Dysthyroïdie
1/ Recommandations
Concernant l'hypothyroïdie :
dosage de TSH, si augmentée > 10mUI/L ou mesurée 2 fois entre "norme
sup" et 10mUI/L un dosage de la T4 en cascade (automatique sur le même
prélèvement) est recommandé. Les anticorps anti-TPO sont recommandés en
cas d'hypothyroïdie avérée (T4 basse) ou fruste (T4 normale) et les
anti-TG seulement si les anti-TPO sont négatifs avec suspicion de cause
auto-immune. La "norme sup" après 65 ans est définie par le chiffre des
dizaines de l'âge : 65-69ans => 6mUI/L, 70-79=> 7mUI/L etc (grade
2 mais y'a aucune ref, donc avis d'expert)
Ainsi, avant 65 ans, un traitement est recommandé si T4 diminuée ou TSH >10mUI/L ou TSH entre 4 et 10mUI/L avec facteurs de risques CV, goitre, symptômes ou anti-TPO+ (les anti-TPO sont prédictifs d'une dégradation, mais l'intérêt de traiter sur anti-TPO+ seul n'est pas très clair). Après 65 ans, pour une hypothyroïdie, si l'augmentation est entre la "norme sup" et 20mUI/L: traitement seulement selon décision partagée si facteur de risque cardiovasculaire ou symptômes, et systématiquement proposé si TSH > 20mUI/L. La dose de levothyroxine recommandée est de 1,6µg/kg mais à débuter à 25-50µg si âgé ou maladie CV. Le contrôle se fait à 6-8 semaines, pour s’espacer jusqu'à 1 fois par an si contrôlé.
Pendant la grossesse, indication à doser la TSH si > 35ans, IMC>40kg/m2, atcd perso ou fam de dysthyroïdie, atcd perso de maladie auto-immune, irradiation cervicale ou goitre, fausses couches/infertilité ou accouchement prématuré. Si la TSH < 2,5mUI/L : tout va bien. Si entre 2,5 et 4mUI/L : la positivité des anti-TPO va inciter à traiter, sinon décision partagée et surveillance régulière. Si > 4mUI/L: indication à un traitement quels que soient les anti-TPO.
Concernant l'hyperthyroïdie: si dosage TSH < 0,1mUI/L ou 2 fois mesurée entre 0,1 et 0,4mUI/L , un dosage de T4 en cascade est recommandé. Si la T4 est élevée, c'est une hyperthyroïdie avérée. Si elle est normale, un dosage de T3 est recommandé (pour dépister la très rare hyperthyroïdie à T3 qui fait généralement des TSH < 0,1mUI/L). L'hyperthyroïdie est infraclinique si la T3 et la T4 sont normales. Le dosage des TRAK est recommandé ensuite pour le bilan étiologique. S'ils sont élevés: Basedow, sinon, faire "échographie et scintigraphie".
Sur
le plan thérapeutique, on ne s'intéresse qu'à la TSH. Si < 0,1 :
bêta-bloquant à visée symptomatique, et débuter antithyroïdiens de
synthèse (ATS) en attendant un avis endoc. Si > 0,1 (probable
hyperthyroïdie infraclinique): plutôt surveillance /6mois sauf si
facteurs cardiovasculaires, âge > 65 ans, ostéoporose, symptômes. Ne
pas oublier l'ophtalmologue si orbitopathie. En cas d'introduction d'un
ATS privilégier thiomazole ou carbimazole, avec surveillance T4 (+/-T3)
toutes les 3 à 6 semaines puis TSH tous les 2-4 mois. (MAIS ATTENTION:
il faut faire une NFS et transaminases toutes les 2 semaines pendant les
3 premiers mois pour la tolérance ATS et ce n'est malheureusement pas
dans la reco. Donc on n'attend pas 3-6 semaines pour le 1er bilan). Dans
un Basedow, on peut tenter un arrêt des ATS après 12-18 mois et un
traitement radical sera à proposer si récidive. Bien penser à redoser
les TRAK avant arrêt du traitement si Basedow. Si nodule toxique, on
utilisera des plus faibles doses d'ATS que dans le Basedow.
