Bonjour à tous.
A circonstances exceptionnelles, titre exceptionnel.
L’actualité médicale n’a pas été amoindrie par les
évènements qui ont ému la France durant la semaine. Une semaine de reprise qui
a été particulièrement prolifique et donc les nombreux articles ont mis ma
réflexion à rude épreuve pour sélectionner les plus pertinents.
1/ Pharmacologie
Pour commencer, 57 lots de cefpodoxime comprimés ont été
retirés du marché pour cause de défaut d’étanchéité. Il n’y a pas de risque
avéré pour la santé. La liste des lots est disponible ici.
Après des années de disette en matière de découverte
d’antibiotiques, un espoir semble apparaitre ! La teixobacitne a été
présentée au public par Nature
comme ne présentant aucune résistance détéctable à ce jour. Comme quoi, la
culture des petites bêtes nous réserve encore bien des surprises…
2/ Cardio-vasculaire
Quand traiter l’HTA? La revue prescrire avait déjà à de
nombreuse reprise pris comme seul d’intervention médicamenteuse, une PAS
supérieure à 160mmHg ou une PAD supérieure à 90-100mmHg (Seuil d'intervention médicamenteuse dans l'hypertension artérielle, Rev
Prescrire 2014 ; 34 (366) : 278). Une méta
analyse Cochrane va dans ce sens, ne retrouvant pas de différence entre
traitement médicamenteux et pas de traitement pour ce qui est des infarctus,
des AVC et de la mortalité toute cause à 5 ans. Les règles hygiéno-diététiques
sont souvent un bon traitement initial.
Quand les anticoagulants oraux directs cherchent à avoir des
effets bénéfiques dans diverses indications, on se retrouve a tester l’Apixaban
en prévention secondaire de l’infarctus du myocarde chez les patients avec
insuffisance cardiaque. L’étude
retrouve une augmentation des hémorragies sans diminution des évènements
cardiovasculaires chez les patients sous Apixaban.
3/ Infectiologie
Le HCSP a émis deux avis concernant la vaccination anti
méningocoque C. D’une part, il prône une extension de la vaccination
après 24 ans chez les patients masculins ayant des rapports homosexuels,
notamment en cas de fréquentation de lieux de collectivité. D’autre part, suite
à l’arrêt d’approvisionnement en « MENINGITEC », des ruptures de
stocks sont à prévoir. Il
recommande alors de vacciner les moins de 4 ans avec les vaccins
monovalents (NEISVAC et MENJUGATEKIT), et d’utiliser les vaccins ACWY pour les
autres patients pour lesquels la vaccination est indiquée. Ces vaccins ne sont
actuellement pas remboursés dans cette indication, mais devraient l’être s’il
est précisé qu’ils sont utilisés en remplacement d’un vaccin monovalent.
Le Lancet a publié une méta-analyse
retrouvant une augmentation significative de 40% du risque d’infection par le
VIH chez les femmes utilisant une contraception par progestatif injectable. Les
autres moyens de contraceptions n’étaient pas associés à ce risque. On peut
aussi se demander si les femmes utilisant cette contraception longue durée, ne
sont pas des femmes ayant plus de rapport à risque, parfois en échec des moyens
de contraceptions comme la pilule nécessitant une implication plus importante
de la patiente. De plus, ce moyen de contraception n’est pas vraiment utilisé
en France.
4/ Oncologie
Le hasard est le principal responsable des cancers. Selon
l’article de Science
Magazine, le « pas de bol » lié aux multiples divisions
cellulaires avec l’âge qui entraineraient les mutations responsables de cancer
seraient responsables dans deux tiers des cas. Ainsi, l’environnement et
l’hérédité ne seraient responsables que dans la minorité des situations :
tabac et cancer du poumon, alcool et cancer hépatiques ? Le débat est
lancé.
L’autre titre « choc » dans le domaine, a été
publié par le BMJ :
40% des patients avec un test de dépistage du cancer du colon positif ne sont
pas suivis à 2 ans. Malheureusement, je n’ai pas pu tout lire. Mais le
dépistage par recherche de sang occulte dans les selles n’est pas non plus une
panacée. Alors, le chiffre ne me semble pas si important compte tenu du nombre
potentiels de faux négatif confirmés après une coloscopie. Ce qui n’empêche
normalement pas de se refaire dépisté « normalement » deux ans après.
Petite parenthèse sur le sujet, ce dépistage qui diminue la mortalité par
cancer du colon ne diminue pas la mortalité globale, malgré une balance
bénéfice risque restant favorable selon la revue Prescrire (Dépistage du cancer colorectal, Rev Prescrire 2007 ; 27 (290) : 923-926). On
attend pour le début de l’année 2015 la mise en circulation des nouveaux tests
immunologiques qui viendront remplacer l’Hemoccult.
Dans la prévention du cancer du col, une étude
américaine publiée il y a peu montrait l’absence de risque de sclérose en
plaque suite à la vaccination. Les données
danoises et suédoises n’ont pas non plus mis en évidence de lien entre
vaccination et SEP chez plus de 700 000 femmes vaccinées.
5/ Psychiatrie
La HAS a publié une fiche de repérage
des conduites addictives concernant
le tabac, l’alcool et le cannabis, pour favoriser un dépistage précoce en
quelques minutes. Cela permet éventuellement d’agir progressivement au cours
des futures consultations par des interventions brèves pouvant permettre au patient
de gagner en motivation pour arrêter une consommation à risque.
Un débat sur twitter à propos d’une prescription non
comprise d’acide folique avec un inhibiteur de recapture de la sérotonine, m’a
fait découvrir cet
article intéressant sur l’association de vitamines B aux IRS dans le
traitement de l’épisode dépressif majeur. Cette association n’améliore pas la
rémission des épisodes dépressifs à 12 semaines, mais permettait de diminuer
les rechutes à long terme. Comme quoi, avant de critiquer une prescription, on
fait bien de se renseigner… Une piste à suivre dans cette pathologie pour
laquelle on est parfois un peu démuni en ville.
6/ Diabétologie
Un autre
article du Lancet parle de la réduction de mortalité chez les patients
diabétiques de type 1 recevant un traitement intensif. La diminution de
mortalité était de 33% dans cette étude concernant uniquement des patients très
jeunes (entre 13 et 39 ans). Une augmentation de 0,1 point d’HbA1C était
associé à une augmentation de 56% du risque de mortalité toute cause. On
regrette de ne pas avoir l’HbA1C finale dans chaque groupe. On peut juste voir
que l’HbA1C moyenne des décédés était de 9,5% contre 9% pour les vivants (ce
qui est bien loin des recommandations américaines dont j’avais parlé ici…)
7/ Soins primaires
PlosOne a publié une
étude révélatrice du problème posé par les patients de médecine générale.
Ou plutôt, le problème des études industrielles : les patients BPCO des
grandes études sur le sujet ne correspondent pas aux patients suivis en ville,
qui sont pourtant la grande majorité des patients BPCO traités. Nos patients de
ville sont plus âgés, moins sévères. Seuls 17% des patients suivis en soins
primaires seraient éligibles pour les études industrielles ! La recherche
en médecine générale, sur des populations de patients qui ne soient pas
sur-sélectionnés est un élément incontournable dans l’évolution de notre
profession.
Je vous souhaite une agréable semaine,
A la semaine prochaine !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire