Joyeux Noël à tous!! Et comme je n'ai pas eu le temps de rédiger un DragiWebdo cette semaine (mais j'ai quand même mis de côté quelques articles pour le prochain numéro), voici une petite histoire compensatrice.... Bonne lecture!
21 octobre, 21h00: demande à Mme Dragibus de me vacciner
Refus et échec cuisant
21h15: auto-injection dans le deltoid gauche:
EVA 2/10 au moment de l'injection
23h00: apparition d'une pesanteur dans le bras gauche et le triceps (zut, j'ai du mal viser!)
22 octobre 9h00: réveil, douleur dans le deltoïde gauche et érythème local autour du point d'injection (c'est bon, j'avais bien visé! même si je suis pas sur que ça change grand chose en réalité)
23h: persistance de la gène au bras gauche et début de rhinorrhée (Ça y est, c'est le virus de la grippe qui agit! j'espère que la nuit me soulagera pour ne pas avoir un rhume d'homme)
23 octobre 4h00: réveil nocturne, je sens ma gorge qui me démange. J'hésite à aller prendre un Paracetamol (du Doliprane en l’occurrence). Devant la taille du comprimé et ma fatigue. Je renonce et m'enfouis sous mes couvertures "pour ne pas attraper froid" (je crois que c'est trop tard...)
8h30: réveil (oui, je me lève tôt le dimanche parce que mon adorable fille avait faim parce que l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt!), je sens la rhinorrhée postérieure qui a œuvré toute la nuit, la bouche asséchée par la respiration buccale compte tenu de la congestion nasale que je subis.
Objectif: rapidement prendre un chocolat chaud, du miel et si ça ne va pas mieux, préparer du sérum physiologique, voire un Rhino Horn (aux grands mots, les grand remède!)
10h: avec l'occupation de la matinée, j'ai totalement oublié de prendre mes placebos, mais les symptômes vont mieux. Même le bras n'est quasiment plus engourdi. Quasiment...
24 octobre 20h56: j'ai complètement oublié de tenir ce journal. C'est probablement parce que je n'ai plus ressenti de gêne depuis le précédent rapport. D'aucun dirait que la non tenue systématique de ce carnet de bord pourrait être une source de biais dans l'évaluation des effets indésirables. Mais mon propre "case report" n'aura probablement pas de grand échos étant donné l'impact factor de mon blog (D'autres diront alors que les petits cours d'eau forment les grandes rivières, et que l'impact factor: c'est de la merde. Il n'auront pas tort.)
27 octobre 10h05: Cher journal, non je ne t'ai pas oublié, mais j'allais particulièrement bien, en dehors d'une rhinorrhée transitoire que je peux probablement rapporter au fait de me balader en T-Shirt alors que les températures ont chuté. Ainsi, la tolérance de ce vaccin anti-grippe me semble acceptable, étant donné que mes jours de souffrances ne se sont pas prolongés.
31 octobre 22h30: Alors que je relisais en détail les articles pour le Dragi Webdo de la semaine, je m’aperçois que cette injection dans le bras que je me suis auto-administrée ne repose sur rien. Certes, je savais que ça ne reposait déjà pas sur grand chose. Mais là, j'espère que je n'aurai pas un des multiples effets indésirable grave que j'ai pu lire sur doctissimo ( névralgie, convulsion fébrile, encéphalomyélite, névrite, vascularite avec atteinte rénale) . Nan mais sérieusement: ça fait flipper! je comprends que les patients ne soient pas pour se faire vacciner si on leur balance des noms terrifiants de la sorte sans information de fréquence, de causalité/plausibilité, ou de balance bénéfice risque! Et c'est valable pour les autres vaccins également (surtout, à vrai dire...). Heureusement, qu'en dessous, on peut lire "Tamiflu" et "Relenza". Ce sont visiblement des médicaments qui guérissent de la grippe pour quand on est pas vacciné, même que leurs multiples effets indésirables ne sont pas visibles facilement! C'est qu'ils doivent être efficaces et inoffensifs! Du moins, c'est ce que doit penser, à tord quelqu'un qui cherche a se renseigner sur la grippe...
8 novembre, 00h09: Cher journal, il est tard, je sais. Mais cela fait 3 jours que j'ai mal au bras gauche et je ne peux m’empêcher de penser à un début de myofasciite à macrophage lié au vaccin mais mon Vaxigrip ne contient pas d'aluminium. J'en conclus que c'est probablement une tendinite du long biceps (dû au portage de ma fille), même si les test de la coiffe des rotateurs ont une mauvaise sensibilité et spécificité... Donc ça n'exclue pas l'effet indésirable du vaccin!
