dimanche 8 mars 2020

Dragi Webdo n°260 : déformations crâniennes positionnelles (recos HAS), dépistage VHC (recos US), coopération interprofessionnelle, dépistage LCH

Bonjour ! Je n'ai pas vu énormément de choses cette semaine, peut être à cause du COVID-19 qui monopolise pas mal les journaux. Pour commencer, des protocoles de coopération interprofessionnelle publiés au journal officiel: prise en charge de l'entorse de cheville et de la lombalgie aigüe par le kiné, prise en charge de l'odynophagie, de l'infection urinaire basse, de l'éruption vésiculeuse de l'enfant (i.e. varicelle) et renouvellement de traitement pour la rhinite allergique par les infirmiers et les pharmaciens, réalisation de sutures par les infirmiers (merci à Stéphane Munck pour la veille sur le sujet!). Des formations sont prévues, les algorithmes sont pas mal à première vue (genre jamais d'AINS dans l'odynophagie, les anti-histaminiques ne sont pas notés dans les traitements symptomatiques de la varicelle, les critères pour adresser, la place du gut feeling du professionnel de santé...). C'est parti pour la suite, bonne lecture!


1/ Pédiatrie

La HAS a publié des recommandations concernant les déformations crâniennes positionnelles et sur la mort inattendue du nourrisson. Concernant ce qui concerne la position et le couchage, rien n'a changé, il faut toujours que le nouveau-né dorme strictement sur le dos, dans un lit à barreau dans la chambre parentale pendant les 6 premiers mois, sans partage du lit parental. Concernant les déformations crâniennes positionnelles (plagiocéphalies, brachycéphalie et craniosynostose), il n'y a pas de mesures préventives. Quand une déformation est présente, il est recommandé de rechercher un torticolis qui peut être postural (intermittent, attitude préférentielle sans limitation à la mobilisation) ou musculaire congénital (avec limitation permanente à la mobilisation passive) qui nécessite une prise en charge par un kinésithérapeute à orientation pédiatrique. Aucune donnée ne permet de recommander l'ostéopathie (mais les auteurs mettent quand même qu'en 2ème ligne on pourrait y avoir recours....). En l'absence d'amélioration à 6 mois, un avis en centre spécialisé doit être pris.

Un article du BJGP s'est intéressé au dépistage de la luxation congénitale de hanche chez le nourrisson qui est recommandé avec un examen clinique à 6 et 8 semaines en médecine générale. Les auteurs retrouvent que cet examen a une sensibilité de 16,7% (bof...) et une spécificité de 99,8% (youpi!), ce qui donnait une VPP de 3,5% et une VPN de 100%. C'est la manœuvre d'Ortolani qui était la plus prédictive d'une LCH. Bref, c'est pas génial, mais en France, l'examen de hanches est recommandé 1 fois par mois jusqu'à acquisition de la marche, donc l'examen est bien plus répété que dans le protocole évalué ici.



2/ Infectiologie

Une étude d'Annals of Internal Medicine s'est intéressée à l'efficacité du vaccin antigrippal dans une étude observationnelle. Les auteurs retrouvent que les patients de plus de 65 ans étaient plus souvent vaccinés, mais qu'il n'y avait pas d'argument pour dire que la vaccination réduisait les hospitalisations et les décès chez ces patients vaccinés. Ils concluent que la stratégie basée sur une vaccination systématique des plus de 65 ans n'est pas optimale.

L'USPSTF a publié des recommandations sur le dépistage de l'hépatite C. L'agence américaine recommande un dépistage systématique chez les patients de 18 à 79 ans compte tenu du bénéfice du traitement qui peut être instauré chez tous les patients. En France, le dépistage n'était pas recommandé systématiquement, mais seulement en cas de facteurs de risque, mais ça pourrait aussi évoluer de la même façon. (je remets les recos HAS sur le traitement  ici)

Pour finir cette partie, la HAS vient de valider l'utilisation d'Ervebo, 1er vaccin anti Ebola, chez les professionnels se rendant en zone à risque, ceux à risque de prendre en charge les patients infectés et ceux en post-exposition à des fluides contaminés.


3/ Addictologie

Une revue systématique d'Annals of internal medicine a étudié les inhibiteurs de recapture de la sérotonine dans le sevrage du cannabis. Malheureusement, il y a un niveau de preuve modéré pour dire qu'ils n'ont pas d'efficacité dans le sevrage.


4/ L'article quali de @DrePetronille

Cette semaine, on parle d'allergologie avec cet article à paraître. Les auteurs canadiens ont souhaité explorer les conséquences, en terme de santé mentale, des allergies alimentaires de leurs enfants chez 21 familles (mère seule ou 2 parents). Les familles ont été recrutées dans un centre spécialisé dans les allergies et ont reçu une carte de cinéma et des produits hypo allergiques comme contrepartie de leur participation.
L'allergie alimentaire a entrainé une organisation du mode de vie des familles interrogées devenant une nouvelle normalité : éviction des allergènes, parfois pour toute la famille (pour limiter l'exclusion résultant d'un régime alimentaire différent), mais aussi organisation des voyages et sorties en intégrant l'allergie (certains amènent l'ensemble de leurs aliments dans leurs valises).
Concernant la santé mentale, en particulier lorsque les allergies sont multiples, les parents ressentaient un impact négatif avec une anxiété importante ainsi qu'un isolement social (difficulté de manger à l'extérieur mais aussi sensation d'incompréhension et d'absence d'aide voire exclusion en provenance des proches, des institutions). L'anxiété est quotidienne, un accident alimentaire potentiellement sévère pouvant survenir à tout moment, avec un sentiment d'insécurité mais aussi une anxiété pour l'avenir: leurs enfants porteront bientôt le fardeau de l'allergie alimentaire. A noter, une mère a rapporté une tentative d'intimidation envers son enfant survenue à l'école, un autre enfant l'ayant menacé de le forcer à manger un allergène, ce qui rajoutait de la peur à l'anxiété.
Pour parer à cette anxiété, certains se dirigeaient vers des activités de bien-être (par exemple le yoga) tandis que d'autres évoquaient une augmentation de leur consommation d'alcool.
Pensons à dépister et accompagner l'anxiété secondaire à une ou des allergies alimentaires ! 


C'était un petit Dragi webdo. Pensez à vous abonner sur Facebook, Twitter ou à la newsletter par mail et à la semaine prochaine!

@Dr_Agibus

2 commentaires:

  1. Le BJGP a inversé les données concernant la VPP et la VPN : C'est 100% pour la VPP et 3.5% pour la VPN ce qui est logique compte tenu des chiffres de sensibilité et spécificité

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    1. Bonsoir, sauf si leur tableau de contingence est totalement faux, c'est bien ça en tous cas... j'ai remis le tableau en image, les résultats donnés sont les bons. L'impression d'erreur vient du fait qu'il y a 5 fois plus de faux négatifs que de vrais positifs.

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