Pour les autres articles avec algorithmes parfois un peu plus précis: hypo frustes, hypo avéré, hypo grossesse, hyper infraclinique, hyper avérée, nodules CAT, nodules suivi.
2/ Dépistage et suivi
3/ Hypothyroïdie
Le Lancet endocrinology fait un point sur l'hypothyroïdie fruste du sujet âgé de plus de 65 ans. Les auteurs retrouvent que les patients souffrant d'hypothyroïdie fruste ont un risque augmenté d'évènements coronaires et de mortalité globale, notamment pour des TSH > 7 et chez les patients "jeunes" (de moins de 70-80 ans, environ, selon les études). Le bénéfice d'un traitement entre 7 et 10 de TSH est limité le principal essai randomisé n'ayant pas recruté suffisamment de patients, les données reposent sur des études rétrospectives montrant un bénéfice possible sur les infarctus et la mortalité. Ainsi, voici l'algorithme qu'ils proposent:
4/ Hyperthyroïdie
Le Lancet endocrinology aborde l'hyperthyroïdie, causée à 70% par le Basedow et 16% par un goitre multinodulaire toxique. En cas de TSH basse avec une T4 normale, les auteurs recommandent de vérifier que la T3 est normale avant de conclure à une hyperthyroïdie infraclinique. Le bilan initial c'est les TRAK, et selon écho ou scintigraphie ou biologie complémentaire (anti-TPO, CRP, HCG), comme dit la HAS. Sur le plan thérapeutique, les bêta bloquants non cardiosélectives soulagent les symptômes (propranolol 10-40mg x 3-4/j, ou metoprolol et atenolol si cardiosélectif souhaité). Concernant les anti-thyroïdiens de synthèse: la molécule à préférer est le méthimazole (aussi appelé thiamazol = thyrozol*) car le carbimazole est son précurseur métabolique et est plus toxique. En traitement d'attaque, les auteures recommandent 5-10mg de méthimazole si T4 < 1,5N, 10-20mg si T4 entre 1,5 et 2N, et 30-40mg si T4 entre 2 et 3N (NB: 20mg de carbimazole= 15mg de méthimazole). Puis, ils y a 2 possibilités pour le traitement d'entretien après au moins 4 semaines de traitement d'attaque: soit baisser le méthimazole à une dose fixe entre 2,5-10mg/jour; soit maintenir la dose élevée 20-40mg et ajouter de la levothyroxine pour compenser l'hypothyroïdie (aucune des stratégie n'a montré sa supériorité par rapport à l'autre). Pour mémoire : surveiller la NFS, le bilan hépatique et la TSH-T4 toutes les 2 semaines. La décision d'un traitement radicale sera ensuite dépendante de la cause. Pour les nodules, compte tenu du taux de récidives: IRAthérapie ou chirurgie. Pour les thyroïdites gravidiques: pas de traitement en dehors de propranolol. Pour le Basedow, 12 à 18 mois d'antithyroïdiens sont nécessaire pour une rémission et la suite sera déterminée par le score GREAT (TBII=TRAK).
Le NEJM a publié un article sur l'hyperthyroïdie infraclinique, c'est à dire avec TSH abaissée et T3/T4 normales. En gros, c'est le risque cardiovasculaire qui doit guider l'indication de traitement:
Nodules thyroïdiens
- TIRADS 1 ou 2: rien et pas de suivi
- TIRADS 3: échographie à 1 an, 3 ans et 5 ans.
- TIRADS 4: échographie à 1 an, 2 ans, 3 ans et 5 ans
- TIRADS 5: échographie annuelle jusqu'à 5 ans
Parathyroïdes
Très rapidement, le JAMA a publié un article sur l'hyperparathyroïdie primitive. Elle est généralement suspectée devant une calcémie corrigée > 2,5mmol/L. La PTH supérieur à 11pg/ml (mais généralement > 65pg/ml) confirme le diagnostic. Après, on adresse au spécialiste. (il y a aussi les critères pour un traitement chirurgical si le patient veut savoir ce qu'on pourra lui proposer comme traitement en attendant l'avis spécialisé)
Le JAMA publie
un article sur l'hypercalcémie. Les 2 principales causes sont
l'hyperparathyroïdie primitive et les
néoplasies, puis on trouve la iatrogénie (thiazidiques, calcium,
vitamine D, vitamine A...) et les autres causes (sarcoïdose,
phéochromocytome, acromécalie...) . L'hypercalcémie modérée est définie
comme une hypercalcémie inférieure à 3.0mmol/L, et est généralement
asymptomatique (éventuellement constipation ou fatigue). La calcémie
corrigée par l'albumine est généralement suffisante pour une évaluation
du calcium, mais un dosage du calcium ionisé peut être nécessaire en cas
d'insuffisance rénale ou de trouble acido-basique). Le dosage de la PTH
permettra généralement d'orienter vers une cause. Le traitement (en
dehors de l'urgence de l'hypercalcémie sévère) et généralement
étiologique (chirurgical si HPTP). Des bisphosphonates peuvent être
proposés pour un traitement symptomatique.
Pathologies hypophysaires
Le Lancet aborde
l'hypopituitarisme. Forcément, c'est assez complet et spécialisé car il
y a les signes pour chaque déficit et le dosage auquel initier chaque
traitement substitutif. Comme un déficit central limité ou global sera à
orienter à un endocrinologue, on va se focaliser sur le gros tableau
récapitulatif de dépistage:
2017: Les sociétés françaises d'HTA, d'endocrinologie et de chirurgie endocrine ont publié des recommandations dans l'hyperaldostéronisme primaire (une VF intégrale est dispo sur BMLweb). Elles sont longues et subdivisées en chapitre mais on va essayer de résumer ce qui peut intéresser les généralistes.
- La prévalence est estimée entre 2% et 13% des patients hypertendus dans les études réalisées en soins de premiers recours. Il y aurait néanmoins un sous diagnostic important puisque la prévalence observée en milieu réel est inférieure à 0,5% des patients hypertendus.
- Les patients avec hyperaldo ont un sur-risque cardiovasculaire par rapport aux patients hypertendus sans hyperaldo. Il s'agit souvent de causes curables, et des études ont retrouvé que le risque d'évènements cardiovasculaires est plus faible chez les patients avec hyperaldo avec traitement chirurgical que chez les patients avec HTA essentielle.
- Il faut donc dépister les patients avec HTA (PAS>140 mmHg), HTA résistante (non contrôlée malgré 3 antiHTA dont un diurétique), incidentalome surrénalien, et HTA avec hypokaliémie (spontanée ou sous traitement).
- Les auteurs recommandent d'effectuer un calcul du rapport aldostérone/rénine.
- Là on ne va pas être d'accord: on ne peut doser le rapport aldostérone/rénine à tous les patients hypertendus dans la vraie vie. On mesure la kaliémie dans tous les bilans d'HTA, cependant il semblerait que peu de patients avec hyperaldo aient une hypokaliémie au final).
- Pour le test: Les diurétiques sont à arrêter pour 4 semaines (y compris les anti-aldostérone, apparemment ce n'est pas utile de faire un arrêt de 6 semaines s'il y en avait), et les ARAII, IEC, BB- ET inhibiteurs calciques dihydropyridine (non bradycardisants) sont à arrêter 2 semaines. Il reste donc des inhibiteurs calciques bradycardisants, les centraux (moxonidine, rilmenidine, methyldopa) et les alphabloquants (prazosine, doxasozine).
- Si le rapport est élevé, il est alors nécessaire d'adresser en centre spécialisé (avec un TDM surrénalien) pour discuter d'une prise en charge, généralement chirurgicale, mais fois par diurétique épargneur de potassium si adénome bilatéral, risque chirurgical important ou préférence d'un traitement médical.
Obésité
1/ Recommandations
2024: La HAS a actualisé son guide concernant l'obésité de l'adulte. C'est très long, la fiche 20 messages clé est synthétique mais parfois insuffisante mais on se perd un peu dans le fichier de synthèse.... (les fiches paramed sont bien). La HAS propose l'acronyme des 4D de la prise en charge:
- Dépister: avec l'IMC, le tour de taille et proposer une consultation dédiée sur le poids.
- Diagnostiquer: donner le diagnostic selon le stade d'obésité et la complexité (non complexe: IMC < 35 sans complications, complexe: > 35 ou < 35 + facteurs de risques , très complexe: > 40 ou >35 + comorbidités) dépister les comorbidités
- Discuter: mettre en place le projet de soins avec accompagnement psychologique, éducation thérapeutique (RHD, APA)
- Décider ensemble: personnaliser l'objectif, maintenir les RHD, traiter les comorbidités physiques et psychiques, et en 2ème intention, discuter d'un traitement médicamenteux (aglp1 si obésité complexe avant 65 ans, à réévaluer à 3 mois) ou d'une chirurgie (et assurer le suivi après chirurgie car 50% de perdus de vue à 2 ans)
2015: L'obésité est aussi un sujet à la mode. Les recommandations publiées prônent l'importance des règles diététiques dès un IMC > 25. La place aux traitement me semble trop importante compte tenu de leur effet clinique pertinent à long terme proche de zéro (orlisat, analogues de GLP-1 etc..). De plus, ces traitements peuvent être proposés dès un IMC > 27 avec une autre comorbidité. On est plus vraiment dans l'obésité du coup, là...
2/ Généralités
- A = ask permission: demander la permission de l'aborder (ça me semble être le point le plus important...)
- B = be systematic: faire un entretien complet, et ne pas se limiter à quelques informations "type"
- C = conseiller et soutenir, on est dans une prise en charge longue et le soutien est indispensable
- D = déterminer les co-morbidités et inclure la démarche dans une prise en charge médico-psycho-sociale
- E = évaluer les traitements : proposer des traitements faisant potentiellement perdre du poids chez les patients diabétiques (analogues du GLP-1) et la chirurgie selon l'ensemble des comorbidités
- F = follow up: assurer le suivi
J'avais parlé il y a quelque mois d'une étude de The Heart dans laquelle le surpoids, voire l'obésité diminuaient le risque cardiovasculaire. Une hypothèse pour comprendre ce phénomène résiderai dans l'histoire pondérale, et dans l'importance du poids maximum au cours de la vie, plus que dans le poids actuel. Les patients d'IMC normal pouvant être d'ancien obèses, et les patients normaux étant en surpoids depuis peu de temps seulement, ce qui réduit les différences entre les groupes. L'utilisation du poids maximum serait alors une variable plus pertinente.
Pour réduire le risque de diabète, la prise en charge commence dès l'enfance. Cette étude du NEJM retrouve que les enfants en surpoids à 7 ans et à 13 ans avaient un risque de diabète de type 2 augmenté de 47%, même s'il n'étaient plus en surpoids après l'adolescence. Et le point également très intéressant, est que les enfants en surpoids a 7 ans, qui ont corrigé ce surpoids avant 13 ans, n'avaient pas de sur-risque de diabète par rapport aux patients n'ayant jamais été en surpoids!
