Faisons un point de terminologie concernant les "troubles fonctionnels"
aussi appelés "symptômes médicalement inexpliqués" (SMI). Cet article propose
un changement d'appellation pour aller vers des "symptômes somatiques
persistants", car le mécanisme de ces symptômes est maintenant bien
expliqué et que le "médicalement inexpliqué" pourrait conduire à des
prises en charges "non médicales" injustifiées. Ces "symptômes
somatiques persistants" nécessitent bien une prise en charge médicale
personnalisée, intégrant des thérapies ayant prouvé une efficacité comme
les TCC.
Le BMJ (encore)
aborde les douleurs chronique. Cet article se concentre sur la
définition. Il est assez aisé d'y penser devant les critères purement
"douloureux" : douleurs diffuses, depuis plus de 3 mois, avec échec des
traitements introduits, et parfois avec un diagnostic d'une douleur
chronique déjà posé. Cependant, il faut y penser également devant des
symptômes non douloureux associés : un sommeil non réparateur, une
asthénie, des troubles de l'humeur, une hypersensibilité visuelle,
auditive ou au toucher, et des troubles mnésiques ou de concentration.
Enfin, la consultation peut faire apparaître que le patient est
"allergique" à de nombreux traitements, a de nombreuses maladies +/-
bien identifiées, et que la douleur affecte la vie professionnelle,
familiale et les loisirs du patient. Enfin, le patient et le médecin
peuvent se sentir débordés lors de ces consultations. Ces éléments
doivent être des points de vigilance pouvant faire évoquer une douleur
chronique si elle n'apparaissait pas de façon évidente, pour prendre en
charge le patient, souvent de façon non pharmacologique en rejoignant
celle des syndromes médicalement inexpliqués.
Profitons de parler de douleur pour vous partager cette infographie créée par les kinésithérapeutes du podcast Le Temps d'un Lapin.
1/ Recommandations
2023: La
HAS a
présenté un parcours de soins pour les patients atteint de douleurs
chroniques. Si on regarde ce qui est recommandé en médecine générale, il
est d'abord nécessaire d'évaluer le parcours initial du patient (début
des douleurs, diagnostics posés, évolution, la nécessité d'arrêt de
travail). Ensuite, les auteurs recommandent une évaluation du type de
douleur DN4, des caractéristiques de douleurs QCD (questionnaire concis
de la douleur), et évaluation du risque de mésusage d'antalgiques
(POMI). Une fois le retentissement évalué, les projets et attentes du
patients sont a évaluer. Le parcours ambulatoire s'articule autour du
MG, des kinésithérapeutes, du pharmacien, du psychologue, du médecin du
travail. Si besoin il faut adresser ensuite aux "niveau 2 et 3" qui sont
les centres spécialisés. La fiche n'est pas très "pratique" en vrai,
c'est dommage...
2022: Le
CDC a
publié des recommandations concernant la prescription d'opioïdes. Ces
recommandations sont très concordantes avec celles de la
HAS.
Tout d'abord, les auteurs incitent à utiliser des traitements non
opioïdes qui sont aussi efficaces que les opioïdes dans la plupart des
douleurs aiguës (musculo-squelettiques, post-opératoires, migraines,
lithiases...). Dans les douleurs sub-aiguës ou chroniques, il est
préférable de ne pas utiliser d'opioïdes. La balance bénéfice risque
doit être évaluée avant l'introduction, en particulier après 65 ans, en
cas de coprescription d'une benzodiazépine, de SAOS, d'insuffisance
rénale ou hépatique. Si le patient est à risque de surdosage, de la
naloxone peut être co-prescrite. Quand un opioïde est prescrit, il est
recommandé d'utiliser des doses d'action "rapide" à faible dose
(5-10mg/prise, 20-30mg/j), et de les réévaluer à 14 jours maximum. Quand
les bénéfices des traitements opioïdes ne sont plus perçus ou sont
dépassés par les risques, une décroissance progressive est recommandée
avant d'arrêter: une baisse de 10% maximum par mois est proposée chez
les patients sous opioïdes depuis plus d'un an.
2022: Le
BJGP parle
de la prise en charge des douleurs chroniques pour "les médecins
surchargés" en résumant les recommandations du NICE. En premier lieu, le
NICE recommande des traitements non pharmacologiques: l'activité
physique, la rééducation supervisée, les thérapies
cognitivo-comportementales, les thérapies d'acceptation et l'acupuncture
(5 sessions maximum). Les auteurs recommandent de ne pas prescrire
d'antalgiques classiques (paracetamol, ains) ou complexes
(gabapentinoides, opiacés, corticoïdes, produits dérivés du cannabis,
benzodiazépines ou antalgiques locaux) compte tenu d'une balance
bénéfice/risque négative avec des effets secondaires importants et des
dépendances. Cependant, ils recommandent l'utilisation d'antidépresseurs
qui améliorent la qualité de vie, le sommeil, la douleur et le
retentissement psychologique. La duloxétine serait la plus efficace
versus placebo avec un NNT de 6 patients à traiter pour réduire de 50%
la douleur, mais en l'absence de comparaison directe avec d'autres
antidépresseurs, le choix de la molécule est à personnaliser selon le
patient.
