publié concernant l'efficacité du Nirsevimab en se basant sur les données du SNDS. Les auteurs ont appariés 40 000 nourrissons ayant reçu du Nirsevimab avec 40 000 nourrissons n'en ayant pas reçu entre septembre  2023 et janvier 2024. Les nourrissons non traités avaient plus souvent la CSS (23% vs 11%), consultaient plus en PMI et étaient davantage nés en hôpital public. Concernant le critère de jugement principal après ajustements, 0.8% des enfants traités ont été hospitalisés pour une infection respiratoire basse à VRS versus  2.4% chez les non traités (NNT=63), soit une efficacité de  65% sur ce critère. Enfin, notons que sur ces 80 000 enfants, incluant  379 traités hospitalisés dans le groupe traité et 1102 non traités, il n'y a eu aucun décès dans aucun groupe. Le nirsevimab semble donc efficace à 65% sur les bronchiolites à VRS sans efficacité sur la mortalité des nourrissons d'après ces données en vie réelle.

 

3/ Pneumologie

Une revue systématique s'est intéressé à l'impact du Ramadan chez les patients avec une maladie respiratoire chronique. Bien qu'il y ait peu d'études, il semble que le Ramadan n'influe pas sur le risque d'hospitalisation ou autre critère de jugement clinique. Les auteurs recommandent un bon contrôle des maladies avec une optimisation du traitement de fond avec des prises aux horaires permises. Ils recommandent aux patients ayant besoin de traitements de courte durée d'action en journée de suspendre le jeûne. Ils rappellent que la CPAP, la VNI et l'oxygénothérapie sont compatibles et ne doivent pas être arrêtés. Les vaccins sont également possibles et doivent être réalisés pour éviter une décompensation. Enfin, le tabagisme étant interdit, cela peut être un moment adapté pour essayer un sevrage, les substituts en patch étant autorisés.

 

4/ Neurologie

Peu de temps après leurs recos sur le traitement chronique de la migraine, le collège américain de médecine propose des recommandations pour le traitement de crise. Les auteurs recommandent d'utiliser un triptan en plus d'un AINS en cas de migraine non soulagée par les AINS (ou triptan + paracetamol si non soulagé par paracetamol). L'argumentaire rentre un peu plus dans les détails, celles qu'on avait vues ici sont plus précises et la comparaison entre triptans a été vue ici.

 

5/ Hématologie

Le JAMA publie une revue sur la leucémie myéloïde chronique (LMC) définie par la présence d'un chromosome Philadelphie (= mutation BCR: ABL1). Les patients sont pour 50% à 60% asymptomatiques au moment du diagnostic, suspecté devant une splénomégalie ou une anomalie de la NFS avec souvent plus de 15 000 leucocytes, des myélocytes, métamyélocytes, PN Basophiles et une thrombocytose. Les symptômes peuvent être asthénie, anorexie, amaigrissement ou une dyspnée. Le diagnostic peut être géré en ville en dehors des signes de sévérité : leucocytes > 50 000, asthénie, fièvre, douleurs abdominales, priapisme. Le diagnostic reposera sur la biopsie ostéo-médullaire. Le traitement nécessitera ensuite des inhibiteurs de tyrosine kinase.

 

6/ Endocrinologie

Un article de Diabetologia propose une méthode pour évaluer la fréquence souhaitable du suivi ophtalmologique chez les patients diabétiques. L'objectif étant à la fois de réduire le fardeau lié à la prise en charge de la maladie et de ne pas trop espacer pour éviter un retard diagnostic. Les recommandations britanniques proposent un fond d'oeil tous les 2 ans en cas de faible risque de rétinopathie et annuel sinon. Cette étude propose un score simple pour aider à décider chez des patients avec un FO normal : s'il y a 0 à 3 points, le FO est tous les 2 ans, et s'il y a 4 points ou plus, il est recommandé annuellement :


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A la semaine prochaine ! (ou à demain au congrès!)

@Dr_Agibus et @DrePétronille




jeudi 20 mars 2025

Dragi Webdo n°476 : insuffisance rénale (reco), alimentation végétarienne, troubles du comportement alimentaire, jeux d'argent, anxiété généralisée, seuils HTA, CBD, lombalgie

Bonjour, voici les actualités de la semaine, bonne lecture !

1/ Pharmacovigilance

L'ANSM aborde le risque d’interactions entre médicaments et produits contenant du CBD. En effet, les interactions peuvent conduire à une augmentation des effets indésirables du CBD ou modifier l'efficacité et la tolérance d'un autre traitement. Il y a des interactions décrites avec les morphiniques, les anticoagulants, les hypolipémiants, la levothyroxine, le repaglinide, les IPP, la rifampicine, les IRS et les tricycliques, les anti-épileptiques et les benzodiazépines.