3/ Traitement médical
Le BMJ fait un point sur les traitements de l'obésité. Un traitement peut être indiqué si IMC > 30 ou > 27 avec comorbidités, ce qui ne correspond pas aux indications françaises. En ce qui concerne l'applicabilité de l'article en France, seuls les aGLP1 ont un bénéfice clinique démontré sur le plan cardiovasculaire (notamment le semaglutide en prévention secondaire, traitement le plus cout-efficace), mais l'objectif du traitement est évalué sur la perte de poids. On peut oublier les autres traitements dans l'indication obésité (orlisat, naltrexone-bupropion, phentermine) dont l'efficacité est moindre avec une balance bénéfice/risques moins bien établie. Ainsi, une baisse d'au moins 5% du poids à 3-6 mois est considéré comme un succès. En l'absence de succès, un switch de molécule peut être proposé. Les études montrent cependant un effet rebond à l'arrêt du traitement, et il est nécessaire d'informer le patient qu'un traitement prolongé (à vie?) sera nécessaire (AOM= anti-obesity medication)
Un essai randomisé du JAMA a comparé les soins courants à une thérapie comportementale familiale dans la prise en charge de l'obésité de l'enfant. L'intervention visait a améliorer les comportements alimentaires, encourager l'activité physique, et modifier les comportement parentaux au cours de 26 sessions avec un coach réparties sur 2 ans. Les IMC respectifs des enfants, parents et de la fratrie étaient respectivement de 26,8 (84% en obésité), 37 (80% en obésité) et 26 (70% en obésité) au début de l'intervention. Les auteurs montrent que dans le groupe intervention aucun enfant n'était au dessus de la médiane américaine d'IMC contre 6% dans le groupe contrôle. Le critère de jugement n'est pas très causant... On voit surtout que les participants arrivent à maintenir leur IMC stable alors qu'il augmente dans le groupe contrôle. Ainsi, il y avait une réduction du z Score d'IMC pour l'âge significative (>25%) chez 27% des enfants du groupe intervention contre 9% du groupe contrôle, avec un effet possible sur l'IMC de la fratrie (mais pas trop sur celui des parents).
Voici SURMOUNT-1, testant le tirzepatide versus placebo chez les patients pré-diabétique avec obésité (imc moyen = 38), avec un recul maintenant de 3 ans (le retour à 1an et demi avait été fait ici). La perte de poids variait entre -12.3% pour 5mg à -19.7% à 15mg par semaine, versus -1.3% sous placebo. Il y avait aussi moins de diabète dans les groupes traitements (1,3% versus 13.3%, NNT=8). Les effets indésirables sont maintenant connus avec principalement des troubles digestifs. Cependant, comme on l'avait vu ici, à l'arrêt du traitement, les patients ont été suivis pendant 4 mois et déjà, le poids remontait.
Revenons
sur le tirzepatide, inhibiteur du GIP/GLP-1, chez des patients avec IMC
> 30 ou > 27 avec complications dans un essai randomisé du JAMA.
Il s'agit de la suite de l'étude SURMOUNT-4, ainsi les patients du bras
tirzepatide à 36 mois ont été re-randomisés en placebo ou poursuite du
tirzepatide. La poursuite du traitement par tirzepatide a permis
d'obtenir un gain supplémentaire de 5% de perte de poids alors que les
patients qui sont passés sous placebo ont repris 14% du poids. Il serait
intéressant de voir si les patients arrivent quand même à stabiliser le
poids malgré l'arrêt du traitement ou s'il faut que le traitement soit
"à vie" avec peut-être des intervalles de pause.
On avait parlé du Tirzepatide dans le diabète ici. Compte tenu d'une efficacité attendue sur le poids, il est maintenant testé dans l'obésité chez des patients non diabétiques. Cette étude du NEJM a randomisé 2500 patients avec un poids moyen de 105kg (IMC 38) pour recevoir du tirzepatide 1 fois par semaine à différentes doses ou un placebo. Après 72 semaines, les patients traités avaient une perte de poids de 15 à 20 % contre 3% dans le groupe placebo. Il y a eu 4 à 7% d'arrêts pour effets indésirables (notamment digestifs) dans le groupe traité et 2,6% dans le groupe placebo. Les auteurs ont également observé une amélioration des critères de jugements intermédiaires cardiovasculaires sous traitement : -6mmHg de PAS, -4mmHg de PAD, -0,4g/L de LDL. Bref, à suivre, mais nous n'avons toujours pas connaissances de l'efficacité à plus long terme ou après arrêt du traitement, ni des effets secondaires potentiels à long terme.
Après les analogues du GLP1, les doubles analogues de GLP-1 et du GIP, voici le retatrutide, un triple agoniste du GLP-1, du GIP et des récepteurs au glucagon! Dans un essai randomisé de phase 2, ce traitement permettait une baisse de 5% du poids chez 65% des patients dès la plus petite dose (1mg), de 100% des patients à 8mg, et une baisse de plus de 15% du poids chez 75% des patients prenant la dose de 8mg. Les effets indésirables étaient essentiellement digestifs et dose dépendants. A suivre, sur la tolérance à long terme et la reprise de poids après arrêt du traitement.