2022: La
HAS
a mis à jour ses consignes de bon usage des opioïdes. Y sont présentées
notamment les recommandations pour les douleurs aiguës et chroniques
non cancéreuses ainsi que celles d'origines cancéreuses en incluant les
patients ayant un traitement substitutif aux opiacés ainsi que la
prévention des troubles de l'usage liés aux opiacés. Dans les points
importants, il y a la réévaluation rapprochée, l'évaluation du risque de
trouble de l'usage (avec le
POMI dans
le cadre d'une prescription pour douleur) et la prescription de
naloxone à discuter à chaque prescription ("kit de naloxone prêt à
l'emploi").
En
médecine de ville, il est notamment recommandé de commencer par
prescrire uniquement un opioïde à libération immédiate, pour une durée
de 14 jours à réévaluer, avant de discuter d'un passage à une forme à
libération prolongée si les douleurs persistent de façon intense, et de
ne pas dépasser 120mg/j d'équivalent de morphine orale (devant l'absence
de bénéfice à des doses supérieures).
Concernant
la prescription d'un traitement de substitution aux opioïdes, la
méthadone est à préférer à la buprénorphine si une réduction de la
consommation est envisagée. Pour planifier un arrêt, la buprénorphine
est plus sûre, si c'est en accord avec les préférences du patient. Il
est recommandé de débuter la buprénorphine à 4mg initiaux puis 4mg si
besoin à +2h en l'absence de signes de sevrage ou 8mg d'emblée si
signes de sevrages légers à modérés. [Pour substituer du tramadol,
LR Prescrire
dit plutôt 2mg renouvelable 2
fois initialement et de bien attendre au moins 24h l'arrivée des
premiers symptômes de sevrage]. L'augmentation de la dose se fait par
pallier de 2 à 8mg/j jusqu'à 24mg (en général 16 suffisent). La forme
sublinguale et la forme lyophilisat ne sont pas interchangeables, la
2ème permet une absorption plus rapide (biodisponibilité +30%) et
apparait plutôt comme une alternative et à une dose max de 18mg/j. Le
sevrage en médicament peut ensuite être débuté après plusieurs mois ou
années de traitement. Une réduction de 25% de la dose toutes les 1 à 4
semaines est proposée. La méthadone (prescription initiale spécialisée)
s'initie à 20-40mg/j avec une augmentation de 5-10mg tous les 3 à 5
jours en s'assurant de l'apparition de symptômes de sevrage avant
d’augmenter (et non d'intoxication). L'objectif est une posologie entre
60 et 120mg/j. Le sevrage en médicament, quand il sera envisagé, est
plus lent : 5-10% toutes les 1 à 4 semaines (attention au risque de
prise d'autre médicament lors du sevrage).
2021:
Le BMJ a
publié un article s'intéressant aux douleurs chroniques et reprenant
les recommandations du NICE. Les auteurs recommandent d'avoir une
approche centrée patient et de chercher une cause de la douleur sachant
que des douleurs primaires peut s'associer à des douleurs secondaires à
une pathologie. L'entretien doit déterminer le retentissement de la
douleur sur le quotidien et le retentissement du quotidien sur la
douleur. La prise en charge passe essentiellement par des traitement non
pharmacologiques personnalisés comme des exercices supervisés en
groupe, des TCC voire de l'acupuncture, mais les TENS et les thérapies
par ultrasons ne sont pas recommandés car il n'y a pas de bénéfice
prouvé. Les antidépresseurs (amitriptyline, citaloprame, duloxetine,
fluoxetine, paroxetine, ou sertraline) peuvent éventuellement être
proposés. Cependant, il semble préférable de se passer d'antalgiques
locaux, de gabapentinoïdes, d'opiacés, d'AINS et de paracetamol.
2020: Des recommandations françaises sur la prise en charge des
douleurs neuropathiques
(DN) ont été publiées. Rien de très novateur à vrai dire, mais le
schéma récapitulatif peut aider les médecins. Notons que les traitements
de DN localisées et ceux de 3ème ligne sont plutôt réservés aux centres
spécialisés, soit du fait d'un niveau de preuve plus faible, soit pour
des conditions de mise en place complexes en ambulatoire. Dans les
IRSNa, la duloxétine est à privilégier devant la venlafaxine. Parmi les
anti-épileptiques, la gabapentine est privilégiée devant la prégabaline
compte tenu des risques plus importants de dépendance et de mésusage
notamment. Encore une fois, le tramadol est mis en avant, on connait
pourtant ses risques supérieurs à ceux de la codéine parmi les
antalgiques de palier 2.
[Édit:]
Pour ce qui est des emplâtres à la lidocaïne, ils sont hors AMM sauf en
cas de douleurs neuropathiques post zostériennes.
2017: L'
académie de médecine américaine a
publié des recommandations sur les traitements non invasifs. On y
retrouve notamment les "trucs chauffants", l'acuponcture et les
massages, et en cas de traitement médicamenteux: les AINS et
myorelaxants en première intention , puis le tramadol et la duloxetine
en cas de lombalgie chronique résistant aux AINS. Malgré les niveaux de
preuve "modéré" énoncés pour la plupart de ces traitements, et une
certaine concordance avec les recos du
NICE sur
le sujet, j'ai du mal a croire à des reco mettant les myorelaxants en
première intention alors qu'ils n'ont jamais démontré de bénéfice selon
la Revue Prescrire.
