lundi 26 avril 2021

Dragi Webdo n°310 : Vaccin Covid, hypotension orthostatique, arrêt antidépresseurs, dépistage IST, fardeau, douleurs chroniques (NICE)

Bonjour (enfin bonsoir) ! Pour commencer, parlons du fardeau du traitement des patients multimorbides avec un article du BJGP. Il existe plusieurs questionnaires pour l'évaluer, mais des chercheurs ont proposé de l'évaluer avec une seule question: "Sur une échelle de 0 à 10, où 0 correspond à aucun effort et 10 à l'effort le plus important que vous puissiez imaginer, comment évalueriez-vous l'effort que vous devez fournir pour gérer votre état de santé ?" Ainsi, pour une réponse ⩾ 5,  la sensibilité de la question était de 89% et sa spécificité de 58%, ce qui est pas mal pour repérer et essayer d'alléger le fardeau des patients concernés. Voici les articles de la semaine, bonne lecture!

 

1/ Covid-19 :

Voici l'article du NEJM concernant l'efficacité du vaccin Janssen en 1 seule dose. Environ 40 000 patients âgés de 52 ans en moyenne (mais allant de 18 à 100 ans) et dont 40% avaient au moins 1 comorbidité ont été randomisés. L'efficacité était d'environ 65%-70% selon l'âge et la sévérité et atteignait 85% pour les formes les plus sévères. L'efficacité à J14 était un peu moins bonne en Afrique du Sud (52%) mais rejoignait les autres à J28. Les effets indésirables étaient des réactions locales chez 60% des patients (surtout la douleur) et systémiques chez 40% (notamment fièvre, fatigue et courbatures). Il y avait entre 2% de réactions sévères, comprenant 11 évènements thrombotiques veineux chez les vaccinés contre 3 dans le groupe placebo.

Pour continuer sur ce sujet, l'EMA confirme le risque thrombotique avec le vaccin Janssen mais maintient que la balance bénéfice-risque est favorable.

Le Lancet a publié un article montrant les nombre de sujet à traiter et les efficacité des différents vaccins (RRR= pourcentage d'efficacité, NNV: nombre de sujet à vacciner pour éviter 1 infection modérée à sévère, de mémoire car ce n'est pas reprécisé dans cet article):

 

Et pour finir, on va parler de la 5G  (dans la partie vaccin du Covid, bien sûr!); car l'Anses a publié son rapport sur cette technologie. Il n'y a pas de nouveau risque mis en évidence, et l'utilisation de bandes de fréquences autour de 3,5 GHz ne semble pas présenter pas, à l’heure actuelle, de nouveaux risques pour la santé. Quand on passera aux bandes de 26 GHz, il y aura potentiellement une exposition de la peau ou de l’œil, mais ces niveaux d'exposition sont estimés faibles et ne laissent, pour le moment, pas présager de conséquences sanitaires.

 

2/ Cardiovasculaire :

Le BMJ a publié un article sur l'hypotension orthostatique. Bien que les définitions varient un peu, globalement elle se définit comme une baisse de 20mmHg de PAS ou de 10mmHg de PAD dans les 3 minutes après s'être levé. (On en avait parlé ici, c'est à 1 min que c'est le plus important). Une dysautonomie (absence d'augmentation de la fréquence cardiaque d'au moins 15/min au à l'orthostatisme) est évocatrice d'une cause neurologique. 

Il faut penser à la rechercher devant tout malaise, ou symptôme survenant aux changements de position. On peut également la rechercher chez tout patient avec maladie de Parkinson ou diabète ou hypertendu de plus de 80 ans. Le bilan initial passe par la recherche d'une cause iatrogène avant tout. Ensuite, on peut compléter le bilan par une NFS, recherche de diabète, dosage de vitamine B12, et éventuellement ECG ou ETT si on suspecte un trouble du rythme ou une cardiopathie.