On continue avec l'étude SELECT,
qui évaluait le semaglutide vs placebo chez les patients en prévention
secondaire sans diabète avec IMC > 27 sur des critères
cardiovasculaires avec un suivi de 3 ans. Les patients avaient 31 ans en
moyenne, un IMC à 33, 67% avaient un antécédent d'IDM. Les patients du
groupe semaglutide avaient une réduction du risque d'évènements
cardiovasculaires sur critère composite de 20% (NNT= 67), porté
essentiellement par les infarctus non fatals (NNT=100). Ensuite, pour
les critères secondaires, il faut analyse de façon hiérarchique. Ainsi,
le 2ème critère est la mortalité cardiovasculaire, qui n'est pas
significatif. Les autres critères sont donc exploratoires: réduction de
la mortalité globale (NNT=112), réduction des insuffisance cardiaques
(NNT=143) et réduction des néphropathies (NNT= 250). Bref, ça pourrait
être un traitement "systématique" en cas de post infarctus et obésité,
mais c'est en rupture de stock donc...
Revenons sur un traitement un peu plus classique, avec le semaglutide,
qui a déjà démontré des baisses de poids en injectable et qui est
maintenant étudié sous forme orale dans l'obésité (pour mémoire c'était
un traitement réduisant possiblement la morbimortalité en
cas de diabète mais pas encore disponible en France). Dans l'étude
OASIS-1 publiée dans le Lancet, le traitement randomisé versus placebo
était 50mg de semaglutide oral chez des patients non diabétiques. La
perte de poids moyenne a été de -15.1% avec semaglutide et -2.4% avec
placebo après 15 mois de traitement. Les NNT pour des réductions de 5%,
10%, 15% et 20% étaient respectivement de 2 , 2, 3 et 4 patients. Les
patients traités avaient également une PA plus faible (-6.5mmHg) et un
LDL plus faible (-20mg/l) par rapport au bras placebo. Les effets
secondaires sont connus et essentiellement digestifs (NNH=3) et reste
du domaine de ce qui est connu avec cette classe: nausées/vomissements,
constipation, dysphagie, perte d'appétit, lithiases vésiculaires.
Commençons pour une fois par des interventions effectuées en soins primaires (c'est à dire le plus souvent en médecine générale). La première étude parle publiée dans le Lancet, randomisait une intervention brève sur l'obésité versus une intervention classique. Le médecin du bras intervention proposait donc des phrases telles que "Pendant que vous êtes ici, pourrions nous parler un peu de votre poids? Savez vous que le centre *Bidule* peut vous aider gratuitement à perdre du poids? Je peux vous y adresser et nous nous reverrons à ce sujet dans 1 mois". Cette intervention permettait une réduction supérieure du poids: - 2,43Kg versus 1,04kg à 12 mois. C'est pas terrible quand même comme baisse.... Mais les auteurs concluent que l'intervention est efficace est acceptable.
Concernant la prise en charge de l'obésité, malheureusement, l'entretien motivationnel n'est pas un outil plus efficace qu'une prise en charge sans entretien motivationnel pour favoriser une perte de poids dans cette revue systématique d'Annals of Internal medicine.
4/ Traitement chirurgical
Puberté et pilosité
Le BMJ aborde le sujet de la puberté précoce définie comme le développement mammaire avant 8 ans chez la fille et développement génital avant 9 ans chez le garçon. Elle est soit gonadotrophine dépendante (incluant le puberté précoce idiopathique), soit indépendante de la gonadotrophine.
- poids, taille et calcul de la taille cible
- la recherche des caractéristiques sexuelles secondaires
- un bilan biologique: LH, FSH, oestradiol, testostérone, TSH, (voire SHDEA, cortisol urinaire et test de stimulation à la LHRH)
- un bilan radiologique: âge osseux, échographie pelvienne chez la fille (voire IRM cérébrale)
- puberté précoce chez un garçon / ménarches avant 8 ans ou clitoromégalie ou pilosité pubienne sans développement mammaire chez la fille
- accélération brutale des courbes de croissance
- symptômes comme: polyurie/polydipsie, céphalées, troubles visuels, taches café au lait unilatérale, signes d'hyperthyroïdie, syndrome de Cushing, antécédent de pathologie neuro-cérébrale.