2016: La
HAS a
publié des recommandations à propos des alternatives à la codéïne chez
l'enfant. Pour une médecine de ville, on y retrouve les classiques:
doliprane, ibuprofène et le tramadol pour lequel il faut préférer les
faibles doses à savoir 1mg/kg/6h (les effets indésirables étant
sensiblement les mêmes que ceux de la codéïne...). La codéïne reste
"utilisable" après 12 ans en échec des traitements de pallier 1. Pour
revenir sur l'ibuprofène, la HAS note qu'il soulage mieux que les
antalgiques de pallier 2, notamment aigues et en traumatologie.
Cependant, le sur-risque infectieux est quand même signalé en cas
d'infection pulmonaire, cutanée ou ORL. Il est amusant de voir que dans
le tableau récapitulatif des traitements selon les pathologies, seule la
pharyngite est notée, l'amygdalite étant probablement un terrain
glissant que n'ont pas voulu prendre les membres du comité de rédaction
(dire qu'on devrait éviter les AINS froisserait BigPharma?)
2016: Les américains ont publié des
recommandations pour
la prescription d'antalgiques des morphiniques, relativement axées sur
les soins primaires. Pour résumer, après échec des antalgiques autres et
évaluation de la balance bénéfice-risque propre au patient, le
traitement doit être débuté par un morphinique d'action rapide, au plus
faible dosage efficace possible. Il est recommander de ne pas dépasser
50mg d'équivalent morphinique par jour, et déconseiller de dépasser
90mg. (Souvent quand on est obligé d'en mettre, les doses sont bien
supérieures à ça je trouve...). Pour les pathologies aigües, 3 jours de
traitements sont une durée raisonnable, et il faut éviter de dépasser
les 7 jours. Pour les douleurs chroniques, il faudrait faire une
recherche urinaires d'opioïdes avant d'instaurer le traitement (pour
être sur que le patient ne soit pas un junky en manque?). Enfin, ne pas
en prescrire en co-prescription avec des benzodiazépines.
2014:
Pour ce qui est de la prise en charge des douleurs paroxystiques liées aux cancer, la HAS a publié une fiche sur l'utilisation du fentanyl,
morphinique d'action rapide par voie transmuqueuse qui peut être
utilisé pour ce type de douleurs, en plus d'autres traitements de fond
de pallier III.
2/ Traitements pharmacologiques
La Cochrane a
comparé l'efficacité du paracetamol et des AINS dans l'antalgie des
traumatismes des tissus mous. Les auteurs ne retrouvent pas de
différence sur la douleur à 1 ou 2 heures de la prise ni à 2 ou 3 jours.
Cependant il y avait d'avantage d'effets indésirables digestifs avec
les AINS. Par rapport aux opioïdes, les AINS avaient moins d'effets
secondaires pour une efficacité antalgiques similaire.
Une nouvelle revue systématique d'Annals of Internal Medicine
parle du cannabis dans la prise en charge des douleurs. Il semble
apporter un bénéfice modéré à court terme, mais des effets indésirables à
type de sédation, vertiges et nausées sont fréquents, notamment en cas
de produits avec des ratio THC/CBD élevés. C'est concordant avec les
données précédentes dont nous avions parlé (cf ici).
Le BMJ aborde
le sujet du cannabis thérapeutique dans la prise en charge des douleurs
chroniques cancéreuses, non cancéreuses et neuropathiques. Les auteurs
de cette revue retrouve que le cannabis est efficace pour réduire les
douleurs (NNT= 10 patients) et améliorer l'état fonctionnel (NNT= 25) à 4
mois au prix de troubles de l'attention (NNH=33) , de troubles cognitif
(NNH=50) et de somnolence (NNH=20). Il est recommandé d'instaurer le
cannabidiol à faible dose et d'utiliser une voie d'administration non
inhalée.
On avait parlé du cannabis thérapeutique ici. Voici une revue systématique
concernant l'usage de CBD et THC dans les douleurs neuropathiques. Dans
cette étude, l'utilisation de CBD, THC et dronabinol réduisaient la
douleur de 6 à 9 points sur une échelle de 0 à 100 et les patients
avaient environ 80% de chance d'obtenir une réduction de 30% de la
douleur par rapport au placebo. Les effets indésirables étaient de
l'anxiété, une sédation, des vertiges, des nausées, de la fatigue, une
bouche sèche et de la toux.
