lundi 22 avril 2019

Dragi Webdo n°224: AINS, prothèses et implants, examen clinique des seins, sinusite , plomb, semaglutide

Bonsoir à tous! Désolé d'avoir déphasé certains avec un billet de milieu de semaine, mais seuls les Dragi Webdo ont un jour fixe de parution! Et il faut croire que c'est une conspiration, mais malgré une publication à l'heure prévue (soit minuit passé), la plupart d'entre vous ne liront pas ce billet en allant au travail demain, puisque c'est férié! Alors profitez bien du week-end prolongé et bonne lecture de ce billet qui ne sera pas très long!

1/ Pharmaco-vigilance

Suite à l'affaire des #Implantfiles, qui peut se résumer par une mauvaise voir une absence d'évaluation de certains dispositifs médicaux, la FDA (version américaine de l'ANSM) a demandé l'arrêt de la commercialisation de toutes les prothèses utilisées dans la réparation de prolapsus pelviens, le temps que des évaluations soient effectuées pour garantir la sécurité des patientes.

Un article du JAMA parle de l'utilisation de l'e-cigarette pendant la grossesse et retrouve trop de femme l'utilisant à ce moment là de leur vie (7%) car la nicotine peut être toxique pour le foetus en altérant le développement pulmonaire et cérébral. Ce n'est cependant pas mis en balance avec les risques du tabagisme... dommage.

L'ANSM revient sur les risques infectieux des AINS, notamment de l'ibuprofène et du ketoprofène suite à des déclarations aux centres de pharmacovigilance. Ce n'est pas nouveau, et tous les AINS devraient être concernés. Cependant la diffusion de message aura certainement un effet positif sur l'automédication mais peut être un effet négatif dans certaines circonstances (par exemple, une frayeur d'une patiente qui est venue me voir en garde parce qu'elle avait du ketoprofène pour sa SPA...)


2/ Gynécologie

Parlons de l'examen clinique des seins, qui, pour mémoire, n'est plus recommandé dans le suivi des femmes pour dépistage du cancer  aux Etats Unis ni au Canada. Cette étude (qui est vachement bien, n'est ce pas? #CeuxQuiSachent) qui a inclus plus de 3000 patientes consultant en cabinet de radiologie, s'est intéressée au risque de mammographie à haut risque (ACR 3 ou 4) et à la performance de l'examen clinique des seins. Ainsi, la sensibilité de l'examen clinique des seins anormal (quelque soit l'anomalie: nodule, douleur, écoulement, adénopathie...) était de 36% et la sensibilité de 78%, ce qui est assez médiocre. Cependant, l'écoulement mammaire, la rétraction mamelonnaire et les adénopathies avaient des valeurs prédictive positives supérieures à 5. La douleur, quand à elle n'était absolument pas un facteur "rassurant". L'ensemble de ces résultats était similaire quelque soit la tranche d'âge étudiée (avant 40 ans, entre 40 et 50 ans, entre 50 et 74 ans, et au delà de 75 ans). Bref, on arrête quand de recommander l'examen de seins systématique nous aussi?

Concernant la grossesse, l'USPSTF (équivalent de la HAS américaine), ne recommande pas d'évaluer l'exposition au plomb par dosage du plomb chez les femmes durant la grossesse (ni chez les enfants d'ailleurs. Pour mémoire, en France, le risque de saturnisme se dépiste avec la grille dont j'avais parlé ici).


3/ ORL

Du coté d'Annals of family medicine, les signes de sinusite sont étudiés. Les auteurs retrouvent que la rhinorrhée purulente du méat moyen et l'impression globale sont les signes les plus en faveur d'une sinusite (tout en restant modérés car les rapports de vraisemblance positifs sont de 3). Les signes négatifs ne sont pas géniaux... Je découvre quand même la transillumination des sinus maxillaires et frontaux (LR- : 0,5), ça peut être intéressant à tester! Mais une fois la sinusite évoquée, les signes en faveur d'une infection bactérienne sont principalement l’existence d'une cacosmie et la douleur dentaire. La durée d'évolution, critère clinique fréquemment utilisé dans les recos, n'est pas étudiée ici, et la fièvre n'est pas un bon signe non plus.


4/ Diabétologie

On essaye toujours de trouver une utilité aux applications mobiles. Cette fois ci, dans la gestion du diabète par les patients, une étude a passé en revue près de 400 applications. Beaucoup ne donnaient pas de rappel pour effectuer les glycémies, ne donnaient pas les objectifs glycémiques et ne permettaient pas de faire un suivi d'HbA1C. A peine plus de la moitié des applis signalaient les hypoglycémies (par des messages ou changement de couleur) et 10% donnaient des conseils d'éducation au diabète. Bref, ce n'est pas encore que la m-médecine changera le monde.

Pour finir, passons à une étude comparant le semaglutide oral (le 1er analogue du GLP-1 oral, pour mémoire, il avait montré une efficacité cardiovasculaire en injectable versus placebo, cf ici) à la sitagliptine, dans un essai contrôlé randomisé chez les patients diabétiques de type 2 non contrôlés par la metformine seule ou associée à un sulfamide. Je passe vite sur le fait que sur l'objectif qu'était l'HbA1c, le semaglutide était plus efficace que la sitagliptine, pour regarder les tableaux de tolérance. Il y avait légèrement plus de patients avec au moins 1 effet indésirable dans le groupe sitagliptine, et les effets indésirables étaient un peu plus graves dans le groupe sitagliptine, mais il y avait plus d'arrêt indésirables pour non-tolérance dans le groupe semaglutide. Il y avait moins d'hypoglycémies avec le semaglutide, moins de rétinopathies diabétiques également, mais plus de nausées, vomissements, diarrhées et céphalées. Attendons donc les résultats cardiovasculaires de cette forme orale!

Bon lundi de Pâques à tou·te·s, et à la semaine prochaine!

@Dr_Agibus

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