 

2/ Cardiovasculaire

Un article de Circulation revient sur l'impact des définitions de l'HTA, dont les seuils ont été régulièrement abaissés ces dernières années, et le bénéfice des traitements. Si la proportion de patients hypertendus ne bouge pas (30% dans la cohorte Constances), les patients avec "PA élevée" passe de  18% avec les seuils de  2018 à  53% avec les seuils  2024! On voit effectivement que, par rapport aux patients avec une PA <  120/70mmHg, ceux ayant une PA > 120/80mmHg ont un sur-risque d'IDM et ceux avec une PA >  130/85mmHg ont un sur-risque d'AVC. Cependant la prévalence d'IDM et d'AVC dans ces catégories limites  est respectivement de 0,4% par an  et  0,5% par an, contre  1% par an et 1% par an dans les catégories "réelles d'HTA".


 3/ Psychiatrie

Le JAMA aborde les troubles du comportement alimentaire. Ils atteignent 2-5% des personnes au cours de leur vie et majoritairement des femmes. L'important est essentiellement d'évaluer la sévérité du trouble pour discuter de la prise en charge ambulatoire ou hospitalière.

  • L'anorexie correspond à une restriction sévère des apports alimentaires, un très faible poids, et un peur intense de prendre du poids. Il y a plusieurs formes (restrictive pure, anorexie-boulimie avec conduire de purges...). Parmi les conséquences, il y a des troubles hydro-électrolytiques, des hypotensions, des bradycardies, de l’ostéoporose et des fractures. La prise en charge repose sur la restauration du poids avec des thérapies comportementales, et éventuellement une thérapie familiale chez les adolescents. Les médicaments sont peu efficaces.
  • La boulimie correspond à une prise massive d'aliments avec perte de contrôle suivie de conduites de purge (diurétiques, laxatifs, sport excessif...) survenant au moins 1 fois par semaine pendant 3 mois chez des patients avec préoccupations sur les poids ou l'apparence corporelle. L'IMC est généralement normal. Les complications sont essentiellement liées aux conduites de purge: érosion dentaires hypertrophie parotidiennes. Les TCC et les IRS, notamment la fluoxétine 60mg/j, sont efficaces.
  • L'hyperphagie-boulimie comporte  des prises massives d'aliments avec perte de contrôle (prises très rapides, sensation pénible de distension abdominale, manger seul car gêne liée aux quantités prises, dégoût de soi après les prises). Il y a une détresse liée à ces prises alimentaire qui surviennent au moins 1 fois par semaine pendant 3 mois et il n'y a pas de conduites de purges. Les patients sont majoritairement en obésité. Les TCC et les antidépresseurs sont efficaces. La lisdexamphétamine est également proposée.
  • L'ARFID (avoidant/restrictive food intake disorder ou trouble de restriction ou évitement de l’ingestion d’aliments) correspond à des évictions alimentaires non liées à un trouble de l'image corporelle, mais plutôt à la texture, la couleur ou à  un évènement tel que des vomissements après une prise. L'ARFID touche majoritairement des enfants. Il peut y avoir de carences, des troubles de la croissance, des troubles de la puberté et des troubles psychologiques. Le traitement n'est pas bien étudié mais repose à ce jour sur des TCC.

Le NICE a publié des recommandations concernant l'addiction aux jeux d'argent. Les auteurs proposent un dépistage en même temps que les autres addictions (tabac, alcool, drogues) du type "est ce que vous jouez aux jeux d'argent?" ou "Êtes-vous inquiet de votre propre comportement aux jeux ou de celui d'une autre personne ?". Les populations à risques, et donc particulièrement importantes à dépister sont les patients avec comorbidité psychiatriques (dépression, anxiété, stress post traumatique, TDAH, addiction autres...), ceux sous agonistes dopaminergiques ou aripiprazole, ceux avec problème d'argent ou SDF, ceux en contact avec le milieu carcéral (police, travailleurs pénitenciers), les anciens militaires ou sportifs. Après évaluation des risques, la prise en charge repose sur les TCC, la mise en place de mesures (exclusion des salles, blocages de sites en ligne, sauvegarde de justice, aide a la prise en charge des dettes, retrouver un emploi...). Sur le plan médicamenteux, la naltrexone est le seul traitement semblant efficace.

On avait déjà vu les meilleurs traitements dans l'anxiété généralisée ici. Pour avoir une idée de la taille d'effet, cette revue Cochrane trouve le NNT des IRS pour réduire de 50% le score d'anxiété de Hamilton était de 5 patients à 3 mois et de 7 patients à 6 mois avec les IRSNa.

 

4/ Néphrologie

Les recommandations du KDIGO sur la maladie rénale chronique 2024 ont été publiées. Les auteurs recommande d'utiliser la créatininémie et le rapport albuminurie/créat pour dépister les patients à risque de MRC, mais si la cystatine-C est disponible, il faut mieux évaluer le DFG avec, en plus du DFG estimé par créatininémie. Un point intéressant est qu'ils recommandent d'éviter l'utilisation de la race dans les équations. Chez les patients avec un DFG <60ml/min, l'utilisation d'un score d'évaluation du risque absolu d'insuffisance rénale est recommandé (type KFRE). Un score entre 3% et 5% à 5 ans peut indiquer un avis néphrologique. Un score > 10% nécessite une prise en charge en équipe pluridisciplinaire et > 40% préparer la dialyse ou la transplantation. Les auteurs recommandent un iSGLT2 en cas de diabète et à poursuivre même si DFG < 20ml/min, mais interrompre en cas de situations aiguës à risque d'acédocétose. Les iSGLT2 sont également recommandé en l'absence de diabète si insuffisance cardiaque ou RAC ≥200 mg/g (≥20 mg/mmol) (1A) ou si DFG < 45ml/min avec RAC normal (2B). Les hypo-uricémiants ne sont pas indiqués en l'absence de symptômes. Enfin, une statine est recommandée après 50 ans si MRC notamment si DFG < 60ml/min.

 

5 / Infectiologie

Très rapidement, voici un traitement de PrEP injectable, le lenacapavir, qui serait efficace avec une seule injection annuelle basée sur la concentration plasmatique dans une étude de phase 1. Affaire à suivre !


6/ Rhumatologie

Cette revue Cochrane a étudié les antidépresseurs dans les lombalgies aiguës et chroniques. Une efficacité est trouvée  uniquement dans les lombalgies chroniques (> 3 mois), avec les IRSNa (notamment duloxétine) réduisant la douleur lombaire ou la radiculalgie d'environ 10 points sur 100 sur l'EVA par rapport au placebo , et améliorant légèrement le score fonctionnel. Les tricycliques avaient un effet similaire, mais seulement sur la radiculalgie et le score fonctionnel.

 

7/ Métabolique

Cette étude française a randomisé des patients avec sclérose en plaque en placebo versus vitamine D 100 000 UI tous les 15 jours. L'activité de la maladie était présente chez 60% des patients traités contre 74% sous placebo (NNT= 7 !). Compte tenu du nombre d'études sur la vitamine D, le principe statistique de la multiplication des études sur un sujet, c'est que parfois, ça marche par hasard. Donc à confirmer par d'autres études.

L'ANSES a publié un rapport sur les régimes végétariens. Les auteurs trouvent qu'un régime végétarien est légèrement associé à un plus faible risque de diabète qu'un régime avec de la viande avec un niveau de preuve modéré. Les autres associations sont d'un niveau de preuve faible. Les végétariens ont du mal couvrir leurs besoins nutritionnels en omega 3 et en vitamine D, et les végétaliens en B12 et Zinc. Pour reprendre les définitions : 

  • lacto-ovovégétarien : se dit d’un régime excluant les produits animaux à l’exception des œufs et dérivés, du lait et des produits laitiers et du miel. 
  • ovovégétarien : se dit d’un régime excluant les produits animaux à l’exception des œufs et dérivés et du miel 
  • lactovégétarien : se dit d’un régime excluant les produits animaux à l’exception du lait et des produits laitiers et du miel ;
  • végétalien : se dit d’un régime excluant tous les aliments d’origine animale.

C'est concordant avec la revue de Nature sur le sujet concernant le risque de diabète, mais le régime méditerranéen reste celui réduisant le plus la mortalité, ce que ne fait pas le régime végétarien.

 


Voilà, c'est terminé ! Vous pouvez toujours vous abonner sur FacebookTwitter, Bluesky et à la newsletter (mail) pour ne rater aucun billet. Pour cela, inscrivez votre adresse mail tout en haut à droite sur la page (sans oublier de confirmer l'inscription dans le mail provenant de "hi@follow.it" et intitulé "Veuillez confirmer votre abonnement à Médicalement Geek", qui vous sera envoyé et qui peut arriver dans vos spams)

 A la semaine prochaine !