Après son évaluation dans les douleurs (cf
ici), le
BMJ a
publié une revue concernant la balance bénéfice/risque des
cannabinoïdes médicaux de façon plus large grâce a une revue
systématique intégrant 101 méta-analyses. De façon générale, chez des
patients atteints de troubles douloureux ou de diverses pathologies
(sclérose en plaques, douleur chronique, maladies inflammatoires de
l'intestin et médecine palliative), les cannabinoïdes médicaux
améliorent les nausées et vomissements, la douleur (-30%), la spasticité
et parfois la qualité de vie. Cependant, ils augmentent les troubles du
système nerveux central (x3), les troubles psychologiques (x3), les
troubles visuels (x3), les troubles digestifs non spécifiques et la
somnolence. De plus, le cannabidiol a un effet anti-épileptique (-50% de
crises) mais augmente le risque de pneumopathie, de somnolence et de
troubles digestifs. En population générale, les cannabinoïdes augmentent
les accidents de voiture (+20%), les symptômes psychotiques (x5) et
plus globalement les symptômes psychiatriques (x7) mais diminuent la
sensation douloureuse et le sentiment de déplaisir. Chez la femme
enceinte, des RCIU et des troubles néonataux ont été retrouvés. Au
total, les cannabinoïdes sont dangereux en l'absence de maladie ou en
cas de trouble psychiatrique, mais peuvent avoir leur utilité dans
certaines maladies douloureuses et l'épilepsie au prix d'effets
indésirables non négligeables.
Passons à un antalgiques plus soft. Les
AINS ont
été étudiés dans une méta-analyse sur la gonarthrose et la coxarthrose.
Je ne m'attarderai pas sur la méthodologie complexe (méta-analyse en
réseau et modèle multivarié a effet aléatoire Bayésien... que je ne
connais pas vraiment), mais l'étude retrouve que le diclofenac 150mg/j a
le meilleur effet antalgiques, suivi l'ibuprofène à 2400mg/jour et le
naproxène (J'ai retiré les coxibs du classement parce que leurs effets
indésirables sont disproportionnes). Les effets indésirables ne sont
absolument pas discutés, mais je vous mets 2 figures incontournables: la
première montrant la taille d'effet par rapport au placebo, et la
seconde montrant le classement en fonction de cette taille d'effet et la
probabilité d'atteindre une différence cliniquement pertinente (MID).
Bref, si on recoupe ça avec ce que dit Prescrire: Naproxène et
Ibuprofène c'est pas si mal.
Le JAMA parle des
AINS topiques.
L'article retrouve que pour soulager les douleurs
musculo-squelettiques, ils ont une efficacité clinique, sans
augmentation significative des effets indésirables , par rapport au
placebo. Ces études en populations générales ne doivent cependant pas
faire oublier que chez des patients à risque rénale ou traités par
inhibiteurs du système rénine angiotensine, le passage systémique se
produit tout de même et les effets indésirables rénaux peuvent également
survenir (Cf La Revue Prescrire qui ne cesse de le répéter).
Plus facile d'accès, les
AINS topiques.
Les gels de diclofenac, ibuprofen, ketoprofen, piroxicam,
etindomethacin ont une efficacité démontré sur la diminution de la
douleur des patients, avec un nombre de sujet à traité plus faible pour
obtenir l'effet avec le diclofenac. Les effets secondaires n'étaient pas
plus fréquents qu'avec le placebo. Le principal biais de cette revue,
c'est l'ensemble des données non disponibles sur les AINS d'usage
courant sans ordonnance : y'a donc des milliers de patients potentiels à
inclure pour avoir un très bon reflet de l'efficacité en vie réelle!
Le
BMJ parle
des traitements des douleurs chroniques en s'intéressant à la
prégabaline et à la gabapentine. Ils marchent bien sur les douleurs
neuropathiques et sont recommandés en 1ère intention. Le NNT de la
prégabaline>600mg/j est environ de 10 pour une réduction de douleur
de 50% avec un NNH d'arrêt pour effet indésirable similaire. Pour la
gabapentine>1200mg/j, le NNT est plutôt de 6, et le NNH de 30. Donc
avantage à la gabapentine. Pour limiter les arrêts prématurés, les
auteurs recommandent de débuter à faible dose et de stopper
l'augmentation au moment de l'apparition de symptômes voire de rebaisser
la dose. Si on regarde les antidépresseurs, les tricycliques ont un NNT
de 3,6 et les IRSNA de 6,4. Donc ils marcheraient moins bien au final.
Enfin, ces antiépileptiques ont une efficacité prouvée dans les douleurs
neuropathiques mais pas sur les lombalgies, les sciatiques et les
migraines (alors que le
HAS disait justement de les utiliser dans les radiculalgies)
Un article revient sur l'efficacité de la
gabapentine de
1200 à 3600mg/j chez les patients avec neuropathie diabétique et
douleurs post-zoostériennes. Les auteurs retrouvent une amélioration
chez deux fois plus de patients par rapport au placebo, correspondant à
un NNT de 6 patients. Les effets indésirables perçus étaient
essentiellement de la fatigue, un sensation de malaise, des troubles de
l'équilibre et des œdèmes périphériques (NNH= 7). Donc c'est une option,
parmi les autres si le n'était pas supporté ou inefficace.
Mis à part les
antiépileptiques dont
nous avons déjà parlé dans les douleurs chroniques, il y a aussi les
antidépresseurs qui ont le doit à leur article dans le
BMJ.
