2024: Le
NICE a
publié ses recommandations sur l'asthme. L'asthme est suspecté devant
des symptômes cliniques et doit être coté "asthme suspecté" jusqu'à une
confirmation par des tests. En cas de crise, ne pas hésiter à faire un
DEP pré et post bronchodilatateur si le traitement ne peut être différé
pour effectuer d'autres tests objectifs. Il est recommandé de doser les
éosinophiles (asthme si > 500/mm3) et/ou une FeNO (NO expiré) pour
confirmer le diagnostic. Si ces 2 éléments sont normaux une spirométrie
est recommandée avec comme critère diagnostic une majoration du VEMS de
12% et 200mL, qui peut être normal si le patient prend des corticoïdes
inhalés (ils ne parlent même pas du VEMS/CV). Si tout est normal, les
auteurs proposent des mesures 2 fois par jour du DEP à domicile pendant 2
semaines pour mettre en évidence une variabilité >20%. Il est
recommandé de ne jamais prescrire de B2 de courte durée d'action SANS
CSI. Avant 5 ans, un traitement d'épreuve par CSI pendant 8-12 semaines
(+B2 CDA à la demande) est recommandé vu l'absence de possibilité de
réaliser les tests. Puis, si symptômes sous traitement: poursuivre 12
mois sinon stop à 12 semaines et reprendre si récidive après. Pour le
schéma général, le pallier 1 correspond donc a CSI/formoterol à la
demande chez l'adulte et salbutamol+CSI chez l'enfant, le pallier 2 à
CSI/formoterol en SMART (crise et fond) à faible dose, puis à dose
modérée au pallier 3. Enfin, si non contrôlé on arrive au pallier 4 avec
l'ajout d'un anti-cholinergique ou d'un anti-leucotriène (mais
attention aux troubles neuro de ces derniers). Le contrôle de l'asthme
s'effectue grâce à des questionnaires validés
(ACT, ACQ....). Sur le plan thérapeutique, toujours évaluer les causes
de
non contrôle (tabac, observance, technique d'inhalation non maîtrisée,
expositions environnementales/professionnelles, facteurs
psychologiques).
2024: La société savante de pneumologie et allergologie pédiatrique
a publié des recommandations sur l'asthme entre 6 et 12 ans à travers
une succession d'articles en accès limité, une fois encore.
Le diagnostic repose
sur des signes cliniques typiques (sifflements, toux, dyspnée,
oppression), variant en intensité, de majorant la nuit, déclenchés par
l'exercice, le froid, les viroses ou les allergènes. La spirométrie est
recommandée mais pas systématique à cet âge d'autant plus que souvent
normale entre les crises. Le diagnostic peut être posé via une
spirométrie avec un VEMS/CV < - 1,645 z-score et la réversibilité
concise à +10%. En l'absence de spirométrie, le DEP, mesuré 2 fois par
jour pendant 7 jours et mettant en évidence une variabilité > 15%
confirme l'asthme. Le bilan comprend une radiographie thoracique et une
recherche d'allergènes respiratoires.
L'évaluation de sévérité
initiale n'est
pas modifiée par rapport aux recos antérieures: s'il y a 1 crise par
mois maximum, sans symptôme nocturne ni retentissement, c'est un asthme
intermittent qui ne requiert pas de traitement de fond (palier I). Le
reste est persistant, plus ou moins intense selon la fréquence des
crises et le recours aux urgences et nécessite un traitement de fond.
Mais les patients sont soit asthmatiques connus, soit arrivent pour 1
première crise donc ça s'applique assez mal en vrai, donc on débutera
généralement par le palier II lors d'une découverte d'asthme persistant.
Pour le contrôle, les auteurs proposent l'ACT ou le score GINA qui est
un peu moins intuitif, mais intègre la spirométrie anormale comme
critère de "partiellement contrôlé".
On passe au traitement de fond.
