Bonjour, voici les actualités de la semaine, bonne lecture !
1/ Pharmacovigilance
L'ANSM aborde le risque d’interactions entre médicaments et produits contenant du CBD. En effet, les interactions peuvent conduire à une augmentation des effets indésirables du CBD ou modifier l'efficacité et la tolérance d'un autre traitement. Il y a des interactions décrites avec les morphiniques, les anticoagulants, les hypolipémiants, la levothyroxine, le repaglinide, les IPP, la rifampicine, les IRS et les tricycliques, les anti-épileptiques et les benzodiazépines.
2/ Cardiovasculaire
Un article de Circulation revient sur l'impact des définitions de l'HTA, dont les seuils ont été régulièrement abaissés ces dernières années, et le bénéfice des traitements. Si la proportion de patients hypertendus ne bouge pas (30% dans la cohorte Constances), les patients avec "PA élevée" passe de 18% avec les seuils de 2018 à 53% avec les seuils 2024! On voit effectivement que, par rapport aux patients avec une PA < 120/70mmHg, ceux ayant une PA > 120/80mmHg ont un sur-risque d'IDM et ceux avec une PA > 130/85mmHg ont un sur-risque d'AVC. Cependant la prévalence d'IDM et d'AVC dans ces catégories limites est respectivement de 0,4% par an et 0,5% par an, contre 1% par an et 1% par an dans les catégories "réelles d'HTA".
3/ Psychiatrie
Le JAMA aborde les troubles du comportement alimentaire. Ils atteignent 2-5% des personnes au cours de leur vie et majoritairement des femmes. L'important est essentiellement d'évaluer la sévérité du trouble pour discuter de la prise en charge ambulatoire ou hospitalière.
- L'anorexie correspond à une restriction sévère des apports alimentaires, un très faible poids, et un peur intense de prendre du poids. Il y a plusieurs formes (restrictive pure, anorexie-boulimie avec conduire de purges...). Parmi les conséquences, il y a des troubles hydro-électrolytiques, des hypotensions, des bradycardies, de l’ostéoporose et des fractures. La prise en charge repose sur la restauration du poids avec des thérapies comportementales, et éventuellement une thérapie familiale chez les adolescents. Les médicaments sont peu efficaces.
- La boulimie correspond à une prise massive d'aliments avec perte de contrôle suivie de conduites de purge (diurétiques, laxatifs, sport excessif...) survenant au moins 1 fois par semaine pendant 3 mois chez des patients avec préoccupations sur les poids ou l'apparence corporelle. L'IMC est généralement normal. Les complications sont essentiellement liées aux conduites de purge: érosion dentaires hypertrophie parotidiennes. Les TCC et les IRS, notamment la fluoxétine 60mg/j, sont efficaces.
- L'hyperphagie-boulimie comporte des prises massives d'aliments avec perte de contrôle (prises très rapides, sensation pénible de distension abdominale, manger seul car gêne liée aux quantités prises, dégoût de soi après les prises). Il y a une détresse liée à ces prises alimentaire qui surviennent au moins 1 fois par semaine pendant 3 mois et il n'y a pas de conduites de purges. Les patients sont majoritairement en obésité. Les TCC et les antidépresseurs sont efficaces. La lisdexamphétamine est également proposée.
- L'ARFID (avoidant/restrictive food intake disorder ou trouble de restriction ou évitement de l’ingestion d’aliments) correspond à des évictions alimentaires non liées à un trouble de l'image corporelle, mais plutôt à la texture, la couleur ou à un évènement tel que des vomissements après une prise. L'ARFID touche majoritairement des enfants. Il peut y avoir de carences, des troubles de la croissance, des troubles de la puberté et des troubles psychologiques. Le traitement n'est pas bien étudié mais repose à ce jour sur des TCC.
Le NICE a publié des recommandations concernant l'addiction aux jeux d'argent. Les auteurs proposent un dépistage en même temps que les autres addictions (tabac, alcool, drogues) du type "est ce que vous jouez aux jeux d'argent?" ou "Êtes-vous inquiet de votre propre comportement aux jeux ou de celui d'une autre personne ?". Les populations à risques, et donc particulièrement importantes à dépister sont les patients avec comorbidité psychiatriques (dépression, anxiété, stress post traumatique, TDAH, addiction autres...), ceux sous agonistes dopaminergiques ou aripiprazole, ceux avec problème d'argent ou SDF, ceux en contact avec le milieu carcéral (police, travailleurs pénitenciers), les anciens militaires ou sportifs. Après évaluation des risques, la prise en charge repose sur les TCC, la mise en place de mesures (exclusion des salles, blocages de sites en ligne, sauvegarde de justice, aide a la prise en charge des dettes, retrouver un emploi...). Sur le plan médicamenteux, la naltrexone est le seul traitement semblant efficace.