@Dr_Agibus et @DrePétronille

 

mardi 11 mars 2025

Dragi Webdo n°475 : Pneumopathies communautaires (recos SPILF), frottis cervico-utérin (recos gynéco), BPCO (reco GOLD), obésité de la femme (HAS), vaccins méningites (CMG), incontinence fécale, aGLP1/dépression, score calcique, vaginoses, micro-nutriments, finérenone/diabète

 Bonjour ! Voici un gros Dragi Webdo, l'actualité ayant été très riche cette semaine-ci, bonne lecture !

 

1/ Pharmacovigilance

Le risque de dépression et de suicide sous analogue du GLP1 est étroitement surveillé. Cette étude ne retrouve pas de différence de risques entre aGLP1 et iSGLT2 et montre même une réduction du risque de dépression sous aGLP1 par rapport aux iDPP4 (-6 personnes pour 1000/an). Voilà qui est rassurant et concordant avec les autres études.

Dans la continuité, une nouvelle étude de cohorte montre en analyses brutes un sur-risque suspecté de suicide sous analogues du GLP-1 par rapport aux autres antidiabétiques oraux. Mais après ajustement sur les facteurs de confusion, ce sur-risque disparaît. Nous voilà également rassurés.


2/ Cardiologie

Des algorithmes produits par certaines sociétés savantes se basent sur des études observationnelles pour trouver une place au score calcique en l'absence de données probantes. Certains essais randomisés commencent à voir le jour. Cette étude a inclus des patients à risque intermédiaire selon le score clinico-biologique américain et ayant un antécédent familial cardiovasculaire (<60 ans au 1er degré ou < 50 ans au 2ème degré), paramètre non pris en compte dans les scores. Les patients ont passé un score calcique et ceux entre  0 et 400 ont été inclus (seul 25% des patients avaient un score >100) . Ensuite ils ont été randomisés en "soins courants" (pas d'info sur le score calcique et pas de statine systématique) ou "renseignement du score calcique" (info par une IDE et statine systématique). Au final, après 3 ans, les patients du groupe "score calcique" avaient une moindre progression des plaques et les auteurs concluent que le score calcique est utile pour orienter le traitement des patients à risque intermédiaire avec antécédent familial. Cependant... cette étude n'étudie pas le score calcique, les auteurs ont simplement traité systématiquement un groupe (indépendamment du score calcique).... La pertinence clinique sur la survenue d'évènements cardiovasculaires chez des patients à risque intermédiaires est donc a étudier sur des critères clinique et non radiologiques.


3/ Infectiologie

Voici enfin les recommandations de la SPILF sur la prise en charge des pneumopathies infectieuses! Dans les éléments importants à prendre en compte devant une pneumopathie, 

  • il y a les arguments pour une pneumopathie atypique notamment à mycoplasme : sujet jeune, tableau progressif avec signes extra-respiratoires et à la RX un infiltrat non systématisé des 2 bases, syndrome interstitiel micro-nodulaire centrolobulaire - bronchiolite.
  • les comorbidités faisant modifier la prise en charge : insuffisances cardiaque, rénale sévère (DFG < 30) ou hépatique, immunodépression, cancer actif, BPCO avec VEMS <50%, dépendance alcoolique, trouble neurologique ou trouble de déglutition, hospitalisation < 3 mois, antibiothérapie < 1 mois (sauf antibiotiques des cystites)
  •  La radio thoracique est recommandée pour poser le diagnostic et sa normalité doit fait reconsidérer le diagnostic et le traitement. Mais les auteurs conçoivent qu'on ne la réalise pas initialement mais seulement à 72h en cas d'évolution défavorable. L'échographie est une alternative possible. La CRP, la PCT, les ECBC, antigénuries et les recherches virales ne sont pas recommandées en ambulatoire. Aucun TDM de contrôle n'est spécifiquement recommandé après une PAC évoluant favorablement mais il est suggéré si évolution défavorable à 72h. Il est également proposé à au moins 2 mois de la fin du traitement dans le cadre du dépistage du cancer du poumon chez les patients de plus de 50 ans à  plus de 20PA après information éclairée.
  • L'antibiothérapie est recommandée pour 3 jours si les tous critères de stabilité sont obtenus : T< 37,8°C, FR < 24, SpO2 > 90%, FC < 100 et PAS > 90mmHg (oui, certains patient ont tous les critères au moment du diagnostic déjà ...) . Mais pour pouvoir stopper le traitement à 72h, il faut être en mesure de réévaluer le patient à 72h, ce qui n'est pas toujours possible. Dans ce cas, un traitement de 5 jours recommandé le temps d'évaluer l'évolution favorable. Sinon, 7 jours maximum sont recommandés.
  • L'antibiothérapie est décrite dans le tableau ci dessous. Les bi-thérapies initiales ne sont justifiées qu'en cas de pneumopathies sévères (en dehors des critères de choc, il faut 3 critères parmi : FR > 30 , leuco < 4000, plaquettes <  100000/mm3, T < 36°C, urée > 3,3 et PaO2/FiO2 > 250 mais pas de critère de SpO2.....)