Le BMJ propose un article concernant la prise en charge des gynécomasties. Elles sont généralement physiologiques chez les nouveau-nés, à l'adolescence (régression spontanée chez 90% des ados) et parfois chez le sujet âgé. Un quart d'entre elles sont physiologiques et un quart iatrogènes. La consommation l'alcool, d'aliments à base de soja, de lavande et d'huile d'arbre à thé est à rechercher. La liste des médicaments impliqués est longue (spironolactone, kétoconazole, métronidazole, finastéride, anti-androgènes, analogues de la GnRH, IPP, anti-histaminiques, benzodiazépines, antirétroviraux, neuroleptiques, métoclopramide, chimiothérapies, antidépresseurs tricycliques, opioïdes, amiodarone, digoxine, IEC et inhibiteurs calciques) et leur arrêt permet une résolution de la gynécomastie. L'examen clinique permet de différencier la gynécomastie de l'adipomastie: en attrapant juste sous l'aréole entre le pouce et l'index, ils se touchent en cas d'adipomastie mais pas en cas de gynécomastie car du tissu glandulaire (disque ferme d'au moins 2cm) s'est développé. L'examen recherche un cancer du sein, une hypotrophie ou masse testiculaire, des signes d'hyperthyroïdie, d'insuffisance rénale ou hépatocellulaire. Un bilan est indiqué en cas de gynécomastie importante rapidement, de gynécomastie récente chez l'homme maigre de plus de 20 ans, de gynécomastie persistante douloureuse (>6mois), et chez l'adolescent si elle est massive ou persistant plus de 18-24 mois.
2020: L'Académie de médecine américaine a publié des recommandations concernant la supplémentation en testostérone. Concernant ce qui peut nous être demandé en consultation, elle n'est indiquée qu'en cas de testostéronémie basse chez des patients se plaignant de troubles sexuels (donc pas pour améliorer la condition physique, des troubles cognitifs etc... parce qu'il n'y a pas de bénéfice démontré)
Un article d'Annals of internal medicine est consacré aux soins pour les patient·es transgenres. Les auteurs abordent l'approche face à un·e patient·e transgenre qu'il y ait ou non une dysphorie de genre. Ils décrivent les attentes et possibilité d'actions par le milieu médical chez un·e patient·e souhaitant une intervention médicale. Les médecins s'assurent de la transidentité, et informent des risques des interventions. Le bilan initial avant un traitement hormonal comporte notamment une NFS en cas de prescription de testostérone et une kaliémie en cas de spironolactone. Les dépistages des cancers s'effectuent selon les tissus et organes présents chez le/la patient·e en suivant les recommandations pour la population générale.
- Pour les transgenres MtF, l'objectif est de descendre le taux de testostérone de 10-34nmol/L au taux féminin <1,7nmol/L et d'oestradiol < 730pmol/L grâce à des œstrogènes qui peuvent augmenter les risques thrombo-emboliques (pour limiter ce risque, on peut utiliser des plus faibles doses ou utiliser des oestrogènes transdermiques ou injectables). Il est recommandé d'utiliser 1 seul oestrogène à la fois, et d'ajouter au besoin des traitements complémentaires (spironolactone, acetate de cyproterone, voire finasteride en cas d'alopécie androgénique). L'efficacité clinique peut s'observer après 6 à 18 mois environ.
- Pour les transgenre FtM, l'objectif est donc d'atteindre des taux de testostérone entre 10 et 34nmol/L avec de la testostérone en injection, en gel ou en patch notamment (la testostérone undecanoate est à éviter à cause des risques de microembolies pulmonaires et d'anaphylaxie). Environ 3 à 6 mois de traitement permettent une aménorrhée, une modification de la voix et une augmentation de la masse musculaire.
Voici un guide simple pratique concernant "les soignant.e.s qui prennent en soin des personnes trans"
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