dimanche 11 décembre 2016

Dragi Webdo n°119: intestin irritable (recos SNFGE), IPP et AVC, tabagisme faible et mortalité, mesure tensionnelle

Bonjour! Ce Dragi Webdo devrait être particulièrement à l'heure en étant publié le dimanche à une heure décente. En plus, il ne sera pas être très long aujourd'hui, alors place aux actualités!


1/ Pharmacovigilance

Un nouvel article sur les inhibiteurs de la pompe à proton (IPP) et leurs effets indésirables. Après les études suggérant l'augmentation du risque d'insuffisance rénale et de démences et du risque d’infarctus du myocarde, il semblerait que cet effet délétère cardiovasculaire se confirme avec une augmentation du risque d'AVC avec les doses élevées des différentes IPP. Ainsi, pour les patients sous aspirine en prévention cardiovaculaire, pour ne pas augmenter ce risque, pensez à conserver la dose minimale d'IPP!



2/ Cardiovasculaire

L'hypothèse la plus répandue est que les tensions systoliques en cabinet sont plus élevées qu'en ambulatoire. Une étude de Circulation a retrouvé le contraire! En effet, chez des patients non hypertendus et sans pathologie cardiovasculaire, les auteurs ont retrouvé des moyennes tensionnels en cabinet de 116/75 contre 123/77 en ambulatoire. Cependant, chez les plus de 65 ans ou en cas d'IMC >32,5, les tensions au cabinet étaient supérieures aux tensions ambulatoires. Les auteurs ont donc retrouvé 15% d'HTA masquée. Le gros, très gros biais de cette étude, c'est que les tensions au cabinet étaient mesurée de façon manuelle, alors que les mesures ambulatoires étaient faites de façon automatisées. Or, le technicien a tendance à sous évaluer la tension artérielle (ou comment une fois de plus faire dire tout et n'importe quoi à une étude). Conclusion de toutes façons (et ce n'est pas neuf), pour ne pas sous estimer l'HTA masquée ni l'HTA blouse blanche: faire des mesures ambulatoires!

Deux articles de cohortes maintenant. Le premier étudiait le risque de mortalité chez les fumeurs de moins de 10 cigarettes par jour. Les auteurs retrouvent que chez ces faibles consommateurs, le risque de cancer du poumon, de maladies respiratoires, d'évènements cardiovasculaires et la mortalité globale sont augmentées. Cet effet est même significativement retrouvé chez les patients fumant moins d'une cigarette par jour! L'article retrouve également que l'arrêt du tabac permet de réduire ces risques, et que plus l'arrêt du tabac se produit jeune, plus le bénéfice est grand. "Il n'y a pas de petit fumeur. Seulement des grandes conséquences" (j'aurai du me lancer dans les slogans...)

La seconde porte sur la consommation de noix. Les noix semblent en effets, bonne pour le coeur, ça avait déjà été retrouvé (ici). Cette nouvelle étude apporte des preuves supplémentaires, en retrouvant que chaque ingestion de 28g de noix par jour est associée à une diminution des risque de cancer de 15%, de maladie cardiovasculaire de 21%, et de mortalité globale de 22% (et aussi de maladie respiratoire, de diabète, de maladie neurodégénérative...). Et visiblement, un peu partout dans le monde, on ne mange pas assez de noix. On attend tout de même l'essai randomisé contre placebo de noix pour avoir une preuve causale forte!


3/ Gastro-entérologie

De nouvelles recommandations ont été publiées sur le syndrome d'intestin irritable (SII) par la société française de gastro-entérologie. Bien que la diagnostic soit clinique, un bilan est proposé:
- NFS, CRP, Anticorps anti Transglutaminase et TSH. (Le dosage de la TSH dans cette indication reste pas mal controversé à l'international). Par contre, l'absence du dosage de calprotectine fécale est un peu étonnante, car elle est recommandée par le NICE (cf ici) et est un très bon marqueur d'inflammation, aussi bien pour le cancer colorectal que pour les MICI (cf ici encore). Elle est seulement indiquée comme possible car non remboursée (mais je doute que ce soit en ne recommandant pas un examen utile qu'elle devienne remboursée un jour...) Pour les traitements, je retiendrais surtout l'importance de l'effet placebo dans cette pathologie.


4/ Infectiologie

Enfin, un article du JAMA a étudié l'immunogénicité du vaccin anti HPV à 9 valences (7 contre les cancer et 2 contre les condylomes). Les auteurs retrouvent que l'immunogénicité de 2 injections du vaccin n'est pas inférieure à 3 injections chez les garçons et filles vaccinées. Les principaux problèmes de cette étude, sont d'une part que cette immunogénicité a été évaluée à 4 semaines de la dernière dose: autant dire que sur du long termes ou même du moyen terme, on n'a pas de réponse, et d'autre part que l'efficacité d'un vaccin ne se résume pas uniquement au taux d'anticorps circulants.


Voilà pour cette semaine, je vous laisse reprendre vos activités normales! Mais n'oubliez pas qu'elles ont des conséquences bénéfiques ou négatives sur votre vie: si vous jouez à Pokémon Go vous augmenterez votre activité physique (ce qui peut être bénéfique pour votre santé), et si vous allez préparer votre semaine par un entretien pubien, cela peut augmenter votre risque d'infections sexuellement transmissibles! Sur ce, à la semaine prochaine!


@Dr_Agibus



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