 

Cet essai randomisé du NEJM a proposé un traitement des partenaires masculins de patientes ayant une vaginose bactérienne (traitée majoritairement par metronidazole 400mgx2, 7 jours). Les partenaires étaient randomisés pour recevoir un placebo ou metronidazole 400mgx2/jour pendant 7 jours et de la clindamycine  2% crème x2/jour pendant 7 jours sur le gland. Les rapports étaient "interdits" pendant les 7 jours. Après 3 mois de suivi, 35% des patientes du groupe "partenaire traité" ont eu une récidive, versus  63% du groupe contrôle (NNT= 4 à 3 mois, soit une réduction absolue de 2,6 récurrence par patiente par an). Bref, il faudra probablement traiter les partenaires, notamment en cas de vaginoses récidivantes.

Pour aborder les nouveaux vaccins anti-méningite de l'enfant et de l'adolescent, le CMG a publié une fiche de synthèse. Le CMG approuve l’utilisation du vaccin ACWY à 12 mois et entre 11 et 14 ans (avec rattrapage jusqu'à 25 ans), mais se questionne sur l'utilité du maintien d'une dose à 6 mois et sur l'absence d'études médico-économiques françaises pour appuyer ces décisions.


4/ Oncologie

Des recommandations sur les conduites à tenir en cas de frottis HPV+ ont été mises à jour lors du congrès de la société de colposcopie et pathologie cervicale, notamment pour les patientes de plus de 30 ans :

  • Si ASCUS ou LSIL avec HPV + : colposcopie avec biopsie. Si anormale, le gynécologue gère la suite. Si normale avec jonction vue : test HPV à 1 an, puis à 5 ans si normal (sinon re-colposcopie). En cas de lésion intra-épithéliale de bas grade, un traitement ne sera indiqué que si persistance > 24 mois.
  • Si ASC-H, HSIL ou AGC (atypie de cellules glandulaires) avec HPV+ : colposcopie avec biopsie. Si lésion de bras grade avec jonction vue (refaire colposcopie +/- curetage si jonction non vue): cytologie et colposcopie à 6 mois, puis 1 an après si normal, sinon le gynéco gère pour traitement de lésion/exérèse.

 

5/ Pneumologie

Voici les recommandations GOLD pour 2025 concernant la prise en charge de la BPCO. Il n'y a pas de grand changement depuis le GOLD 2022 décrit ici. Le diagnostic peut être suspecté devant une dyspnée, une toux chronique, un wheezing, des infections respiratoires récurrentes ou des expositions (tabac, fumées, poussières, produits chimiques...). Il repose sur une spirométrie avec un VEMS/CV < 0.7 non totalement réversible. La sévérité est évaluée par le grade A-B-E selon le CAT, le MMRC et le nombre d'exacerbations annuelles. Le bilan initial évalue les comorbidités, l'alpha1-antitrypsine et le nombre d'éosinophiles. Les bases du traitement sont le sevrage tabagique, les vaccinations (pneumocoque, VRS, covid, grippe, coqueluche et zona). Le traitement bronchodilatateur est recommandé de façon similaire avec un LABA ou LAMA au grade A (les LAMA étant supérieurs pour réduire les exacerbations et hospitalisation), une bithérapie des 2 si grade B et toujours bithérapie si grade E avec possibilité d'ajouter un corticoïde inhalé si toujours symptomatique et éosinophiles > 300 (mais envisageable si > 100). Les antibiotiques au long cours réduisent les exacerbations chez les exacerbateurs notamment avec tabagisme sevré au prix d'une augmentation des résistances bactériennes. Le Roflumilast et les mucolytiques peuvent être indiqués chez certains patients pour réduire les exacerbations. En cas d'exacerbations, des bronchodilatateurs de courte durée d'action sont recommandés, ainsi que des corticoïdes oraux < 5jours et antibiotiques < 5 jours peuvent réduire la durée des symptômes.

