lundi 23 janvier 2017

Dragi Webdo n°124: HTA après 60 ans (recos US), Choc septique (reco Euro et US), Soins médicaux, Asthme, SOPK, les glitazones efficaces sur les AVC?

Bonsoir à tous! Je suis particulièrement en retard pour ce Dragi Webdo. (A peine 24h de retard, certes, mais sur 7 jours, ça fait un retard significatif...). Bref, il y a beaucoup de choses à raconter sur cette semaine, alors place aux actualités!


1/ Soins médicaux

Pour commencer, je vais vous parler d'un article publié dans Pediatrics. Des entretiens simulés ont été mis en place pour évaluer la réaction des soignants face à l'impolitesse des patients (ou plutôt des parents de patients car l'étude était menée en pédiatrie). Les auteurs retrouvent que dans ces situations de conflits, les nuisent aux actions diagnostiques et thérapeutiques mais aussi à la coordination des soins dans l'équipe médicale. Fort heureusement, il semble que former les soignants puis réduire les risques d'altération des soins.

D'autre part, Annals of internal medicine a publié un article sur les "Patients center medical homes" (qui peuvent correspondre à nos maisons de santé pluridisciplinaires). Il semblerait que dans ces entres de soins, l’observance des patients avec maladie chronique soit meilleure, ce qui pourrait correspondre à une meilleur qualité de soins.


2/ Cardio-vasculaire

Reparlons d'hypertension artérielle. D'abord, une méta-analyse a évalué les bénéfices d'un traitement "intensif" versus "standard" chez les patients de plus de 60 ans. Les auteurs retrouvent qu'avoir une PAS inférieure à 150mmHg réduit significativement les risques de mortalité, d'infarctus et d'AVC. Avoir un objectif à 140mmHg ne diminue pas davantage la mortalité, mais réduit légèrement les infarctus et AVC non fatals, sans majoration du risque de chute ni de trouble cognitif. Mais il y a alors une augmentation des hypotensions, des syncopes et du fardeau du traitement.

Ainsi, l'académie de médecine américaine a donné ses recommandations sur la prise en charge de l'HTA du patient de plus de 60 ans: objectif 150/90, sauf si le patient présente un haut risque cardiovasculaire ou s'il est en prévention secondaire (antécédent d'infarctus, d'AVC ou d'AIT) auquel cas il faut cibler 140/90. (Bien évidemment ces objectifs sont à discuter avec le patient selon le principe de la décision partagée)


3/ Pneumologie

L'asthme est une pathologie courante en médecine générale. Probablement trop. En effet, il semblerait d'après une étude du JAMA que près de 30% des adultes déclarant un antécédent d'asthme n'avaient en fait pas d'asthme après réévaluation par EFR à 1 an d'arrêt de tout traitement de fond (quand les EFR étaient normales, le traitement de fond était diminué progressivement). Les auteurs retrouvent aussi comme principal facteur associé à ces absence d'asthme: l'absence d'EFR au diagnostic. Donc, faire des EFR et réévaluer régulièrement les traitements sont indispensable au diagnostic et au suivi des patients (pour ceux qui en douteraient encore)

4/ Gynécologie

Le BMJ a publié dans sa rubrique "10-minutes consultation" la prise en charge d'un syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) de découverte récente. Pour mémoire, il faut 2 critères sur les 3: spanioménorrhée, hyperandrogénisme clinique ou biologique, ou ovaires polykystiques échographiques (plus de 12 follicules de 2 à 9mm ou un volume ovarien > 10mL). Pour éviter une hyperplasie de l'endomètre quand il y a moins d'une menstruation tous les 3 mois, une induction par pilule oestro-progestative semble être le traitement de première intention notamment en cas d'acné. Et en cas de désir de grossesse, il faut orienter relativement rapidement les patientes vers un service spécialiser pour optimiser les chances de grossesse.

5/ Urologie:

Concernant le cancer de la prostate, un article du Lancet a étudié l'intérêt de l'IRM pelvienne avant d'effectuer des biopsies orientées par rapport à aux biopsies en de multiples sites classiquement effectuées. Il semblerait que l'IRM permette d’éviter 27% de biopsies et d'éviter de diagnostiquer quelques cancers non significatifs (5%). Il me semblait que c'était déjà le cas, mais l'IRM prostatique est un outil indispensable à effectuer avant des biopsies en cas de PSA élevé (si jamais un PSA venait à être dosé...)


6/ Diabétologie

J'avoue avoir beaucoup aimé le graphique des études en cours concernant les traitements diabétologiques. Notre bonne vieille metformine est visiblement le traitement le moins étudié (malgré un bénéfice clinique faiblement démontré, aucun labo n'a osé confirmer les résultats). Au contraire, les études concernant les analogues du DLP1, les inhibiteurs de DPP-4 et les anti SGLT-2 sont de plus en plus nombreuses à étudier des critères cliniques cardiovasculaires. Espérons qu'elles seront toutes publiées et pas seulement celles avec des résultats "positifs"...


Je passerai rapidement sur l'étude SUSTAIN-1, concernant le semaglutide car cette étude ne donne pas de critères cliniques, alors que SUSTAIN-6 a déjà démontré il y a quelques mois des bénéfices sur un critère composite cardiovasculaire avec beaucoup plus de patients....

Finissons sur un article qui peut faire se poser des questions. En France, les glitazones ont été retirées du marché à cause d'une augmentation du risque de cancer de vessie. Une méta-analyse publiée dans le BMJ open retrouve une augmentation des insuffisances cardiaques, et du risque de fractures. (Le risque de cancer de vessie n'est pas significativement augmenté avec les 4500 patients inclus dans l'analyse). Cependant, il y a une baisse significative des évènements cardiovasculaires, notamment des AVC (la baisse n'est pas significative pour les infarctus). Si on mets tout ça en balace: NNT pour éviter un évènement cardiovasculaire: 66 patients, NNH pour une insuffisance cardiaque: 61 patients auquel on ajoute le NNH pour fracture: 61 patients également. Donc pour 1 évènement cardiaque (AVC ou IDM) évité, on a 1 insuffisance cardiaque et 1 fracture (et 2 hypoglycémies sévères aussi). Bref, malgré un potentiel bénéfice sur les AVC, il me semble que la balance bénéfice-risque reste clairement défavorable, d'autant plus que la mortalité n'est pas diminuée.


Merci à tous de votre fidélité, et pour les urgentistes ou réanimateurs qui passeraient également par ici, je ne peux m'empêcher de vous renvoyer à l'article du JAMA concernant la prise en charge du choc septique! A bientôt,

@Dr_Agibus

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