Rien de neuf, on ne fait pas de SMART (même traitement de crise et de
fond) chez l'enfant. Donc l'augmentation des paliers est classique. A
noter que le fluticasone x2/j pourrait mieux contrôler les symptômes que
les autres et peut être utiliser une fois par jour lorsque les
symptômes sont contrôlés (alors que le beclometasone doit être utilisé 2
fois par jour). Le montélukast n'a de place qu'en cas d'asthme induit
par l'effort ou d'impossibilité d’adhésion aux CSI ou avec les CSI
faible dose si palier supérieurs non supportés. On note que les
généralistes et les pédiatres sont incapables de gérer les enfants avec
un asthme nécessitant un palier 3 et qu'il faudrait adresser ces enfants
à un pneumo-pédiatre et donc il faut probablement anticiper le RDV 6
mois à l'avance. En vrai, c'est niveau "avis d'expert", donc on fait
comme on peut, avec EFR idéalement quand même (Par contre au delà du
palier 3, il faut en effet un avis plus spécialisé).
Enfin, le traitement de la crise d'asthme est abordé. Il est recommandé d'évaluer la sévérité, notamment avec le score PRAM (<4
= léger, 4-7= modéré >7 = sévère) et en recherchant les signes de
gravité: fatigue, difficulté à marcher ou à parler, FR < 16 ou
>30, FC > 125, spo2 < 95%, MV diminué et détresse respiratoire.
En l'absence de signe de gravité : faire 4 bouffées de salbutamol
toutes les 20 minutes, et 10 bouffées si signes de gravité. Les
corticoïdes oraux sont recommandés à 20mg pendant 3 jours si poids <
20kg et à 40mg si poids >40kg en cas de crise non sévère avec
facteurs de risque d'asthme sévère (non contrôlé > 7 jours, terrain
polyallergique, allergie alimentaire, logement humide, atcd de séjour en
réanimation) ou en cas de crise sévère. Au décours, le salbutamol 4
bouffées x 4 par jour est à poursuivre jusqu'à résolution des symptômes.
Le DEP est totalement absent sauf pour dire qu'il est utilisable si la
valeur de base de l'enfant est connue et qu'un retour à domicile est
possible s'il est >75%. Il n'y a pas d'examen complémentaire
systématique recommandé pour les crises non graves.
2023: L'
ERS a
publié des recommandations concernant les traitements par
CSI+formotérol dans l'asthme léger. Les auteurs suggèrent un traitement
par CSI/formotérol si besoin en cas de crise à la place du traitement
par CSI en traitement de fond + B2CDA (salbutamol) en traitement de
crise. De façon générale, en traitement de crise, les auteurs
recommandent CSI+formotérol plutôt que des B2CDA. Dans chacun des cas le
niveau de preuve est faible.
2022: La SPLF a recensé un grand nombre de plans d'action de l'asthme et les met à disposition sur son
site.
Il y'en a des plus ou moins pratiques, il faut les lire pour trouver le
plus adapté. Normalement, celui du Collège de la Médecine Générale
devrait être ajouté prochainement, mais en attendant, il est disponible
ici (dans les annexes du document).
2022: La
société européenne de pneumologie
a publié de nouvelles recommandations concernant l'asthme. Un
changement majeur s'effectue: le diagnostic repose toujours sur une
spirométrie (sans pléthysmographie) mais l'asthme est à considérer si le
rapport VEMS/CV est inférieur à 90% de valeur théorique ou si le
rapport est inférieur à 0,75 et non 0,70! Ce changement permet une
sensibilité à 50% et mais abaisse la spécificité à moins de 80%. Par
ailleurs, une spirométrie normale n'exclue pas un asthme non plus. En
l'absence de spirométrie avec réversibilité, la principale méthode pour
mettre en évidence l'hyperréactivité bronchique est le débit expiratoire
de pointe. Il se surveille pendant 2 semaines et est positif s'il
existe une variabilité de plus de 20% entre des valeurs, mais sa
normalité n'exclue par l'asthme non plus. Il est aussi possible de
mesurer la fraction expirée de NO (asthme si > 40ppb). La recherche
d'une hyper-éosinophilie ou le dosage des IgE totales n'est pas
recommandée pour diagnostiquer un asthme. Enfin, en cas de forte
suspicion avec tous les tests normaux, un test de provocation à la
méthacholine peut être utile.