 

 


 

6/ Gastro-entérologie

Le BMJ aborde l'incontinence fécale, définie par une émission involontaire de selles quelle que soit l'ancienneté des symptômes et sa prévalence serait de 8%. Les drapeaux rouges nécessitant un avis gastroentérologique rapide sont des rectorragies (non expliquées par des hémorroïdes), une perte de poids de 10% en 3 mois, des troubles du transit récents, une incontinence nocturne, une anémie ou carence martiale. L'incontinence peut être de 2 types : d'urgence (le patient ressent le besoin urgent mais incontrôlable) ou passive (le patient ne sent rien venir). L'examen comprend un examen périnéal, la recherche de prolapsus pelvien et un tonus du sphincter anal. La prise en charge repose un agenda alimentaire (pour trouver les facteurs déclencheurs éventuels), des règles hygiéno-diététiques (repas à heure fixe, toilettes à heures fixes etc..., régime faible en FODMAP), la rééducation périnéale, et éventuellement des médicaments (lopéramide par exemple). En cas d'échec malgré ces mesures, un avis spécialisé est recommandé. Les scores de Wexner ou Vaizey peuvent être utilisés pour évaluer la sévérité mais sont surtout utiles pour évaluer l'efficacité des traitements (amélioration des scores).


7/ Endocrinologie

Le NEJM parle des micronutriments. On retiendra tout d'abord, que d'après des essais randomisés, la vitamine C et E ne réduisent pas les risques de cancer, d'insuffisance cardiaque, ni d'autres maladies chroniques. La vitamine A augmente le risque de fracture de hanche et de cancer de prostate, et la vitamine E augmente le risque d'infections respiratoires, de cancer de prostate et de mortalité. Cependant la supplémentation AREDS (vitamines E et C, du bêta‐carotène et du zinc) réduit le risque de progression de DMLA. Ainsi, pour avoir des bons apports en micronutriments qui sont quand même utiles à l'organisme, les apports alimentaires sont les éléments importants à considérer:


La HAS a publié une recommandation sur le surpoids et l'obésité de la femme. Il y a peu d'éléments nouveaux. Les auteurs insistent sur un dépistage en consultation, le fait de demander l'autorisation de la patiente pour aborder le poids, valoriser les modifications de comportement favorables, ne pas stigmatiser en ayant notamment du matériel médical adapté, repérer et prendre en charge les vulnérabilités sociales. Enfin, il est nécessaire d'identifier les ruptures de suivi médicaux, notamment assurant la prévention des cancers, accompagnant pour les grossesses et le post partum, ainsi qu'en péri-ménopause.

Nous avions déjà parlé de la Finerenone chez les patients avec néphropathie. Cet article a poolé les essais randomisés incluant des patients diabétiques ayant soit une néphropathie soit une insuffisance cardiaque à FE non altérée (> 40%). Les patients avaient une HbA1c d'environ 7.6%, un DFG de 57ml/min en moyenne, un RAC moyen à 400mg/g et  22% avaient un antécédent d’insuffisance cardiaque. Les auteurs trouvent que la finerenone réduit les évènements cardiovasculaires, les poussées d'insuffisance cardiaque, l'aggravation de la néphropathie et la mortalité globale, indépendamment de l'HbA1c. Méthodologiquement, il est dommage que le critère principal soit la mortalité cardiovasculaire, qui est le seul critère non significatif, rendant donc tous les résultats ci dessus purement exploratoires. De plus, l'efficacité semble réduire par les co-prescriptions d'inhibiteur de SGLT2 et d'aGLP1 dont le bénéfice cardiovasculaire en cas d'insuffisance cardiaque ou de néphropathie est clairement démontré.


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A la semaine prochaine !

@Dr_Agibus et @DrePétronille



dimanche 2 mars 2025

Dragi Webdo n°474 : Alcool (HAS), syndromes coronaires aigus (reco us), aGLP1 versus sGLT2, FA et AVC hémorragique, dépistage des cancers, téléconsultations, Donjons & Dragons

Bonjour ! Pour commencer ce billet abordons la télémédecine avec une étude qui a comparé les soins reçus par des patients consommateurs "importants" de télémédecine versus les consommateurs "rares" de télémédecine. Les utilisateurs de télémédecine faisaient plus de consultations, et avaient moins d'examens "peu utiles" (bilans métaboliques, ECG de dépistage, imagerie pour lombalgie aiguë, PSA) mais on voit qu'ils avaient aussi moins de dépistage du CCR et moins de frottis, considérés comme de faible valeur par les auteurs... mais l'absence de prise en charge globale et de prévention semble donc encore mise en évidence dans cette étude qui n'étudie pas les soins utiles qui ne seraient pas réalisés en télémédecine par rapport à des consultations présentielles. Bonne lecture !

 

1/ Pharmacovigilance

Revenons encore une fois sur les analogues de GLP-1 et aGLP-1/GIP via un article du BMJ qui aborde les 22 décès dans les indications perte de poids et 60 décès dans l'indication diabète de type 2. Cela rappelle une fois encore qu'il faut évaluer la balance bénéfice-risque de ces traitements. Dans l'indication diabète de type 2, les bénéfices sur les évènements cardiovasculaires sont prouvés et ceux sur la mortalité probables, mais il est indispensable d'informer des risques d'acidocétose notamment en cas de jeûne.

 

2/ Cardiovasculaire

L'AHA/ACC, collège de cardiologie américain a publié des recommandations de prise en charge de syndromes coronaires aigus (SCA). Quand un SCA est suspecté, un ECG dans les 10min est recommandé, puis répété régulièrement avec un dosage de troponine (1 et 2h si Tropo HS ou 3 et 6h si troponine conventionnelle). 

  • Une dose de charge d'aspirine 162 à 325mg est recommandée dès le diagnostic posé (et d'autres inhibiteurs de P2Y12 aussi mais c'est dépendant de plusieurs facteurs que l'urgentiste gérera). 
  • L'antiagrégation est indiquée 12 mois après un SCA (aspirine + inhibiteur P2Y12) avec IPP si risque de saignement élevé. Si c'est du ticagrelor qui avait été introduit en inhibiteur de P2Y12, on peut poursuivre par une monothérapie par ticagrelor après 1-3 mois pour réduire le risque hémorragique. Si AOD pour FA, la double antiagrégation + AOD est à poursuivre pendant 1 mois, puis monothérapie par clopidogrel + AOD jusqu’à 1 an.
  • Les auteurs recommandent une statine forte dose (plutôt atorvastatine 40-80 cf ici) et si le LDL est toujours > 0,7gL, un autre agent (ezetimibe en 1er lieu) est à ajouter (grade 1), mais on peut l'ajouter aussi si > 0,55 (grade 2b). 
  • Contrairement aux recos européennes(ESC), les bêta-bloquants sont recommandés après un SCA. Un IEC/ARAII est recommandé en grade 1 si FEVG < 40%, diabète, HTA ou STEMI antérieur (ces 2 dernières critères ne sont pas dans les recos ESC) et, en grade 2a en l'absence de ces facteurs. Un épargneur potassique (surtout l'éplérénone) est recommandé (grade 1a) en présence d'un des facteurs cités ci dessus.
  • La colchicine à faible dose est proposée avec un grade IIb. Enfin, on n'oublie pas le vaccin grippe qui réduit la mortalité et les évènements cardiovasculaire (grade 1)

 

Voici un essai randomisé très intéressant du Lancet: chez  les patients avec une fibrillation auriculaire et un antécédent d'AVC hémorragique, faut-il anticoaguler ? Après un suivi moyen de 1,7 ans, un AVC ischémique est survenu chez 0,83% des patients anticoagulés par an, versus 8,6% chez les non anticoagulés (NNT=13). Cependant, une récidive d'hémorragie cérébrale est survenue chez 5% des patients anticoagultés par an versus 0,82% des non anticoagulés (NNH=24). Il y avait également plus de saignements sévères chez les anticoagulés (NNH=15 patients par an). Ainsi, le bénéfice clinique net prenant en compte les évènements ischémiques et hémorragies sévères est nul, et ne permet pas de privilégier une des 2 stratégies. Mais le principe "primum non nocere" peut aider à choisir.


3/ Addictologie

La HAS a publié un guide d'accompagnement à la prise en soins de la consommation d'alcool chez les femmes. Les femmes ont des risques plus importants que les hommes et la consommation sous-dépistée. Pendant la grossesse, il est important de déculpabiliser, d'accompagner de manière non stigmatisante, de prioriser le dialogue, de mesure l'importance des changements liés à période péri-natale favorisant les changements et la consommation d'alcool, et d'agir sur l'environnement. De façon générale, il y a des actions de réduction des risques aussi à mener en dehors de la grossesse : déconstruire les représentations, soutenir pour alléger la charge mentale des femmes au quotidien, informer et reconnaitre les liens entre violences et consommation d'alcool, et prendre en charge les éventuels psychotraumatismes. Pour tout cela, on peut utiliser des psychothérapies, des approches motivationnelles, s'appuyer sur les CSAPA, centres d'addictologie ou autre structure, ainsi que par les associations de patientes permettant un accompagnement par les pairs. Sur le plan du secret médical, la consommation d'alcool même sévère ne justifie pas d'une déclaration à la CRIP ou d'une mesure de protection, et les éléments recueillis en consultations doivent donc toujours être utilisés dans le respect du secret professionnel.

