lundi 21 décembre 2015

Dragi Webdo n°76: réanimation cardio-pulmonaire, arrêt des statines et mortalité, grippe (HCSP/INPES), dépistage cancer de l'ovaire, prévention de la dépendance

Bonsoir à tous! Il me tarde de faire mon analyse du dernier Star Wars, vous vous en doutez, mais, comme certains profiterons des vacances pour le voir, je vais tenter de me retenir jusqu'en janvier pour ne pas vous révéler que... Bref, plein de choses intéressantes au niveau médical cette semaine!


1/ Pharmacovigilance

La grossesse et l'autisme sont au cœur de nombreuses études. Après avoir retrouvé une association entre autisme et diabète gestationnel, autisme et paracétamol durant la grossesse, c'est au tour des antidépresseurs utilisés pendant les 2eme et 3eme trimestres de grossesse d'être associés à un risque d'autisme en le multipliant par 1,87!


2/ Cardio-vasculaire

Une étude s'est intéressé à la réanimation cardio-pulmonaire (RCP) dans un essai contrôle randomisé étudiant des compressions continues versus des compression interrompues par des insufflations (contrôle). L'étude ne retrouve pas de différence significative en terme de mortalité entre les deux groupes, bien que le groupe contrôle obtienne une survie meilleure que le groupe avec compressions continue. Ceci laisserait penser que les insufflations ont peut être un rôle... Notons enfin le faible taux de réussite des RCP, entre 9 et 10% seulement... Pour les urgentistes, vous pouvez également aller consulter la mise à jour concomitante des recommandations américaines des soins de réanimation en cas d'arrêt cardiaque.

Des Danois ont étudié l'impact de la médiatisation "anti-statines" sur les patients. Il ont observé une impressionnante augmentation des arrêts de traitements passant de moins de 1% en  1995 à 11% en 2010. Les arrêts de statines étaient associés, entre autres, aux "histoires relatant des faits négatifs sur les statines". Enfin, l'arrêt prématuré des statines était associé à une augmentation de 26% du risque d'infarctus du myocarde et de 18% de la mortalité cardio-vasculaire!


3/ Infectiologie

Le HCSP a publié ses recommandations sur la prévention et le traitement de la grippe saisonnière. Il recommande l'utilisation curative d'anti-viraux chez les femmes enceintes, patients obèses, jeunes enfants et patients éligibles à la vaccination en cas de symptômes. Le traitement est aussi recommandé de façon préventive (demi-dose) chez ces patients, en cas de contact de moins de 48h avec une personne infectée, et de façon préemptive (pleine dose) en post exposition chez les patients à haut risque de décompensation de pathologie sous-jacente. Reste à savoir si le traitement est vraiment efficace dans ces indications, les décisions présentes dans l'avis étant peu documentées...

Dans ce contexte, l'INPES a publié sa fiche de conseil, rappelant l'imporance du lavage de main pendant au moins 30 secondes. Elle répond également à quelques questions que tout le monde se pose sur la durée de survie du virus dans différents milieux:

 
Puis qu'on est dans les traitements classiquement dit "inutiles" dans les infections virales, la Cochrane a étudié l'utilité des anti-histaminiques dans les infections respiratoires hautes à rhinovirus, c'est à dire, dans le rhume. Et bien, ils étaient efficaces, soulageant les symptômes à J1 et J2. Par contre, aucune différence n'était montrée après cette date. Ces traitement soulageaient "l'ensemble des symptomes" mais sans améliorer "l'obstruction nasale, la rhinorrhée et les éternuements". C'est à se demander sur quoi ils agissaient... Concernant les effets indésirables, la somnolence était plus élevée sous traitement mais de façon non significative.


4/ Dépistage et prévention

L'académie nationale de médecine (donc j'ai jamais trop compris le rôle...) a publié un rapport sur la "prévention de la dépendance liée au vieillissement". Il faut, pour cela, prévenir l'alcoolisme, le tabac, la malnutrition et la sédentarité. L'académie prône un dépistage vers  45-55 ans (et tous les 5 ans) des facteurs de risques cardiologiques, neurologiques (contrôle de vision, audition, olfactif et force musculaire) et néphrologiques, ainsi que du diabète par le périmètre abdominal, la glycémie à jeun et l'HbA1C. Une alimentation "méditerranéenne" et une activité physique régulière sont encouragées. Enfin, les AINS sont à éviter!