La duloxétine a une efficacité modérée sur les lombalgies, la
fibromyalgies, les douleurs post-opératoires, les douleurs
neuropathiques, les douleurs de gonarthrose avec une réduction de
douleur entre -5 et -10 points sur 100 (les autres IRSNA sont moins
étudiés). Les IRS (paroxetine, fluoxétine, escitalopram) réduisent de 6
points l'intensité de la douleur dans les douleurs associées à des
syndromes dépressifs. Enfin, l'amitriptyline (et dans une moindre mesure
les tricycliques), améliore les douleurs du syndrome d'intestin
irritable, les douleurs neuropathiques, et la fréquence des céphalées de
tension. Dans les autres situations, les antidépresseurs sont soit
inefficaces soit non concluants.
La Cochrane s'est particulièrement intéressée aux antalgiques cette semaine. D'abord, l'
amitriptyline dans
le traitement des douleurs neuropathiques. Et là, surprise, il n'y a
que 2 études sur les 15 étudiées qui retrouvent un effet supérieur au
placebo, soit un très faible niveau de preuve d'efficacité. Les auteurs
concluent néanmoins, qu'on peut continuer à l'utiliser, mais que peu de
personnes auront un effet probant.
Une
méta-analyse du JAMA revient
sur l'efficacité des traitements opiacés dans les douleurs chroniques
non cancéreuses. Les auteurs retrouvent une efficacité (c'est déjà mieux
que le paracetamol!) de -0,7 cm sur une échelle numérique de 10cm par
rapport au placebo et une amélioration de 2 points sur 100 sur l'échelle
de qualité de vie SF12. C'est pas la panacée... et il faut y ajouter
les vomissements (NNH= 27 après une run-in période dans les essais,
c'est à dire que les patients ne les tolérant pas ont été exclus avant
le début de l'étude). Il n'y avait pas de différence sur les critères
d'efficacité par rapport aux AINS et aux antidépresseurs tricycliques,
mais une baisse tout juste significative de 0,6cm sans amélioration de
la qualité de vie par rapport aux anti-épileptiques. Bref, arrêtons les
morphiniques dans les douleurs chroniques.
Le
chlorhydrate de méthadone (Zoryon*) vient d'être autorisé dans la prise en charge des douleurs cancéreuses persistant sous antalgiques de pallier 3.
Je ne connaissais pas, alors j'en parle: le
tapentadol, antalgique de pallier III, dont la place parmi les morphiniques n'est pas clairement définie...
C'est une étude aux urgences pour des douleurs des extrémités (plutôt traumatiques), cependant, ses résultats sont intéressants. Dans cet essai contrôlé randomisé du
JAMA, les auteurs ont retrouvé que 2 heures 'après 1 prise d'antalgiques de paracetamol 1g avec 400mg d'ibuprofène, la baisse d'intensité de la douleur était identique à la baisse suite à la prise d'antalgiques morphiniques (pallier 2 ou pallier 3). Le schéma de l'étude est néanmoins complexe, avec 4 bras, et des doses de paracetamol associée aux antalgiques de pallier 2 et 3 d'uniquement 350mg. Il aurait été intéressant de vraiment comparer avec les 1g de paracetamol... Bref, en l'absence de contre indication, il est probablement évitable de recourir aux morphiniques en privilégiant une combinaison AINS+parcetamol. C'est certainement utile pour des douleurs traumatiques pouvant risquer de devenir chroniques pour lesquelles les opiacés au long cours présentent plus de risque. Pour des douleurs non traumatiques (infectieuses, douleurs abdominales non encore identifiée), il est probable que les morphiniques soient plus adaptés compte tenu des effets indésirables connus des AINS.
Une
étude Australienne
s'est intéressée à la déprescription des opioïdes. Le principal
facilitateur de déprescription était la peur de la dépendance et l'image
qu'ont les opioïdes incitant les patients à souhaiter un sevrage. Pour
réussir l'initiation de la déprescription, il fallait pouvoir avoir
accès aux thérapeutiques non pharmacologiques, limitées par les
inégalités sociales de santé.
Cet
essai
contrôlé randomisé a étudié l'effet du massage à l'huile essentielle de
lavande dans la neuropathie diabétique (3 groupes: huile essentielle de
lavande, placebo, groupe contrôle). Le massage des pieds était effectué
le soir et l'évaluation portait sur la douleur neuropathique et la
qualité de vie qui étaient toutes les 2 améliorées contre placebo et
contre soins courants après 4 semaines. On peut vraiment regretter le
faible nombre de participants (90) limitant probablement l'extrapolation
des résultats mais aucun effet indésirable n'a été retrouvé dans le
groupe.
Un article d'
Annals of internal medicine
revient sur l'efficacité des opioïdes pour douleurs
musculo-squelettiques aux urgences. Ils sont statistiquement mais pas
cliniquement plus efficace que le paracétamol et sont aussi efficaces
que les AINS. Les données concernant leur tolérance sont hétérogènes
mais ils semblait y avoir plus d'effets indésirables avec les opioïdes
par rapport aux AINS, au paracétamol et au placebo.
3/ Traitements non pharmacologiques
Je ne peux que vous encourager à lire l'article sur le placebo dans les douleurs chroniques publié dans le
BMJ et
qui montre que le placebo, même en disant que c'est un placebo, a un
effet placebo conséquent et qui montre aussi la place de la relation
médecin-patient dans l'effet placebo.
Enfin, une revue
Cochrane fait
le point sur l'antalgie non médicamenteuse chez le nourrisson et
l'enfant. Chez les prématurés, la succion non nutritive, la tétée
facilitée et l'emmaillotage réduisaient la douleur en cas de prématurité
et la succion non nutritive était également efficace chez les
nourrissons nés à terme avec un niveau de preuve faible.
Une méta-analyse du
JAMA internal medicine parle
des "mind-body therapies" qui comportent l'hypnose, la méditation, la
relaxation, thérapies cogitivo-comportementales etc... Les auteurs,
s'intéressant à la douleur des patients, retrouvent que ces thérapies
permettent une amélioration de la douleur (surtout l'hypnose et la
méditation), et favorisent une diminution de la consommation de
morphiniques.
4/ Autres articles
Est-ce
qu'une échelle de douleur numérique (EN) est un bon outil pour évaluer
la tolérance de la douleur dans les douleurs chronique? Dans cette
étude,
quand l'EN est inférieure à 4, la douleur est supportable (ok, là ça
va) mais quand elle est entre 4 et 6, 19% des patients considèrent
"déjà" que c'est insupportable. C'est à partir de 8 qu'il y a plus de
50% des patients qui la considèrent comme intolérable mais même là entre
30% et 50% des patients la considèrent donc comme tolérable. Demandons
donc simplement aux patients ce qu'ils ressentent plutôt que de décider
de l'action à entreprendre selon un chiffre. (NB: ce serait une idée
intéressante et facile de thèse de MG à refaire)
La
Cochrane ne
retrouve aucun bénéfice à l'utilisation du magnésium dans le traitement
des crampes idiopathiques et ne peut pas conclure pour les crampes
survenant pendant la grossesse ou après l'activité physique.
Un
article très intéressant parle des migraines abdominales qui débutent classiquement chez l'enfant. Ce sont des douleurs de plus d'une heure, avec un retentissement sur l'activité, sans anomalie entre les épisodes chez un patient avec une développement psychomoteur normal, associées à au moins un symptôme accompagnateur (pâleur, anorexie, vomissement, nausée, céphalée, photophobie). Il faut surtout rechercher les "red flags" pouvant remettre en cause ce diagnostic :
- aigus: abdomen chirurgical, déshydratation, vomissement bileux ou sanglants, polakyurie, dysurie, diarrhée, rectorragies, fièvre, douleur testiculaire
- chroniques ou récurrents: odynophagie, dysphagie, douleur abdominale persistante, perte de poids, modification des selles, anomalies périnéales, antécédent familial de MICI, trouble de croissance.
Les traitements sont les mêmes que pour les migraines classiques: triptans, AINS et bêtabloquants pour le traitement de fond si besoin.
Une question que je me suis souvent posée: quelle antalgie choisir pour les vaccins chez les nourrissons? Une étude canadienne a randomisé les antalgies proposées pour les enfants de moins de 12 mois : placebo, éducation parentale par vidéo sur comment réassurer l'enfant, la vidéo associé à une administration orale de sucre, et la vidéo associé au sucre et à de la lidocaine locale. Les auteurs retrouvent que, quelque soit l'âge, la plupart des antalgies sont sans effet. Le groupe vidéo + sucre+ lidocaine avait légèrement moins de douleur que les autres (-0,4/10 ....) au prix d'effets indésirable légèrement supérieur (pâleur chez les enfants de 2 mois). Bref, les auteurs concluent que la lidocaïne est efficace, alors qu'ils disent dans les méthodes qu'une différence de 0,6 est nécessaire pour que la différence soit cliniquement pertinente.
2020: L'
Inserm a publié un rapport concernant la fibromyalgie. Le rapport est long mais concordant avec les recos dont j'avais parlé
ici.
Les auteurs recommandent une prise en charge multidisciplinaire aussi
bien pour le diagnostic que pour la prise en charge, d'avoir une
activité physique régulière, de recourir aux psychothérapies, de
prévenir le mésusage des médicaments et de prendre en charge les
différents symptômes (troubles du sommeil, symptômes anxio-dépressifs,
troubles cognitifs)
2016: Jaborderai les recommandations pour la prie ne charge de la
fibromyalgie.
Des recommandations pour cette pathologies sont assez rares pour être
soulignées. Les auteurs retrouvent une place importante des traitements
non pharmacologique (exercice physique notamment, mais aussi, thérapies
cognitivo comportementales, acuponcture, méditations en pleine
conscience...). Les taitements pharmacologiques préférentiellement
recommandées sont des faibles doses d'amitriptyline, la duloxetine et le
milnacipran, la prégabaline et le tramadol.
Dans le cadre de la fibromyalgie, une
méta-analyse de PlosOne retrouve des résultats intéressants de la méditation en pleine conscience et autres thérapies d'acceptation, notamment sur la douleur, la dépression et l'anxiété à la fin du traitement. Cependant, l'efficacité sur les autres critères comme la qualité de vie n'était pas clairement retrouvée.