 

 4/ Douleur

Une étude qualitative du BJGP Open s'est intéressée aux téléconsultations réalisées dans le cadre du suivi de patients atteints de fibromyalgie et de syndrome de fatigue chronique. Les patients ont manifesté un besoin de se sentir écouté bien que ce soit difficile en téléconsultation. Cependant, les patients ont également déclaré que la téléconsultation pouvait avoir des avantages, notamment lorsqu'ils étaient atteints de symptômes/douleurs invalidants . Enfin, il était également important d'avoir un suivi régulier et que la complexité de leur maladie soit reconnue.

 

5/ Oncologie

Le BEH a publié plusieurs études sur les dépistages organisés des cancers en France.

  • Concernant le cancer du col de l'utérus, 55% des femmes de 14 ans sont vaccinées avec au moins 1 dose et avec de grandes disparités régionales (pour mémoire la cible OMS est de 70% de couverture). La réalisation de FCU a augmenté, avec des couvertures entre 67% à 25-30 ans et 47% à 60-65 ans. 
  • Concernant le cancer du sein, la participation est de 50% environ au dépistage organisé et de 18% environ par des dépistages individuels, ce qui permet une couverture de 60% (il y a des femmes qui font DO+DI). Les auteurs rappellent en cas de DI sans DO, que le DO est plus performant grâce à la double lecture et d'une meilleure qualité des procédures.
  • Concernant le dépistage colo-rectal, le taux de dépistage est de 48% influant FIT et coloscopie. Parmi les dépistés, le taux de patients couvert par FIT était de 58% et celui par coloscopie de 42% (donc au total, seuls 1/4 des français réalisent leur FIT)

 

6/ Diabétologie

Cette revue systématique a comparé aGLP-1 et iSGLT-2 sur de nombreux critères de jugement selon le DFG des patients : (pour les catégories non présentées, iSGLT2 = aGLP1)

  • insuffisance cardiaque : iSGLT2 > aGLP1 si DFG < 90ml/min
  • néphropathie:  iSGLT2 > aGLP1 si DFG entre 60 et 90ml/min
  • évènements cardiovasculaires  : iSGLT2 = aGLP1, mais seuls aGLP1  > placebo si DFG > 90ml/min
  • mortalité cardiovasculaire: iSGLT2 = aGLP1 mais aGLP1> placebo si DFG >90ml/min et iSGLT2 > placebo si DFG < 60ml/min
  • mortalité toute cause:  aGLP1 > iSGLT2 si DFG > 90ml/min

 

7/ Le jeu du mois: Donjons & Dragons

Le manque de temps permet de moins en moins de jouer de nouveaux jeux à vous présenter, donc c'est peut être le dernier "jeu du mois". Donc abordons le jeu de rôle et notamment Donjons & Dragon (D&D). C'est donc un jeu dans lequel un "maitre du jeu" guide un groupe d'aventuriers dans des aventures médiévales fantastiques. Chacun interprète donc un personnage, plus ou moins héroïque, de la race de son choix (elfe, humain, nain...) avec des compétences de combat, de réflexion et éventuellement des sorts selon sa classe (paladin, magicien, barde, barbare...). Les actions sont réalisées selon des jets de D (souvent des dés à 20 faces, nommés D20), avec des scores de difficultés dépendant de la tâche à effectuer (convaincre, se battre, crocheter une porte etc...). Longtemps décrié, force est de constater que la littérature sur le "JDR" et donjon et dragons s'étoffe. Cet article trouve que D&D améliore les symptômes anxio-dépressifs et améliore l'estime de soi dans une étude avant-après mono-bras. Cette étude qualitative décrit comment D&D permet l'évasion, l'exploration de soi, l'expression créative, la création d'un soutien social et la mise en place de routines rassurantes. Même si ces articles publiés dans "Games for health journal" et "international journal of role playing" ont probablement un parti pris, par tous ces éléments, les JDR ont de nombreux points communs avec les TCC. Ils permettent de s’exposer de façon sécurisée à des niveaux de stress croissants, à la survenue d'évènements aléatoires, à la gestion des émotions, et après avoir surmonté les épreuves, d'améliorer l'estime de soi. Des études plus poussées sont en cours, notamment à l'université de Lausanne. Bref, jouez !

(Le maître du jeu se prépare...)

 

(Le groupe s'avance dans l'antre du roi des gobelins)

 

(Le druide se retrouve face à des rats-garous)

 

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