dimanche 29 mars 2020

Dragi Webdo n°263 : COVID-19, trouble du neurodéveloppement de l'enfant (reco HAS), insomnie/SAOS (reco US), chirurgie/lombalgie

Bonjour à tous ! J'espère que vous tenez le coup dans vos cabinets ou centres de santé, à l’hôpital, à la maison etc... Si ça ne va pas, si des images dures restent trop en tête, pensez à vous faite aider. Il y a plusieurs organismes de soutien souvent dans les structures, des associations comme ( www.asso-sps.fr/covid19 ). Bref, pensez à vous aussi.


1/ COVID-19

Au chapitre COVID-19 de la semaine, on a les communiqués de nombreuses sociétés savantes qui vont globalement dans le même sens : 
- l'ANSM demande à ce que l'hydroxychloroquine ne soit délivrée que dans son indication habituelle, 
- le HCSP rappelle qu'il n'y a pas de traitement qui puisse être recommandé et que l'utilisation de l'hydroxychloroquine ne peut s'intégrer que dans le cadre de protocoles après information des risques, 
- les académies de médecine et de pharmacie appuient le fait que l'utilisation de ces traitements n'est pas justifiée et s'inquiètent des conséquence des utilisations non raisonnées de l'hydroxychloroquine,
- le CNGE fait une analyse critique de l'article de Raoult retrouvant une efficacité de l'hydroxychloroquine et parle d'un petit essai contrôlé randomisé ne retrouvant pas de bénéfice pour conclure que ce traitement n'a actuellement pas sa place dans le traitement ambulatoire du COVID-19.

Le CNGE et l'académie de médecine ont également publié des communiqués justifiant scientifiquement la nécessité d'un dépistage massif de la population pour permettre un meilleur confinement et préparer la sortie du confinement

Un article du JAMA fait le point sur la place des ARAII et IEC dans le cadre des patients avec COVID-19. Ils confirment qu'il n'y a a ce jour pas de raison suffisantes pour arrêter ces traitements en contexte pandémie.

Le BMJ propose un guide pour gérer les patients suspects en téléconsultation par téléphone ou téléconsultation (visio nécessaire si symptômes sévères, comorbidités, patients anxieux ou mal entendants) Après l'évaluation de la respiration et des symptômes, leur proposition est assez simple: tant qu'il n'y a pas les red flags, maintien à domicile avec surveillance plus ou moins rapprochée:



2/ Pharmacovigilance

Dans le principe de la déprescription, les inhibiteurs de pompe à proton (IPP) sont à nouveau étudiés, cette fois-ci en observant leurs effets au long cours chez les patients avec un cancer. Cette revue narrative retrouve un risque majoré d'insuffisance rénale chronique, de fragilité osseuse, d'infections digestives (dont C. difficile) et d'anémie (notamment par diminution de l'absorption du fer). Le risque de cancers digestifs ne semble pas cliniquement pertinent. 


3/ Rhumatologie

Un essai contrôlé randomisé du NEJM a comparé le traitement chirurgical versus conservateur dans les lombo-sciatiques durant depuis 6 à 12 semaines chez 128 patients avec des douleurs évaluées à environ 8/10. La douleur dans la jambe (critère principal) était inférieure dans le groupe chirurgie à 6 mois (2,4 vs 5,2 sur 10, p<0,01) et à 12 mois. Il y avait également moins de douleur lombaire et un meilleur score fonctionnel. Il n'y avait pas plus d'effets secondaires dans le traitement chirurgical, 1 seul patient a dû être réopéré. Une option qui pourrait se justifier chez certains patients, mais un suivi plus long pourrait être intéressant.


4/ Pédiatrie

La HAS a publié un guide de repérage des troubles du développement de l'enfant. La partie la plus importante en médecine générale concerne la brochure de suivi pour les moins de 7 ans, avec une page à compléter par âge "clé": 6, 12, 18, 24, 36 mois et 4, 5, 6 ans. Cela permet d'adresser au mieux vers la plateforme de coordination et d’orientation des TSA/TND (lorsqu’elle existe).


