Bonjour ! Il y a eu énormément de publications
intéressantes cette semaine, en partie à cause du congrès américain de
diabétologie. Alors je suis désolé de la longueur de ce billet qui ne va pas
être très synthétique…(Déjà que je vais devoir reporter certains articles de cette semaine
au Dragi Webdo de la semaine prochaine...) En parlant de congrès, un article du BMJ a traité les
divulgations d’informations par Tweets lors des congrès, ça parle de propriété
intellectuelle etc… je vous laisse le lire !
1/ Pharmacovigilance
L’ANSM
a publié un document relatif au bon usage des médicaments pendant l’été. La fiche
reprend les conseils à donner aux patients et comporte des tableaux pour
repérer les médicaments à surveiller. Un conseil qu’on (je ?) ne donne pas
souvent aux patients : le paracetamol ne doit pas être utilisé en cas de
coup de chaleur ! (ça parait bête mais, visiblement, ce n’est pas rare…)
Côté radio-vigilance, un tableau intéressant
comparant les doses de radiation reçues par examen avec le temps nécessaire
pour recevoir la même dose d’irradiation naturelle. Quelques exemples :
une radiographie thoracique : 10 jours, un TDM abdomino-pelvien sans puis
avec injection : 7 ans !
2/ Cardiovasculaires
A l’heure des nouvelles technologies et des déserts
médicaux, le moyen le plus rapide de secourir un patient en arrêt
cardio-respiratoire semble être… le drone ! (Le robot portant un
défibrillateur qui pouvait être utilisé sur place par la personne ayant appelé
les secours) Cette étude
suédoise a en effet retrouvé que les
temps nécessaire pour permettre le départ de la base d’un drone était de 3
secondes contre 3 minutes pour un véhicule d’urgences, puis le temps d’arrivée
sur zone était de 5 minutes pour le drone contre 22 minutes par le véhicule d’urgences,
soit 16 minutes gagnées pour amener un défibrillateur à un patient !
Une étude
du Lancet a évalué le risque de saignement sous anti-agrégants plaquettaire en
prévention secondaire. Les auteurs ont retrouvé une augmentation significative
des saignements sévères après 75 ans, notamment des saignements mortels.
Cependant, en comparant les patients sous inhibiteurs de pompe à proton avec
ceux sans ce traitement, ils retrouvent un bénéfice du traitement avec des NNT
sur 5 ans pour prévenir une hémorragie digestive de 338 avant 65 ans (bof…) et
de 23 après 75 ans !
Un article d’Annals of internal medicine a étudié
l’efficacité d’une double anti-agrégation plaquettaire de 6 mois versus 24 mois
chez les patients avec un score DAPT supérieur ou égal à 2. Les publications
retrouvent habituellement un bénéfice à une double anti-agrégation prolongée
quand ce score est supérieur ou égal à 2 (car le NNT serait de 33 et le NNH de
263 alors que pour un score inférieur à 2 ils sont respectivement de 169 et 69,
cf ici
pour le score). Bref, les auteurs retrouvent cette fois ci que le bénéfice de
la prolongation du double traitement n’est retrouvé que sur un seul type de
stent : ceux aux praxlitaxel. Donc en dehors de ceux-ci, même avec un
score DAPT supérieur à 2, il n’y aurait pas de bénéfice à un traitement double
prolongé. Reste à savoir quel type de stents ont nos patients…
Enfin, un article
de Circulation a étudié l’évolution de la tension artérielle des patients de
plus de 80 ans en fonction de la survenue du décès. Les auteurs retrouvent une
baisse de la tension artérielle au cours des 2 dernières années de vie sans
qu’une intensification de traitement anti-hypertenseur ait été remarquée. Cette
étude ne permet pas de dire que « moins traiter » les patients avec
une amélioration des mesures tensionnelles améliore la survie, mais au moins ça
pourrait diminuer le fardeau des traitements, la cible tensionnelle après 80
ans étant de 150mmHg.
3/ Infectiologie
On va surtout parler ici d’antibiothérapie. D’abord, un
article du CDC
portant sur les patients traités pour une maladie de Lyme, retrouve des
déclarations d’infections sévères, chocs septiques et décès de patients suite à
des traitements antibiotiques de plusieurs mois ayant sélectionné des bactéries
particulièrement résistantes et virulentes. Un argument de plus pour ne pas se
lancer dans des traitements de plus de 28 jours pour traiter un Lyme chronique.
Bien que ce soit une étude hospitalière, un article
du Jama Internal Medicine a retrouvé que 20% des patients hospitalisés sous
antibiotiques subissaient au moins un effet indésirable de l’antibiothérapie,
avec une augmentation du risque de 3% par 10 jours de traitement. A méditer lors
des prescriptions.