Le dépistage du cancer de l'ovaire a été étudié au Royaume Uni. L'étude randomisée comparait le dosage annuel du CA-125 d'une part et l'utilisation de l'échographie transvaginale d'autre part à l'absence de dépistage chez des femmes de 50 à 74 ans. Il n'y avait pas de différence à 11 ans entre les groupes. Cependant, et là ça se complique, (donc ça veut dire que les auteurs ont certainement tiré dans les coins pour trouver quelque chose...) en retirant les "cas prévalents" , c'est a dire les patients ayant un cancer diagnostiqué au moment du début du dépistage (les patients avec un cancer connu n'ayant pas été inclus dans l'étude), l'utilisation du CA-125 diminuait la mortalité spécifique. On ne tirera donc rien de cette analyse secondaire... Pour faire simple, il n'y a actuellement pas assez de preuve pour promouvoir un dépistage systématique du cancer de l'ovaire chez la femme de 50 à 74 ans.


Voilà pour cette semaine, passez de bonnes fêtes de fin d'année et d'excellentes vacances pour ceux qui pourrons en bénéficier. Finissons, avec un peu de légèreté, deux articles du BMJ édition Christmas qui sont, comme chaque année, toujours aussi sympathiques:
- Zombies: épidémiologie, traitement et prévention. Je vais vous spoiler la ligne de traitement: "more reserch is needed". Alors si vous connaissez quelques zombies à utiliser comme cobaye...
- Le rejet des lettres de rejet. Tous les chercheurs y ont eu droit, à cette lettre qui vous dit que "votre article ne peut être accepté parce que le sujet n'est pas prioritaire pour la revue", que "la revue n'accepte que 20% des papiers qui sont soumis", etc... Et bien voici la lettre de refus de ces rejets! Calquée sur le modèle des lettres de rejet, elle permettra de se défouler sur la revue en question! (Attention, il est probable que vous soyez black listé de la revue...) A vos risques et périls!

Bonne nuit et à bientôt,
 @Dr_Agibus

5 commentaires:

  1. Pour les statines : l'augmentation du risque il est relatif ou absolu ?
    Si c'est du relatif, cela donne quoi en risque absolu ?
    ref : http://docteurdu16.blogspot.com/2015/12/the-patient-paradox-why-sexed-up.html

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    1. Bonsoir, il s'agit de risques relatifs, toujours plus impressionnant que les risques absolus. En RA, cela donnait pour les morts cardiovasculaires 9.5% vs 10.6%, soit un "NNH" de 91 patients en 10 ans (donc 910 patients par an...) Ce n'était pas tant le chiffre qui m'avait attiré dans cette étude, mais plutôt d'avoir retrouvé une association significative entre l'arrêt "prématuré" et des évènements cardio. (Mais compte tenu du nombre de patients il n'était pas dur d'avoir des résultats significatifs, certes)

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    2. Je me doutais que c'était du risque relatif.
      Cela devient nettement moins impressionnant comme vous le signalez en risque absolu et en NNT.
      De plus, 9,5% de risque absolu en prenant une statine !!!!
      Cela montre également que la prise de statine est loin du "miracle" annoncé aux patients qui en prennent.
      Ils serait intéressant d'analyser les conflits d'intérêt des auteurs quand on sait que dans le domaine des statines, sans doute plus qu'ailleurs, ils sont importants.

      En tout cas merci pour vos analyses et votre réponse.

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  2. j'utilise cette voie pour vous joindre
    je suis fan de cette rubrique et je voudrais vôtre avis concernant mon vade mecum dont on parle dans LEM 942
    CB

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    1. Bonsoir, merci du commentaire! j'essayerai d'aller y jeter un oeil pour me faire un avis qui ne sera pas forcément le même que celui de l'auteur dans le LEM.

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