2021:Un point de rappel sur les recommandations du
GINA 2021
a été publié. Les auteurs recommandent un diagnostic par spirométrie à
partir de 6 ans. Chez les moins de 5 ans les B2 de courte durée d'action
permettent de traiter les épisodes initiaux de dyspnée sifflante. Un
terrain atopique ou des récidives doivent faire discuter un traitement
de fond. Pour tout patient asthmatique, une association CSI+formoterol
est recommandée dès le step 1 (asthme intermittent) en traitement à la
demande, puis le maintien de ce traitement si besoin au step 2
(traitement de fond + si symptômes). L'alternative est un B2 de courte
durée d'action + des CSI en traitement de fond et en cas de crise. Les
auteurs proposent une décroissance thérapeutique en cas d'asthme bien
contrôlé après 3-4 mois de traitement. Un avis spécialisé est recommandé
avant 5 ans en cas de non réponse au traitement initial, quand le
diagnostic ne peut être confirmé, en cas de suspicion d'asthme
professionnel, en cas de symptômes non contrôlés avec CSI dose modérée
ou forte + LABA, en cas de recours aux CSI oraux plus d'une fois par an.
2021: La SPLF et la SP2A (société de pneumo pédiatrique) ont publié une mise à jour des
recommandations
concernant le diagnostic et la prise en charge de de l'asthme. Le
diagnostic repose sur l'évaluation de la probabilité d'asthme et la
disponibilité de la spirométrie. Une probabilité forte est caractérisée
par la présence de symptômes (toux, dyspnée, sifflements) majorés la
nuit ou au réveil, soulagée par des B2CDA et déclenchés par des
allergènes, la présence de sibilants à l'auscultation, un terrain
atopique (perso ou familial), et l'absence d'argument pour un diagnostic
différentiel. Une probabilité faible est caractérisée par une toux
isolée, ou productive chronique, une dyspnée d'effort avec des bruits
inspiratoires, une douleur thoracique, ou une dyspnée avec vertiges/flou
visuel/paresthésies.
Globalement,
quand on peut faire une spirométrie, le diagnostic est posé sur un
VEMS/CV< 0,7 avec réversibilité. Quand on n'a pas de spirométrie ou
qu'elle ne remplit pas les caractéristiques précédentes, les auteurs
recommandent d'étudier la variabilité du DEP (augmentation de 20% après
200-400µg de salbutamol ou variation quotidienne matin/soir sur
plusieurs jours > 10%) puis de faire un traitement d'épreuve de 4 à 6
semaines par corticoïdes inhalés (CSI). Si une spirométrie n'a pas été
réalisée et qu'un diagnostic est rendu probable par un des tests, il est
recommandé d'effectuer la spirométrie pour confirmer le diagnostic. Un
bilan allergologique est ensuite recommandé notamment avec des tests
cutanés aux pneumallergènes (les trophallergènes ne sont recommandés que
si suspicion clinique d'allergie alimentaire). Les mesures sériques
d'IgE ne sont pas recommandées dans la majorité des cas.
Pour
les exacerbations d'asthme, les B2CA sont recommandés à la dose de 4-10
bouffées/20min pendant la 1ère heure puis toutes les 4 heures. Les
corticoïdes oraux sont recommandés à la dose de 0,5 à 1 mg/kg jusqu'à
60 mg maximum pendant 5 à 7 jours. Une réévaluation par le médecin
traitant est recommandée dans les 7 jours suivant une exacerbation.
Sur
le plan des traitements de fond, pas de grande nouveauté par rapport à
ce qui était recommandé par les autres organismes de recos:
2021: La
société européenne de pneumologie
a publié des recommandations concernant le diagnostic de l'asthme de
l'enfant âgé de 5 à 11 ans. Les auteurs recommandent un diagnostic basé
sur une spirométrie (et pas sur des symptômes, un test thérapeutique ou
le DEP seulement) et un test de réversibilité à 400µg de salbutamol
doit être effectué si le VEMS est inférieur à 80% ou si le VEMS/CV est
inférieur à 80% (et pas 70%). Ils recommandent également l'utilisation
de la FeNo (asthme probable si > 25ppb malgré une spirométrie ou une
réversibilité qui ne seraient pas en faveur). Pour un asthme d'effort,
une baisse de 10% du VEMS après un effort sur tapis ou vélo est le
critère diagnostic retenu. Voici leur algorithme:
2021: Le
NICE a
mis à jour ses recommandations concernant l'asthme, les dernières
datant de 2017 (oui, le rythme des MAJ est bien plus rapide que celui de
la HAS). Il y a peu de changements par rapport aux précédentes en
dehors des algorithmes qui sont bien faits. Avant 5 ans, il est
recommandé de traiter selon les symptômes puis d'effectuer une
spirométrie dès 5 ans. Si elle ne montre pas un syndrome obstructif
réversible, les auteurs recommandent de mesurer la fraction exhalée de
NO (FenO) et d'évaluer la variabilité du DEP (>20%) pour poser le
diagnostic d'asthme. Si suspicion d'asthme non contrôlé malgré B2CDA
avant 5 ans, les auteurs
recommandent un traitement d'épreuve par CSI pendant 8 semaines à dose
modérée. Si c'est inefficace, il faut penser à un diagnostic
différentiel. Si c'est efficace mais qu'une crise re-survient moins de 4
semaines après l'arrêt, il faut instaurer un traitement de fond par CSI à
faible dose au long cours, et si c'est après 4 semaines après l'arrêt,
il est recommandé de recommencer un traitement limité à 8 semaines. Chez
les plus de 5 ans, les auteurs restent sur une B2CDA à la demande pour
le pallier 1, puis recommandent un CSI en traitement de fond pour le
pallier 2, puis CSI et anti-leucotriène pour le pallier 3, puis
CSI+B2LDA +/- anti-leucotriène pour le pallier 4 (sans privilégier un
traitement SMART de prime abord) et enfin l'ajout d'un anti-muscarinique
pour le pallier 5. Une décroissance peut être discutée après 3 mois
d'asthme contrôlé.