5/ Neurologie-psychiatrie

Le BMJ a publié un article sur la prise en charge de la dépendance aux opioïdes illicites. Cet article permet de revoir les principales étapes de cette prise en charge (évaluation, plan de soins médicamenteux, modifications comportementales et rétablissement). Il est intéressant mais manque, je trouve, d'éléments pratiques.

Des recommandations américaines parlent de l'insomnie et du syndrome d'apnées du sommeil. Concernant l'insomnie, les auteurs recommandent en 1er lieu un traitement par psychothérapie congnitivo-comportementale.  L'auriculothérapie aurait peut-être une efficacité, mais les auteurs sont contre l'utilisation de la mélatonine, des anti-histaminiques, des benzodiazépines, de la valériane et de la camomille (comme quoi ils ne font pas la même analyse que d'autres). Les auteurs font en faveur d'un traitement court par benzodiazépine apparentée ou par 3 à 6 mg de doxépine (Quitaxon*, je ne le connaissais pas celui-là, c'est un tricyclique).
Concernant le dépistage du SAOS, les auteurs recommandent l'utilisation du questionnaire STOP (Snoring= ronflement, Tired= fatigue, Observed apnea= apnées remarquées par le.a conjoint.e, Pressure= HTA) qui est positif dès 2 items présents chez le patient. Pour un SAOS sévère (IAH>30), le traitement par pression positive est recommandé, mais entre 5 et 30, une orthèse d'avancée mandibulaire peut être proposée si le patient n'est pas motivé par l'appareil de pression positive (même si le bénéfice des traitements pour un IAH < 15 est peu clair).


6/ L'article quali de @DrePetronille

L'article suédois de la semaine parle de contraception et s'intéresse plus précisément au ressenti de 24 femmes sur leur sexualité sous contraception hormonale à travers une analyse thématique :
- La prise de conscience des effets du traitement hormonal survient le plus souvent au moment de l'arrêt, notamment lorsque la contraception est prise depuis longtemps : "être soi-même" et vouloir le rester amène à réfléchir aux moyens de contraception, hormonaux ou non, et à la balance bénéfice/effets indésirables du traitement pris ;
-  Les femmes rapportent une altération de la sexualité sous traitement hormonal: conditions défavorables locales (diminution de la  lubrification, sensations moins agréables) et générales (diminution du désir, de l'excitation et du plaisir). Pour les femmes présentant des dysménorrhées, en revanche, la contraception permettait de retrouver une sexualité plus épanouie, même s'il y avait une "uniformité" lors des cycles, en diminuant les douleurs et en améliorant le confort quotidien ;
- De même, les femmes rapportaient des troubles dépressifs en lien avec la prise de contraception hormonale, influant sur le choix de celle-ci. Ces troubles pouvaient avoir pour conséquence des troubles de la libido. Comme pour les dysménorrhées, les femmes souffrant de syndrome pré-menstruels trouvaient un bénéfice supérieur lié au traitement hormonal que ses effets indésirables ;
- Enfin, les auteurs ont exploré le rôle du prescripteur : à l'adolescence, celui-ci doit avoir un rôle plus directif puis, au fur et à mesure de la vie contraceptive, se diriger vers un accompagnement de la femme dans ses choix. L'existence d'une pathologie (par exemple l'endométriose) rajoute une difficulté dans les choix contraceptifs des femmes et nécessite une expertise du prescripteur. Dans tous les cas, il est nécessaire d'avoir une relation prescripteur-femme de qualité en explorant notamment les différentes expériences contraceptives ainsi que leurs connaissances et en leur donnant une information complète. 


C'est fini ! On vous dit bon courage, à la semaine prochaine et n'oubliez pas de vous abonner sur Facebook, Twitter ou à la newsletter par mail ou les 3! (Il faut inscrire votre e-mail tout en haut à droite sur la page, sans oublier de confirmer l'inscription dans le mail, dont l'objet ressemble à un nom de spam, qui vous sera envoyé.)

@Dr_Agibus

3 commentaires:

  1. Pour l'article rhumato je comprends que l'étude concerne les patients avec lombosciatique sévère évoluant depuis 6 à 12 semaines et pas 4 à 12 mois
    Merci pour la veille bibliographique !

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    1. Bonjour, tout à fait! J'ai eu un loupé sur ce point là ^^ Merci!

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