Le traitement repose sur les règles hygiéno-diététiques (se lever doucement, boire abondamment, utiliser un moyen de compression veineuse, faire de l'exercice physique, éviter l'alcool et les bains chauds...). Chez les patients hypertendus, c'est plus à cause du nombre de médicaments plutôt que de la cible tensionnelle en elle même. (Enfin notons qu'il existe une HTA orthostatique, majoration de 20mmHg en se levant, qui est associée à un sur-risque cardiovasculaire, mais on ne sais pas ce qu'il faut en faire)

 

3/ Psychiatrie :

Une revue de la Cochrane s'est intéressée à l'arrêt des antidépresseurs prescrits pour dépression ou anxiété. Les auteurs retrouvent avec un faible niveau de preuve que l'arrêt brutal ou même progressif augmente le risque de rechute. Ce qui permet d'obtenir un arrêt satisfaisant c'est d'accompagner un arrêt progressif d'une psychothérapie (entre 40% et 75% de succès). Dans les études, les baisses étaient effectuées sur des périodes de moins de 4 semaine en général. Un des problèmes de l'analyse des articles résidait dans le fait que les symptômes de rechute se confondent souvent avec les syndromes de sevrage. 

 

4/ Infectiologie :

Les canadiens ont émis des recommandations concernant le dépistage des infections à chlamydia et gonocoque. Ils recommandent, avec un de très faible niveau de preuve, de dépister ces 2 infections annuellement chez les patients de moins de 30 ans indépendamment de leurs facteurs de risque.

 

5/ Douleurs :

Le BMJ a publié un article s'intéressant aux douleurs chroniques et reprenant les recommandations du NICE. Les auteurs recommandent d'avoir une approche centrée patient et de chercher une cause de la douleur sachant que des douleurs primaires peut s'associer à des douleurs secondaires à une pathologie. L'entretien doit déterminer le retentissement de la douleur sur le quotidien et le retentissement du quotidien sur la douleur. La prise en charge passe essentiellement par des traitement non pharmacologiques personnalisés comme des exercices supervisés en groupe,  des TCC voire de l'acupuncture, mais les TENS et les thérapies par ultrasons ne sont pas recommandés car il n'y a pas de bénéfice prouvé. Les antidépresseurs (amitriptyline, citaloprame, duloxetine, fluoxetine, paroxetine, ou sertraline) peuvent éventuellement être proposés. Cependant, il semble préférable de se passer d'antalgiques locaux, de gabapentinoïdes, d'opiacés, d'AINS et de paracetamol.


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A la semaine prochaine !

@Dr_Agibus et @DrePetronille


4 commentaires:

  1. Bonjour

    Dans le paragraphie Covid19, vous écrivez :
    "L'efficacité était d'environ 65%-70% selon l'âge et la sévérité et atteignait 85% pour les formes les plus sévères. L'efficacité à J14 était un peu moins bonne en Afrique du Sud (52%) mais rejoignait les autres à J28. "

    Mais quel est le critère d'efficacité retenu par l'étude :
    Le décès?
    Les cas graves?
    Les entrées en réanimation?
    La montée des anticors?
    Autre?

    Merci de bien vouloir préciser.

    Cordialement

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    1. Bonjour,
      Merci du commentaire. Comme c'est similaire entre chaque sous groupe j'ai résumé ainsi. Pour plus de clarté il s'agit 1/ toutes formes, 2/ des formes légères, 3/ des formes modérées 4/ des formes modérées à très sévères, qui ont cette efficacité enter 65 et 70%. (seules les très sévères étaient réduites de 85%). Merci

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  2. Hello!

    Très intéressant le graphique du Lancet sur les vaccins.
    2 questions:
    - les données sur AZ sont celles de l’ECR et pas celles de l’étude de cohorte écossaise c’est bien ça ?
    - comment ça se fait que le NNV soit plus grands pour les vaccins ARNm alors que leur efficacité est meilleure ?

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    1. Bonjour,
      Oui, normalement, ce sont celles des ECR. Les NNV sont plus grand mais il faut se rappeler qu'en vrai ils ne sont pas comparables entre eux, car ça dépend des carac des patients, de la prévalence etc qui diffère selon les lieux et les moments des études (et les ARNm sont plus efficaces en terme de réduction relative du risque, mais les NNV sont tirés des réductions absolues)
      merci

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