Quand on ne sait plus comment traiter les patients atteints de fibromyalgie, l'activité physique semble, comme souvent dans les douleurs chroniques, à encourager. Le
BMJ a publié une étude montrant que le taïchi (dans la forme "Yang") était supérieur aux exercices d'aérobique pour diminuer les douleurs dans cette pathologie. Plus le taïchi était pratiqué longtemps, plus le bénéfice était important, mais la pratique deux fois par semaine n'apportait pas de bénéfices par rapport à 1 fois par semaine.
Le
BMJ a
publié un article sur les troubles fonctionnels neurologiques (TFN),
notamment moteurs et convulsifs. La plupart des éléments ont déjà été
écris dans un article du BMJ précédents
datant de 2020.
Leur prévalence serait de 50/100 000. Le diagnostic selon le DSM-5
repose sur A/ un ou plusieurs symptômes d'altération de la fonction
motrice ou sensitive (ils peuvent être "négatifs": perte de fonction ou
"positifs" : mouvements anormaux), B/ l'incompatibilité entre les
symptômes et une pathologie médicale ou neurologique (ce qui permet de
faire un diagnostic positif sur ce critère: le TFN n'est pas un
diagnostic d'exclusion quand tous les examens sont normaux), C/ les
symptômes ne sont pas mieux expliqués par une pathologie médicale ou
psychiatrique (il faut donc parfois faire des examens pour exclure un
autre cause, et le patient peut avoir une maladie
neurologique/psychiatrique ET un TFN dont les symptômes ne sont pas
expliqués par cette pathologie) et D/ les symptômes ont un
retentissement fonctionnel ou sur la qualité de vie. Le traitement
repose essentiellement sur une prise en charge psychologique. Les
antidépresseurs IRS sont souvent prescrits pour traiter les comorbidités
psychiatriques, mais n'ont pas d'indication directe dans les TFN. La
rééducation a également un intérêt dans les troubles moteurs.
Un article du BMJ parle
de reconnaitre les troubles neurologiques fonctionnels. Ce sont des
symptômes sensitif ou moteurs réels (une paralysie, des tremblements,
une dystonie, des troubles sensoriels, convulsions...) cliniquement
incompatibles avec un mécanisme physiopathologique neurologique. Les
auteurs insistent sur le fait qu'il s'agit d'un "vrai" diagnostic
reposant sur la clinique, avec des symptômes réels, non feints, et ce
n'est pas non plus un diagnostic d'élimination. Le contexte émotionnel a
une place importante, avec une association forte entre ces troubles et
les évènements de vie difficiles. A l'interrogatoire, il faut donc
recherche les symptômes, leur mode de déclenchement, et l'histoire
quotidienne pour mettre en évidence la gêne fonctionnelle quotidienne et
les symptômes anxio-dépressifs associés. Le bilan peut nécessiter une
imagerie, un dosage de TSH et de vitamine B12 (entre autres), ainsi que
le recours à un avis neurologique. La prise en charge,
pluroprofessionnelle, repose essentiellement sur une prise en charge
psychologique et de la rééducation adaptée. Il est important d'expliquer
la pathologie aux patients atteints, notamment à l'aide d'exemples (les
auteurs proposent d'expliquer que c'est une réelle maladie, "[les
examens vérifient le matériel, mais là votre maladie], c'est un problème
de logiciel, et non de matériel [et on va le prendre en charge, les
techniques vont permette de rebooter le logiciel]".)
2023: Un
document a
été produit par le centre national de ressource et de résilience
concernant l'annonce d'un décès aux proches du patient décédé. Les
auteurs proposent d'utiliser la méthode du disque rayé pour demander aux
proches de venir pour essayer d'éviter une annonce téléphonique,
d'annoncer graduellement et chronologiquement les évènements ayant
conduit au décès et d'employer des mots simples et clairs
"décès"/"mort". Il est nécessaire de respecter les silences permettant
l'acceptation du message et enfin, de prendre soins de nous, car c'est
difficile et que c'est également une épreuve pour le médecin annonçant
le décès.
2022: Un
arrêté vient
d'être publié pour permettre de represcrire le midazolam injectable en
ville dans le cadre de la sédation proportionnée et de la sédation
profonde et prolongée. Pour mémoire, la reco HAS sur le sujet est
ici.
2020: La HAS a mis a disposition 2 documents concernant la fin de vie. Le 1er concerne la mise en place
théorique de la sédation (les conditions nécessaires, la préparation, la décision collégiale etc...), et la 2ème est la fiche pratique concernant l'
antalgie et la sédation en situation palliative. La fiche généraliste est plus informative que pratique (parce que l'introduction de la méthadone, de la ketamine et les blocs, je ne pense pas en faire beaucoup....). La fiche concernant la sédation profonde notamment par midazolam est assez bien décrite pour pouvoir être mise en place.
2017: Le site "
parlons fin de vie" a été mis en place pour parler de la fin de vie. Les explications et modèles sur les directives anticipées et la personne de confiance sont facilement consultable et compréhensible pour les patients. A partager largement.
2016: Je place
ici la fiche HAS sur les directives anticipées avec un formulaire modèle.