2020: Des
recommandations américaines (EPR-3) concernant la prise en charge de l'asthme ont été publiées. Elles reviennent un peu sur celles du
GINA 2019 et sont concordantes avec la
SPLF de
2016. En effet, logiquement, elles sont en faveur d'un traitement par
b2-stimulant de courte durée d'action (SABA) pour l'asthme intermittent
(step 1) au lieu de corticoïdes inhalés (CSI) +formoterol d'après le
GINA, ce qui est concordant avec les
études car
cette association n'a de bénéfice que pour de l'asthme persistant. Pour
l'asthme persistant léger (step 2), les auteurs proposent soit des CSI
en fond avec un SABA à la demande, soit uniquement l'association
CSI+formoterol à la demande. Ce n'est qu'aux étapes suivantes
correspondant à l'asthme modéré (step 3 et 4) que l'association
CSI+formoterol est recommandé en traitement de fond et de crise. En cas
d'asthme persistant sévère (step 5), on voit l'apparition de LAMA en
plus de l'association CSI+ b2-stimulant de longue durée d'action (LABA).
Ce n'était pas présenté dans d'autres recommandations, et je ne suis
pas surpris de les voir apparaitre comme je l'avais dit
ici (mais l'efficacité est plus limitée dans d'
autres études
). Au step 6, on peut discuter la corticothérapie orale en traitement
de fond et les autres traitements injectables spécialisés. La place des
anti-leucotriènes est toujours très mal définie. L'immunothérapie
sublinguale ou sous cutanée est recommandée de façon conditionnelle, si
les symptômes sont franchement majorés par un allergène bien défini.
2020: Le
GINA a mis a jour les recommandations pour l'asthme pour l'année 2020. Les recommandations concernant le COVID sont simples : poursuivre les traitements de fond et donner des corticoïdes oraux si besoin car le risque de mortalité par une crise d'asthme non traité est supérieur à celui du COVID. Sur le suivi, les auteurs confirment la nécessité (sans preuve réelle) de l'association corticoïdes inhalé+formoterol comme traitement de pallier 1 (cf
ici), mais cela ne concerne que les plus de 12 ans. Avant 12 ans, on garde le schéma classique avec b2 stimulant à la demande, la SMART therapy n'étant qu'une alternative possible. A noter les traitements max par jour:
- budesonide-formoterol Turbuhaler 200/6 (symbicort): 12 bouffées par jour max
- beclometasone-formoterol 100/6 (innovair) : 6 bouffées par jour maxi.