21 novembre 21h21: Quand je repense à ceux qui me racontent leur épisodes grippaux, certains compliqués d'hospitalisation, je me dis que le bénéfice individuel n'est probablement pas nul. Le bénéfice collectif de la vaccination du médecin ambulatoire est plus incertain. En attendant, me voilà à J30, et toujours pas de grippe pour moi! Il faudrait que j'insiste auprès de ma grand mère qui est vraiment à risque, malgré ses refus quasi-catégoriques...
20 décembre, 18h12: J'avoue avoir complètement oublié que j'étais en train d'écrire ce billet depuis le mois dernier. Mais hier, une toux est apparue en soirée, suivie aujourd'hui d'une fièvre mesurée à 39,2°C en rectal en axillaire corrigée, et une grosse fatigue. Heureusement, le Paracetamol 1000mg que je possédais m'a permis de tenir la journée, mais demain: consultations. Aucun doute, c'est la grippe. (Ok, je n'ai pas de courbatures, mais peut être demain?) Ce foutu vaccin n'a pas marché du tout! A moins qu'il m'ait tout de même empêché une hospitalisation. Car c'est ce qu'il faut comprendre: le vaccin n'empêchera pas d'avoir la grippe, il empêchera (peut être, c'est loin d'être du 100%) d'avoir une grippe sévère hospitalisée. Après quoi, chacun fait son choix. N'étant pas particulièrement à risque, je travaillerai demain avec un masque pour vaincre ce rhume d'homme en étant fort comme une fille!
21 décembre, 19h50: J'ai fini mes consultations, sans retard. Je ne tousse presque plus, j'ai juste quelques frissons qui me surprennent de temps en temps. Je me considère comme quasi guéri!
Jusqu'à février, les messages "vaccinez vous!" inondent les journaux, réseaux sociaux et annonces télévisées. L'an dernier je n'avais pas été vacciné (pas le temps...), cette année je n'ai probablement pas évité une hospitalisation grâce au vaccin non plus (étant donné que je ne suis pas à risque). J'aurai pu tourner ce billet du style "j'ai été vacciné et ça n'a pas marché: la preuve que le vaccin est inutile et potentiellement dangereux!" ou inversement "heureusement que je me suis vacciné, sinon, j'aurai pu quasi-mourir". Mais, comme je n'ai pas de confirmation virologique sur mes abondantes sécrétions nasales, "on ne peux pas conclure"! La vaccination chez les professionnels de santé (de moins de 65 ans sans comorbidité) a pour but d'éviter la transmission aux patients fragiles examinés, le bénéfice n'est donc pas individuel. Au contraire, les patients avec co-morbidité le bénéfice est peut être faible comparaison du nombre de vaccin à injecter, mais si des hospitalisations sont évitées, pourquoi pas.
Réfléchissez, informez vous et surtout faites vos choix! Et si quelqu'un a un outil d'aide à la décision (avec des petits ronds rouge et verts) je serai ravi de le connaitre!
A bientôt!
@dr_Agibus
Intéressante réflexion Je pense que tu l'as lu mais un élément de réponse à ta question http://www.cochrane.org/fr/search/site/grippe%2A?f[0]=im_field_terms_cochrane_library%3A52958
RépondreSupprimerJuste 1 point on peut tordre les faits mais on a pas torT (chapitre du 24 Octobre 20 h 56) :))))
Joyeux Noel à toi et tes proches
Bonsoir, merci pour le lien Cochrane(et la coquille relevée!) Joyeux noël :)
SupprimerJe n'ai pas d'outil d'aide à la décision mais j'ai : http://kitmedical.fr/
RépondreSupprimerMerci, pour ceux qui ne connaissent pas encore le site ou l'ensemble de tous les sites auquel il renvoie.
SupprimerBonsoir,
RépondreSupprimerJe ne me vaccine pas contre la grippe.
Je ne fais courir aucun danger à mes patients.
La myofasciite à macrophage induite par l'aluminium n'existe pas.
L'auto médication chez un médecin est dans l'ensemble dramatique.
Bonne fêtes de fin d'année.
Bonsoir, je suis d'accord avec les 2 derniers points! (les deux premiers n'étant pas des propositions sur lesquelles mon accord ou désaccord puisse s'exprimer). Merci du commentaire et bonnes fêtes également
Supprimer"Cocooning" des preuves pour la grippe ?
RépondreSupprimerJe n'en connais pas!