4/ Diabétologie
Commençons cette partie avec un article attendu du NEJM:
l’efficacité et la sécurité de la canagliflozine dans un essai contrôlé
randomisé. Pour mémoire, c’est le seul anti-SGLT2 qui est en voie d’être
disponible en France pour le moment. L’étude CANVAS a
permis de retrouver une diminution du risque relatif d’évènements
cardiovasculaire (sur un critère composite) de 14% (NNT= 217 patients par an. NB: Les auteurs ont
donné une survenue en nombre d’évènements par 1000 patients et non pour 100, ce
qui donne l’impression d’un écart plus grand, mais non…). En regardant les
critères composant le critère principal, pas d’amélioration de la mortalité
cardiovasculaire ou globale, seul les hospitalisations pour insuffisance cardiaque
sont réduites significativement (conformément à l’hypothèse selon laquelle
le bénéfice de ces traitement serait identique celui d’un traitement
diurétique), mais étrangement, l’effet n’était retrouvé QUE chez les patients
avec un traitement diurétique déjà prescrit. Et sur ce point, il y a une interaction
significative, ce qui signifie les résultats de l’étude devraient être donnés
séparément selon ce sous groupe et qu’on ne peut pas « pooler » en
disant que « le traitement marche pour tous les patients ».
Cependant, contrairement à l’empagliflozine, il n’y a pas d’interaction sur le
fait que les patients soient en prévention primaire ou secondaire, bien que l’effet
ne soit significatif que chez les patients en prévention secondaire (ce peut
être du à un nombre de patients en prévention primaire insuffisant). Les effets
indésirables connus son retrouvés avec une augmentation du risque relatif
d’amputation, notamment transmétatarsienne, de 97% (NNH=344). Donc pour 2
patients avec un évènement en moins, on ampute un patient. Il y avait aussi
plus d’infections génitales masculines et féminines et plus de fractures. Attendons
vraiment l’empafliglozine pour laquelle un bénéfice en terme de mortalité était
retrouvé avec moins d’effets indésirables.
Petite parenthèse metformine, essayée chez les diabétiques
de type 1 dans un essai
contrôlé randomisé. Les auteurs ne retrouvent pas de bénéfice sur le
contrôle glycémique, mais sur les critères secondaires tels que l’épaisseur
média-intima carotidienne maximale, le taux de LDL, le poids et la fonction
rénale étaient améliorée chez les patients sous metformine ce qui peut laisser
penser que la metformine aurait vraiment un effet cardiovasculaire propre.
Un point HbA1C
maintenant. Une étude a retrouvé que les patients d’origine africaine avaient
un taux d’HbA1C supérieur de 0,4% aux patients caucasiens pour des moyennes
glycémiques identiques. Faudrait il différencier les cibles ? (si jamais
il fallait vraiment des cibles… ou peut-être être un peu moins stricts chez
certains patients)
Pour finir, parlons insulines. D’abord, voici une étude s’intéressant
à la sécurité de l’insuline dégludec (la toute nouvelle insuline ultra-lente)
par rapport à l’insuline glargine (connue sous le nom de Lantus*) avec un
critère principal composite de décès cardiovasculaire et d’évènements
cardiovasculaires non fatals. Les 2
insulines étaient équivalentes sur le critère de jugement principal. Cependant,
il y avait significativement moins d’hypoglycémie sévère ou nocturne sous
insuline dégludec (NNT= 40). Un avantage à confirmer et pourquoi pas des
bénéfices cardiovasculaires dans une étude dédiée plus puissante ?
(parce que dans celle-ci, elle n'était pas si loin d’atteindre la
supériorité sur le critère principal OR= 0,91[0,78-1,06] et ce serait la 1ère insuline efficace sur le plan cardiovasculaire...).
Et enfin, un tableau récapitulatif des insulines tiré du JAMA,
comprenant les délais et durées d’action et les prix. L’insuline dégludec citée
ci-dessus est quand même bien plus chère que les autres….
Bravo pour être arrivés jusqu’ici ! Pour vous détendre un
peu, vous pouvez allez jouer à ce « serious
game » pédagogique de médecine EBM, élaboré dans le cadre d’une thèse de médecine
générale, l’objectif étant que vous et vos connaissances battiez les différents
boss pour passer du statut d’interne à celui de « dieu de la
médecine » ! (Heureusement que j'ai fini par vaincre Hippocrate, sinon j’y aurais
joué pendant des jours !)
Et encore merci d'avoir élevé le compteur de visite sur le blog à plus de 200 000 visites!!!! J'espère que vous continuerez de me lire, et inscrivez vous par mail pour ne rater aucun billet! (le module "Abonnez-vous" est tout en haut à droite de la page, puis n'oubliez pas d'activer l'inscription avec le mail que vous allez recevoir!)
A la semaine prochaine !
A la semaine prochaine !
@Dr_Agibus
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