Enfin, par quel pallier commencer ? le schéma suivant permet de décider:
2020: Des recommandations européennes et américaines concernant l'
asthme sévère ont été publiées. Elles ne concernent pas trop les généralistes car les patients ont un suivi spécialisé normalement, mais elles proposent : un traitement par tiotropium en cas d'asthme malgré traitements des paliers 4-5 et des macrolides au long cours en cas de symptômes non contrôlés au pallier 5. (Pour mémo, on avait parlé de ces recos du GINA
ici)
2019: Je n'avais pas fait attention aux nouvelles recommandations internationales du
GINA concernant la prise en charge de l'asthme. Il y a en effet un changement majeur : il n'est plus recommandé de traiter les patients par un B2-courte durée d'action (B2CDA) seul, c'est à dire qu'un patient asthmatique ne doit pas avoir comme unique traitement "salbutamol si crise" quelque soit son stade. En effet, les auteurs s'appuient sur l'efficacité des SMART (j'en avais parlé
ici) pour dire que même en cas d'asthme intermittent (step 1), il est nécessaire de combiner un B2 ayant une action rapide à un corticoïde inhalé (CSI). Un B2 d'action rapide est soit un B2CDA comme le salbutamol, soit le formoterol qui est un B2 longue durée d'action ayant une action rapide. Le "step 1" propose donc formoterol+CSI (le labo d'Innovair va être très content), soit de rester avec un B2CDA mais de co-prescrire CSI de notre choix en même temps (donc 2 dispositifs à utiliser, ça va pas être pratique, donc ça ne sera pas trop fait je pense). Notons ensuite que quelque soit le stade l'association formoterol+CSI est le traitement de crise privilégié. Les études dont j'avais parlé précédemment retrouvaient en effet une efficacité supérieure d'une bithérapie en cas de crise sur la monothérapie par B2CDA mais avec un risque de diminution d'observance lorsque le dispositif de crise est le même que le dispositif de "fond". Donc je pense qu'il est nécessaire de bien expliquer que cela ne dispense pas de bien utiliser le traitement comme traitement de fond et pas uniquement comme traitement de crise (comme ce que les patients asthmatiques ont appris depuis des années).
2018: Des recommandations de prise en charge de la
crise d'asthme sévère ont été publiées par les sociétés savantes d'urgences et de réanimation. Le point concernant les généraliste sont les critères de gravité: antécédent d’hospitalisation et de recours à la ventilation mécanique pour asthme, prise récente de corticoïdes oraux, consommation importante ou croissante de bêta-2 mimétiques, âge > 70 ans, difficulté à parler, troubles de la conscience, état de choc, fréquence respiratoire > 30 cycles/min, existence d’arguments en faveur d’une pneumopathie infectieuse. De plus, il est souligné l'importance de la mise en place d'un traitement de fond ou son renforcement après une crise d'asthme sévère.
2017: Le
NICE a émis des recommandations sur la prise en charge de l'asthme. Quand il y a une suspicion d'asthme, les EFR restent l'examen diagnostic a effectuer. Les anglais confirment qu'il faut un VEMS/CV < 0,7 mais ne rapportent pas cette valeur à la théorique (certains auteurs disent que le syndrome obstructif c'est < 90% du rapport VEMS/CV théorique pour l'âge). Si les résultats le syndrome obstructif réversible (+12% et 200ml chez l'adulte et +12% seul avant 16 ans) se confirme, il est nécessaire d'avoir la fraction expirée de monoxyde d'azote (FeNO) chez les plus de 16 ans, et ça, nos spiromètres de ville ne peuvent le faire (enfin, je crois pas que le mien le fasse...) . La nouveauté dans les traitements est la 2nde ligne: en cas d'échec de corticoïdes inhalés (CSI), c'est une bithérapie CSI + anti leucotriènes (montelukast) qui est recommandée. En cas d'échec, il est possible de passer soit à une association CSI + bêta2 mimétiques de longue durée d'action (LABA) soit à une trithérapie en ajoutant le LABA à la bithérapie préexistante. Les critères simplifiés de non-contrôle de l'asthme: 3 jours par semaine de symptômes ou 3 jours par semaine d'utilisation de B2 mimétiques de courte durée d'action, ou 1 réveil nocturne par semaine lié à l'asthme.
2015: Les recommandations 2015 de l'asthme par la
SPLF sont
enfin publiées. Premier bon point: bannir le terme de 'bronchite
asthmatiforme", soit le patient a de l'asthme qui est une maladie
chronique, soit c'est une infection virale aiguë qui n'est pas de
l'asthme et qui est une bronchite. Les auteurs insistent sur le contrôle
de l'asthme avec des questionnaires valides comme l'
ACT par
exemple. Le suivi doit donc être clinique (pas d'expectorations
induites pour chercher les éosinophiles, pas de NO exhalé) avec 1 à 2
EFR par an tant que le patient n'est pas bien stabilisé. Les
traitements: rien de neuf pour le traitement de fond je crois. Pour le
traitement des exacerbations la posologie de corticoïdes oraux est de 40
à 50mg/j pendant 5 à 7 jours alors qu'il me semble qu'on pouvait aller
jusqu'à 60mg avant, et l'utilisation d'une chambre d'inhalation améliore
l'efficacité sachant que 10bouffées de salbutamol font 1mg (on est
encore loin des 5 à 10mg en aérosol!).
