dimanche 26 avril 2020

Dragi Webdo n°267 : Acouphènes, MTEV, consommation médicaments, coordination/oncologie, traitement diabète

Bonjour, suite à tous vos commentaires, remarques et critiques, le blog sera modifié, adapté et amélioré grâce au travail phénoménal de @DrePetronille. Voici les articles que j'ai retenus cette semaine. Le billet sera court, bonne lecture!


1/ COVID-19

L'ANSM a publié des données sur la consommation des traitements pendant la période COVID. C'est intéressant de voir l'augmentation de dispensation d'antihypertenseurs, antidiabétiques, diurétiques et antidépresseurs. Est-ce que c'est lié à des décompensations ou les patients ont-ils anticipé leurs renouvellements pour ne pas avoir de pénurie? Bien évidemment, il y a une forte baisse dans la dispensation de ce qui nécessite un acte médical (vaccin, dispositifs intra utérins...). On voit bien la baisse de délivrance d'ibuprofène, les consignes ont été entendues. Mais la hausse de 145% de dispensation d'hydroxychloroquine et de 72% d'azithromycine est aussi visible...

L'Académie de médecine a écrit un communiqué plaidant pour le port de masques anti-projection en population générale.

Une publication du Jama décrit les caractéristiques des patients New-Yorkais atteints de COVID-19 et hospitalisés. Plus de 50% étaient hypertendus et 40% avaient un IMC >30. Seuls 20% avaient une SpO2 < 90% et 17% une fréquence respiratoire supérieure à 24. Ils avaient souvent une lymphopénie, une élévation des enzymes hépatiques, un syndrome inflammatoire biologique et une augmentation du BNP. Durant la période de l'étude parmi les 2634 patients pour lesquels un critère de jugement était connu, 14% des patients ont été admis en réanimation, 12% ont eu une ventilation mécanique et 21% des patients sont décédés. Les 3066 patients restants étaient toujours hospitalisés, depuis 4 jours et demi en moyenne.

2/ Cardiovasculaire

La revue Exercer a publié une synthèse des recommandations concernant la prise en charge des maladies thrombo-emboliques a destination des généralistes (les recos de spécialité sont disponibles ici et ). Il y a quelques points que je n'avais pas relevés concernant  l'intérêt de débuter l'anticoagulation dans l'attente du diagnostic de certitude. Les auteurs suggèrent de la débuter si risque élevé au score de Genève ou si risque intermédiaire et que le diagnostic ne pourra être établi dans les 4 heures ou si le risque est faible et que le résultats des D-Dimères ne sera pas disponible dans les 24 heures.


3/ Oncologie

Dans cet article du BJGP, parle de la place du généraliste dans le système de soins. Les auteurs retrouvent que les patients adressés rapidement par leur généraliste aux spécialistes pour une suspicion de cancer avaient une mortalité réduite en ce qui concerne les cancers du colon, du sein, du poumon et de la prostate. Ce bénéfice était lié au stade du cancer sauf pour le cancer du colon pour lequel le bénéfice était indépendant du stade.


4/ ORL

Le Jama parle des acouphènes dans une revue narrative. Devant des acouphènes il est nécessaire de rechercher un facteur déclencheur (traumatisme acoustique?), le type d'acouphènes (pulsatiles ou non) et s'ils sont associés à d'autres symptômes ORL (surdité, vertiges...). Après un examen clinique de la tête, des cervicales et un examen neurologique, une audiométrie est recommandée. Devant des acouphènes pulsatiles, une IRM injectée est indiquée (suspicion de lésion vasculaire ou d'hypertension intracrânienne). Le traitement est la Tinnitus retraining therapy: traitement d'habituation aux acouphènes. On peut aussi proposer des thérapies cognitivo-comportementales qui ont un niveau de preuve supérieur.


5/ Diabétologie

Le Lancet Diabetes &Endocrinology a publié une revue systématique concernant les traitements du diabète. La conclusion de cette revue incluant plus de 220 000 patients est que les traitements du diabète réduisent les évènements cardiovasculaires. Maintenant, on va surtout regarder par classe de médicament et on voit que seuls les analogues du GLP-1 et inhibiteurs de SGLT-2 diminuent les évènements cadiovasculaires (rien de neuf quoi). On voit que les glitazones pourraient aussi avoir un effet (mais ne sont plus autorisées en France), et que le contrôle intensif diminue les évènements cardiovasculaires mais on en a parlé ici déjà longuement. Dans les annexes, on voit que sur la mortalité, c'est bien les aGLP-1 et iSGLT2 qui apportent le bénéfice. On voit aussi qu'il n'y a pas d'étude évaluant seule la metformine...