Quand envisager des soins palliatif est une question parfois difficile. Une
étude a
posé la question "surprise": "Seriez vous surpris si ce patient
décédait dans les 12 prochains mois?" Si la réponse est oui, pensez à ce
qui pourrait être entrepris. Sur ce, place aux actualités!
Enfin, abordons l'
hydratation parentérale
des patients lors des derniers jours de vie. Donc, la sous-cut' de
NaCl, est ce que ça sert à quelque chose en fin de vie ? Les bénéfices
potentiels seraient d'améliorer le confort en limitant la sécheresse
buccale et en évitant la dégradation rénale qui serait responsable
d'accumulation de toxines et de médicaments favorisant alors les
délires. Cependant, cela peut engendrer une congestion (oedèmes,
insuffisance cardiaque...), augmenter les complications liées à la
perfusion, favoriser les sécrétions respiratoires et les vomissements et
la production de cétones lié à l'absence d'apport aurait des effets des
effets sédatifs et antalgiques. Les revues systématiques d'essais
randomisés de bonne qualité sont rares et contradictoires : un montre un
bénéfice sur la sédation et les myoclonies à 48h, et l'autre ne
retrouve pas de différence de qualité de vie, de symptômes ou de survie à
7 jours. En gros, pas de réponse simple, à faire selon les patients,
leurs préférences, l'état aigu/chronique et en surveillant
régulièrement.
L'article quali
de la rentrée est une étude britannique concernant la prescription
anticipée de médicaments pour les patients en fin de vie à domicile par
les médecins généralistes.
- La décision d'établir un
protocole permettait d'avoir à domicile les médicaments pouvant être
utiles, parfois très longtemps avant leur utilisation. L'existence du
protocole pouvait être une aide pour les soignants en visite afin de
mieux saisir la nécessité de prodiguer en priorité des soins de
confort.
- Parler de prescriptions anticipées nécessite tact et
mesure, et une proposition adaptée au patient et à ses proches. Dans
l'étude, un participant a rappelé que ces prescriptions amènent à
évoquer le décès, plus ou moins rapproché du patient. Il faut ainsi
trouver le bon moment, jugé être celui de la décision de non
hospitalisation/non réanimation, et adapter la quantité d'informations à
délivrer à ce que le patient et sa famille peuvent recevoir, en
respectant l'ambivalence liée au contexte de fin de vie. Les auteurs
font une étude complémentaire sur le ressenti des patients concernant
ces prescriptions anticipées.
- Le passage d'IDE à domicile
sécurise la reconnaissance des symptômes et l'administration des
médicaments prescrits, et facilite les prescriptions anticipées pour le
médecin, qui est responsable de ses prescriptions. Les rencontres entre
les professionnels sont apparues indispensables, les MG jugeant
l'utilisation de dossiers partagés informatisés moins efficiente pour
adapter les protocoles en fonction de l'évolution des besoins. En bref,
les nouveaux outils numériques sont une aide mais ne remplacent pas la
coordination des soins et les rencontres (en respectant les gestes
barrière!)
Une
étude qualitative
française a étudié les ressources des médecins généralistes pour les
accompagner dans les soins palliatifs à domicile, quand environ un
français sur quatre y décède. Les 21 entretiens semi-structurés ont été
analysés de manière inductive et ont retrouvé des ressources internes ou
externes. La gestion des soins palliatifs à domicile, peu aidée par la
formation initiale théorique qui pose néanmoins le cadre légistatif,
l'était en revanche par l'expérientiel : stages de formation initiale,
accompagnement des patients mais aussi lors d'expériences personnelles.
Le statut particulier de généraliste dans le parcours de soins et dans
la relation médecin-patient permettait aux médecins de s'engager et
d'obtenir la confiance de la famille, permettant un épanouissement qui
compensait la difficulté des situations. Loin d'être seuls, les médecins
s'appuient sur les ressources locales: infirmier.es, principalement, ou
encore l'hospitalisation à domicile. Fondamentale, la place des proches
et des aidants est également évoquée dans le processus de décision et
d'accompagnement de la fin de vie.
Cet article du
BJPG
propose une réflexion autour des soins palliatifs et des soins
effectués durant la dernière année de vie. En effet, alors qu'on a
introduit les soins palliatifs plus précocement en parallèle des soins
curatifs (et non plus comme lorsque le principe était proche des "soins
palliatifs lorsqu'on ne peut plus rien faire de curatif"), les auteurs
ont observé un renforcement des soins curatifs en fin de vie avec une
surmédicalisation autour de la mort. C'est une vraie réflexion, de la
justesse de nos prescriptions, de l'acceptation de nos déprescriptions.
On attend d'ailleurs les résultats prochains de l'étude
Hestia du réseau Sentinelles, sur la perception des MG de la prise en charge de la fin de vie de ses patients.
Un peu de logique pour clore le chapitre cardio-vasculaire:
l'arrêt des statines chez des patients avec une maladie en phase terminale (avec une espérance de vie entre 1 mois et 1 an) peut être bénéfique. Pour ces patients, à mon avis, le "peut-être" devrait être remplacé par un "est certainement", et cet article traitant des statines pourrait être transposé à un certain nombre de médicament, pour soulager les patients d'un certain nombre de contraintes et d'effets indésirables certains ou potentiels.
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