On avait déjà vu les meilleurs traitements dans l'anxiété généralisée ici. Pour avoir une idée de la taille d'effet, cette revue Cochrane trouve le NNT des IRS pour réduire de 50% le score d'anxiété de Hamilton était de 5 patients à 3 mois et de 7 patients à 6 mois avec les IRSNa.
4/ Néphrologie
Les recommandations du KDIGO sur la maladie rénale chronique 2024 ont été publiées. Les auteurs recommande d'utiliser la créatininémie et le rapport albuminurie/créat pour dépister les patients à risque de MRC, mais si la cystatine-C est disponible, il faut mieux évaluer le DFG avec, en plus du DFG estimé par créatininémie. Un point intéressant est qu'ils recommandent d'éviter l'utilisation de la race dans les équations. Chez les patients avec un DFG <60ml/min, l'utilisation d'un score d'évaluation du risque absolu d'insuffisance rénale est recommandé (type KFRE). Un score entre 3% et 5% à 5 ans peut indiquer un avis néphrologique. Un score > 10% nécessite une prise en charge en équipe pluridisciplinaire et > 40% préparer la dialyse ou la transplantation. Les auteurs recommandent un iSGLT2 en cas de diabète et à poursuivre même si DFG < 20ml/min, mais interrompre en cas de situations aiguës à risque d'acédocétose. Les iSGLT2 sont également recommandé en l'absence de diabète si insuffisance cardiaque ou RAC ≥200 mg/g (≥20 mg/mmol) (1A) ou si DFG < 45ml/min avec RAC normal (2B). Les hypo-uricémiants ne sont pas indiqués en l'absence de symptômes. Enfin, une statine est recommandée après 50 ans si MRC notamment si DFG < 60ml/min.
5 / Infectiologie
Très rapidement, voici un traitement de PrEP injectable, le lenacapavir, qui serait efficace avec une seule injection annuelle basée sur la concentration plasmatique dans une étude de phase 1. Affaire à suivre !
6/ Rhumatologie
Cette revue Cochrane a étudié les antidépresseurs dans les lombalgies aiguës et chroniques. Une efficacité est trouvée uniquement dans les lombalgies chroniques (> 3 mois), avec les IRSNa (notamment duloxétine) réduisant la douleur lombaire ou la radiculalgie d'environ 10 points sur 100 sur l'EVA par rapport au placebo , et améliorant légèrement le score fonctionnel. Les tricycliques avaient un effet similaire, mais seulement sur la radiculalgie et le score fonctionnel.
7/ Métabolique
Cette étude française a randomisé des patients avec sclérose en plaque en placebo versus vitamine D 100 000 UI tous les 15 jours. L'activité de la maladie était présente chez 60% des patients traités contre 74% sous placebo (NNT= 7 !). Compte tenu du nombre d'études sur la vitamine D, le principe statistique de la multiplication des études sur un sujet, c'est que parfois, ça marche par hasard. Donc à confirmer par d'autres études.
L'ANSES a publié un rapport sur les régimes végétariens. Les auteurs trouvent qu'un régime végétarien est légèrement associé à un plus faible risque de diabète qu'un régime avec de la viande avec un niveau de preuve modéré. Les autres associations sont d'un niveau de preuve faible. Les végétariens ont du mal couvrir leurs besoins nutritionnels en omega 3 et en vitamine D, et les végétaliens en B12 et Zinc. Pour reprendre les définitions :
- lacto-ovovégétarien : se dit d’un régime excluant les produits animaux à l’exception des œufs et dérivés, du lait et des produits laitiers et du miel.
- ovovégétarien : se dit d’un régime excluant les produits animaux à l’exception des œufs et dérivés et du miel
- lactovégétarien : se dit d’un régime excluant les produits animaux à l’exception du lait et des produits laitiers et du miel ;
- végétalien : se dit d’un régime excluant tous les aliments d’origine animale.
C'est concordant avec la revue de Nature sur le sujet concernant le risque de diabète, mais le régime méditerranéen reste celui réduisant le plus la mortalité, ce que ne fait pas le régime végétarien.
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