6/ L'article quali de la semaine par @DrePetronille


Alors que les populations vieillissent, cet article paru dans le BMC Family practice a étudié les relations entre les soins premiers et les services sociaux et de santé communautaires (HSS) accompagnant les personnes âgées à travers des focus Group menés au Canada. Les HSS, souvent bénévoles, ont plusieurs rôles dont l'accompagnement des personnes âgées dans des missions telles que le bien être, les transports, la coordination, les visites à domicile. Les résultats ne sont pas surprenants : les sujets âgés polypathologiques ont plus de besoins en matière d'accompagnement social, le délai avant l'inclusion dans les programmes d'aide est souvent trop long (refus initial des familles, places limitées dans les structures d'accompagnement),  la communication est difficile entre les soins premiers et les services sociaux avec des dossiers administratifs complexes à monter.


Merci pour votre fidélité. Ce billet était assez court, j'espère que vous avez eu le temps de finir votre petit déjeuner quand même (pour les lecteurs du matin), et à la semaine prochaine !

 @Dr_Agibus

5 commentaires:

  1. Bonjour!
    Excellent billet comme d'habitude.
    Il me semble que la la phrase suivante peut prêter à confusion.

    "Durant la période de l'étude, 14% des patients ont été admis en réanimation et 24% des patients sont décédés."

    Cette phrase laisse entendre que 24% des patients de l'étude sont décédés.

    L'article dit:
    "As of April 4, 2020, for patients requiring mechanical ventilation (n = 1151, 20.2%), 38 (3.3%) were discharged alive, 282 (24.5%) died, and 831 (72.2%) remained in hospital."

    24,5% (282) des patients chez qui la ventilation mécanique a été nécessaire (20,2% des patients de l'étude n = 1151) sont décédés.

    Il y a eu 5700 patient inclus et 553 sont morts pendant la durée.
    Il est difficile de parler de mortalité puisque la majorité des patients sont sortis ou bien sont encore à l'hôpital en vie.
    Mais si on veut diviser ça fait 9,7%.

    Among the 2634 patients who were discharged or had died at the study end point, during hospitalization, 373 (14.2%) were treated in the ICU, 320 (12.2%) received invasive mechanical ventilation, 81 (3.2%) were treated with kidney replacement therapy, and 553 (21%) died (Table 5).

    Au total le texte de cette étude est écrit de manière très bizarre et a entraîné de nombreuses incompréhensions.

    Il serait intéressant que quelqu'un (de préférence un épidémiologiste ou un médecin de santé publique) se lance dans un billet sur les multiples indicateurs de la gravité et de la mortalité d'une maladie, et en particulier d'une maladie infectieuse. Je vois d'immenses confusions depuis janvier entre CFR (Case Fatality Rate) et IFR (Infection Fatality Rate) par exemple. Le ratio "décès / nombre de tests PCR positifs" est très impressionnant mais il en dit plus sur la capacité à tester que sur la gravité de la maladie et ne prend en compte le fait que les personnes qui décèdent un jour donné ont été infectées parfois plusieurs semaines avant.

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    1. Bonjour, merci beaucoup pour ce commentaire. En effet, difficile de bien interpréter ce genre d'études... j'ai reformulé la phrase pour essayer de la rendre plus claire. bonne journée!

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  2. Bonjour,
    On pourrait rêver que l'ordre des médecins jette un œil sur les prescriptions hors reco pendant la période Covid pour faire de la formation auprès de nos confrères volubiles du stylo!

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  3. Bonjour, je me pose la question de ce qui semble reconnu : la fréquence des hypertendus chez les victimes de covid graves.. en fait, je me suis rendue compte en cherchant que par exemple, en suisse (l'exemple que j'ai trouvé) 65% des plus de 65 ans étaient hypertendus ou du moins avaient un traitement antihypertenseur. et que ce pourcentage augmentait avec l'âge..; Du coup, le fait que 50% des patients hospitalisés dans l'étude soient hypertendus ne veut pas dire grand chose..peut être simplement que ce sont des gens âgés...il faudrait rapporter ce chiffre à l'âge des malades cad vérifier que par classe d'âge , il y a effectivement plus d'hypertendus ayant un covid grave comme on semble le dire.. mais je suis très mauvaise en statistiques et épidémio.. Qu'en pensez vous?

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    1. Bonsoir, les analyses sont "ajustées" sur l'âge, donc c'est une variable prise en compte. En gros, les analyses retrouvent que parmi 2 personnes du même âge, si un est hyperdendu, il a plus de risque d'avoir le covid sévère que celui qui ne l'est pas. Après, il y a souvent encore d'autres facteurs de confusion à prendre en compte. Merci du commentaire!

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