SupprimerBonjour,
RépondreSupprimerJ’apprécie bien le côté chronique clinique de ce post, qui me rappelle l’époque reculée où les médecins ne comptaient que sur leur capacité d’observation et leur sens clinique pour se faire une opinion sur le sens et l’origine des symptômes. Cerains développaient des capacités d’observation et de réflexion qui sont devenues exceptionnels aujourd’hui, si tant est qu’ils existent encore.
Mais je renvoie, moi aussi, vers la revue Cochrane et le NNT rapporté pour les adultes en bonne santé, qui est de l’ordre de 40 à 50, selon les vaccins http://www.cochrane.org/CD001269/ARI_vaccines-to-prevent-influenza-in-healthy-adults. Ceci, sur la base d’une métanalyse d’études dont 90% ne sont pas méthodologiquement fiables, dont une proportion importante est financée par les laboratoires qui fabriquent les vaccins, et dont la quasi-totalité des auteurs ont certainement des conflits d’intérêts avec les laboratoires fabricant les vaccins. Ce dernier point est une supposition, mais fondée sur le fait que les laboratoires s’emploient à occuper le terrain des publications médicales, à générer des conflits d’intérêts chez les « experts », souvent financiers et aussi académiques, et ont les moyens de le faire dès lors qu’il s’agit de produits qui rapportent. Et les vaccins contre la grippe rapportent beaucoup aux gros laboratoires.
Un autre point est que l’efficacité sur le terrain officielle du vaccin contre la grippe, de l’ordre de 50 à 60% en moyenne, est fondée sur les années où les souches contenues dans les vaccins sont en bonne adéquation avec les souches circulantes, ce qui n’est souvent pas le cas. L’efficacité moyenne du vaccin sur plusieurs années est donc bien plus faible.
Si on garde cependant cette estimation du NNT par la Cochrane de 40, ce que cela veut dire, concrètement, c’est qu’un médecin qui se vaccine pendant toute sa carrière peut espérer éviter une fois la grippe. Donc, toute cette expectative, et cette attente, autour de l’efficacité ou non à titre individuel du vaccin procède avant tout d’un biais cognitif et de l’idée que l’effet du vaccin serait suffisamment important pour être visible lors d’une saison grippale à l’échelle d’un individu. Cela renvoie au même type de croyance que celle des adeptes de l’homéopathie, qui se persuadent que s’ils n’ont pas présenté les symptômes de la grippe pendant telle saison c’est grâce aux granules d’influenzinum que leur homéopathe leur a conseillé de prendre.
D’autre part, la VPP de la grippe confirmée virologiquement, pour un individu de 6 à 49 ans qui aurait à la fois une fièvre élevée et de la toux pendant un épisode d’IRA avait été calculée et était de 63% d’après le CNR, pendant la période épidémique. Elle est bien plus faible si l’on prend d’autres tranches d’âge ou si l’on prend comme période de référence l’ensemble de l’année civile.
Il faut ajouter à ça le fait qu’en se vaccinant 40 fois le médecin multiplie par 40 le risque d’effets indésirables graves pour lui-même, y compris ceux pouvant être mortels et ceux pouvant laisser des séquelles. Si on estime, hypothèse qui me semble raisonnable, que l’ensemble des effets indésirables ont une fréquence totale (addition des fréquences des différents EI graves) de 1 pour 10000, le risque total de ces effets graves pendant 40 cycles de vaccination serait ramené à 1 pour 250. Sur 100 000 médecins vaccinés pendant 40 ans, on peut raisonnablement envisager que 400 effets indésirables graves pourraient se produire pour éviter au plus 2500 (100 000/40) épisodes de grippe clinique.
Dernier point, il est de plus en plus vraisemblable, et, en tous cas, cette hypothèse est prise au sérieux, que la répétition des vaccinations engendre, dans certaines conditions, une aggravation du risque de grippe chez les individus vaccinés par rapport aux non vaccinés. En particulier pour les virus du groupe A http://www.cidrap.umn.edu/news-perspective/2016/04/study-prior-year-vaccination-cut-flu-vaccine-effects-2014-15 .
Il faut prendre des décisions individuelles mais avoir une vision réaliste de l’efficacité et des risques du vaccin.
Bonjour, merci d'avoir apporté ces éléments scientifiques au "débat"! Bonne fin d'année!
SupprimerMerci à CMT pour ces références.
RépondreSupprimerJ'ai eu la curiosité de "jeter un coup d'oeil" sur le site CIDRAP et sur le texte référencé.
Quelle différence avec la "prose" de l' INVS sur le sujet !!!
D'un coté la Pravda de période 1970 et de l'autre .....
Quelle tristesse, la communication des autorités françaises sur le sujet.
Ce n'est pas nouveau, mais c'est toujours plus triste de le constater de visu.