2015: Les anglais du NICE ont émis des recommandations pour améliorer la
prise en charge de l'asthme.
Le problème posé est celui du diagnostic et des nombreux patients
étiquetés asthmatiques qui ne le seraient pas. Le diagnostic repose donc
sur la clinique associée à des EFR. Et après avoir mis en évidence un
syndrome obstructif réversible, ils recommandent de mesurer la fraction
expirée de NO qui doit être supérieure à 40 pour confirmer le diagnostic
(non nécessaire avant 16 ans si EFR typique). L'algorithme est un peu
complexe quand même, et mène au final à de nombreux test pour confirmer
ou infirmer la présence d'asthme.
Une revue du
Lancet s'intéresse
à l'asthme. Très complète, elle discute de la différence entre la
stratégie 1 : "CSI+formoterol" si besoin aux paliers 1-2 puis
systématique au palier 3 versus la stratégie 2: "SABA (ventoline) +CSI"
si besoin au palier 1, "CSI" systématique au pallier 2, et "CSI+LABA"
au pallier 3. En effet, la stratégie 1 permet un meilleur contrôle au
stade 1 notamment, mais il est possible que l'utilisation soit moins
régulière au stade 2 que l'utilisation systématique du CSI de la
stratégie 2. En fait, pour un asthme purement intermittent ou saisonnier
(stade 1), l'apprentissage de l'utilisation de "CSI+formoterol"
pourrait être plus adapté en poursuivant le traitement en "fond" pendant
la période à risque, mais en cas d'asthme persistant léger, commencer
par des CSI en traitement de fond + ventoline si besoin semble plus
adapté. Sur du stade 3 par contre, CSI+formoterol en traitement de crise
et de fond est ce qui a démontré la meilleure efficacité. Les auteurs
rappellent le risque de pneumopathies des corticoïdes et que 1600mg de
beclomethasone/j inhalés correspondent à 5-8mg de prednisone par voie
systémique (ce qui explique les effets secondaires sur la croissance, la
fragilité osseuse et les infections). Par ailleurs, le montélukast
serait possible à chaque stade pour "essayer d'améliorer le contrôle",
donc probablement que c'est en stade 3-4 qu'il pourrait être suggéré.
Suite aux recos du
GINA et de la place prépondérante de l'association formoterol+CSI en traitement de crise et de fond, on se demande comment évoluer dans les paliers, quand intensifier et quand baisser. Voici une possibilité proposée dans le
journal européen de pathologie respiratoire. Il y a aussi un modèle de protocole d'action où les auteurs encouragent la prise de corticoïdes si:
- plus de 8 prise de formoterol+CSI/jour au total dans la journée
- ou efficacité limitée à 2-3h
- ou symptômes plus importants.
En parallèle, le
JAMA a
publié une revue de la littérature sur la prise en charge de l'asthme.
Les prises en charges proposées sont proches de celles de la SPLF. A
noter le joli tableau récapitulatif des doses standard, du bénéfice
prouvé du traitement et des effets indésirables des molécules:
Petit virage saisonnier vers l'asthme et la façon dont il faut gérer les traitements de fond. Une
méta-analyse du BMJ nous
dit qu'en cas d'asthme non contrôlé par des petites doses de
corticoïdes inhalés, l'ajout d'une bêta2mimétique de longue durée d
'action diminue les exacerbations. Cependant, (de ce que j'ai compris)
aucune autre combinaison de traitement (corticoïdes forte dose,
anti-leucotriènes, etc...) ne fait mieux que les corticoïdes inhalés
faible dose (de quoi se simplifier la vie avec toutes ces molécules...)
Une étude du
JAMA s'est
intéressé au traitement par "SMART" dans l'asthme. Cet acronyme
signifie "traitement de maintien et de soulagement". Il s'agit des
traitements de longue durée d'action utilisé dans l'asthme, à la fois en
tant que traitement de crise et de traitement de fond. En pratique,
d'après cette méta-analyse, il s'agit notamment de l’association
budesonide-formoterol (Symbicort) qui par son formoterol, beta2 de
longue durée d'action mais avec une action bronchodilatatrice rapide
après la prise du traitement qui permet l'utilisation également en cas
de crise d'asthme. Ainsi, en comparaison d'une association classique
"beta2 de longue durée d''action + corticoide inhalé en traitement de
fond associé à des beta2 de courte durée d'action en cas de crise", les
SMART ont significativement réduit le nombre d'exacerbation nécessitant
des corticoïdes oraux, un passage aux urgences ou une hospitalisation.
Les auteurs nuancent le niveau de preuve de l'étude pour les enfants de
moins de 11 ans pour lesquels les SMART étaient peu étudiés. Il est
dommage que les effets indésirables d'une multiplication de
l'utilisation des corticoïdes inhalés n'aient pas été étudiés, mais il
semble que ce type de traitement, plus simple, soit bénéfique par
rapport au traitement classique.
Un article d'Annals of internal medicine traite de l'
asthme au travers d'une revue de la littérature. Il confirme globalement les nouvelles recommandations du GINA dont j'avais parlé il y a peu
ici. Les auteurs précisent cependant leur point de vue sur la bithérapie "formoterol + CSI" en modérant le fait de la proposer en 1ere intention chez tous les patients au "step 1". En effet, ils suggèrent d'en rester au bronchodilatateur de courte durée d'action chez les patients avec asthme intermittent (moins de 2 crises par mois) sans facteur de risque d'exacerbation (antécédent de crise d'asthme sévère, grossesse, hyperéosinophilie sanguine ou sur crachats, obésité, rhinosinusite chronique, atopie, tabagisme actif ou passif, niveau socio-économique faible, VEMS < 60% et plus de 2 crises / semaine mais ça, ça exclu de l'asthme intermittent). En présence d'un de ces facteurs de risque, il serait préférable d'utiliser la bithérapie intermittente (SMART therapy) en traitement de crise dans l'asthme intermittent.
Tout d'abord, une revue de la
Cochrane a
comparé dans l'asthme, les bithérapies CSI/LABA et les trithérapies
CSI/LABA/LAMA. Les auteures retrouvent qu'une trithérapie réduit les
exacerbations d'asthme mais pas les hospitalisations. Notons que cette
trithérapie est actuellement recommandée en pallier 5 du traitement de
l'asthme d'après le
GINA.
L'utilisation des anticholinergiques dans l'asthme était débattue mais a été proposée dans les dernières
recommandations américaines. Le
JAMA a
publié une revue systématique comparant une trithérapie (CSI+LABA+LAMA)
à une bithérapie (CSI+LABA). La trithérapie permettait de réduire
significativement le risque d'exacerbations chez les patients non
contrôlés par une bithérapie avec un NNT pour réduire de 1 exacerbation
dans l'année de 19 patients. Le contrôle de l'asthme était également
amélioré de 0,7 points sur le questionnaire ACQ-7 (une différence étant
considérée comme cliniquement pertinente à partir de 0,5 points). Il n'y
avait cependant pas de bénéfice sur la qualité de vie ou la mortalité.
Concernant les effets indésirables, il y avait plus de sécheresse
buccale et de dysphonie en cas de trithérapie (NNH=84).
Après le tabac des combinaisons formoterol + corticoïdes inhalé (CSI) dans l'
asthme, voici un
article parlant d'une trithérapie combinée (beclomethasone+formoterol+glycopyrronium) versus le traitement par formoterol + CSI. Les patients inclus étaient des patients non contrôlés par cette dernière bithérapie, et en effet, l'ajout du LAMA de longue durée d'action a réduit la survenue des exacerbations modérées et sévères d'environ 12-15 % et amélioré le VEMS d'environ 65mL (c'est pas énorme mais c'est statistiquement significatif). Cet article est sponsorisé par BigPharma, mais il ne serait pas étonnant de voir apparaitre les LAMA dans l'asthme prochainement.
J'avais parlé des SMART thérapies dans l'asthme, précédemment
ici, qui avait montré un bénéfice par rapport aux traitements classiques. Cette étude du
NEJM a comparé le budésonide seul 2 fois par jour en traitement de fond + salbutamol au besoin avec un placebo 2 fois par jour + budesonide/formoterol (traitement pouvant être une SMART) au besoin. Les auteurs retrouvent que, sur le nombre des exacerbation, l'association budesonide/formoterol au besoin n'est pas inférieure au budésonide systématique, mais qu'elle est inférieure sur le contrôle des symptômes. Le risque des SMART thérapies est potentiellement une prise du traitement uniquement en cas de crise et non en traitement de fond. Cette étude montre bien l'importante d'avoir un traitement de fond au long cours dans l'asthme, plutôt qu'un traitement de crise uniquement. Il faut probablement utiliser des SMART pour des patients non contrôlés par une monothérapie classique, mais en rester aux corticoïdes inhalés à faible dose pour les asthmes persistants légers qui ne nécessitent que rarement un traitement de crise.
Y a-t-il un intérêt des anti-cholinergiques dans le traitement de fond
des crises d'asthmes de l'adolescent? Le journal de l'ERS a publié un
essai contrôlé randomisé
étudiant pendant 12 semaines le tiotropium versus placebo chez les
adolescent non contrôlés avec des corticoïdes inhalés. Trois heures
après la prise du traitement actif, le VEMS était modérément augmenté
par rapport au placebo. Cependant, à 12 semaines, il n'y avait pas de
différence entre les groupes traitement et placebo. Étonnamment le
tiotropium a 2,5µg semblait plus discrètement plus efficace que le
5µg... Bref, de toutes façon, les résultats de l'étude semblent clairs:
le tiotropium n'a pas d'efficacité sur le VEMS dans l'asthme de
l'adolescent.
Alors qu'on se pose la question de l'intérêt des corticoides inhalés dans la BPCO, un article de l'
European Respiratory Journal revient
sur la place des anticholinergiques de longue durée d'action dans le
traitement de l'asthme. Les auteurs font une revue des études sur le
sujet et retrouve une amélioration significative des EFR grâce notamment
au tiotropium.
Une
revue systématique
évalue le montélukast dans l'asthme (et la rhinite allergique mais
c'était 1 seule étude sur 22) chez l'enfant. Par rapport au placebo, le
montélukast améliorait significativement et cliniquement les symptômes
sur un score global. Cependant, par rapport aux corticoïdes inhalés, le
montélukast était moins efficace que les CSI sur les symptômes nocturnes
et diurnes, et équivalent sur le score global de symptômes ou la
qualité de vie. Vu l'absence de bénéfice par rapport au traitement de
référence et les effets indésirables neuro-psychiatriques du
montélukast, leur indication est vraiment limitée.
Cela fait des années que la théophylline a été retirée des traitements de l'asthme pour balance bénéfice-risque défavorable. Un
essai contrôlé randomisé a testé la théophylline en complément de corticoïdes inhalés dans l'exacerbation de BPCO : ça ne marche pas non plus! Il y avait bien un peu moins d'hospitalisation, mais quand il y a onze analyses secondaires pré-spécifiées, ne peut pas vraiment considérer leurs analyses secondaires comme significatives.
Et pourquoi bien équilibrer l'asthme? Pour avoir des enfants!
L'asthme mal contrôle ralonge le délai avant d'être enceinte chez la femme.
N'oublions pas que les complications pour le foetus sont également plus
fréquentes chez la femme asthmatique mal contrôlée et que le risque de
décompensation est majoré entre 24 et 36 SA (
Rev Prescrire 2013 ; 33 (361) : 838-847)
Une revue systématique du JAMA compare
les SABA (salbutamol), versus l'association SABA+CSI et versus
formoterol + CSI dans les crises d'asthme. Cette revue systématique
montre globalement, une réduction du risque d'exacerbations sévères,
avec les 2 associations versus SABA seul, et un risque moindre avec
formoterol+ CSI versus SABA+ CSI (OR=0.78). En analyses en sous groupes,
les résultats étaient identiques quel que soit le pallier de traitement
des patients, donc même en pallier 1 (asthme intermittent). Les
associations amélioraient également le contrôle de l'asthme sur l'ACQ-5
sans différence entre les 2 associations. Enfin, il ne semblait pas y
avoir plus d'effets indésirables graves. Il est juste dommage qu'on
n'ait pas le nombre de bouffées moyennes données en cas de crise selon
les études.
Selon les recos, il faut ajouter un corticoide inhalé au beta2 de courte
durée d'action dans les crises d'asthme, mais il y a peu de données. Le
NEJM a
publié une étude comparant le salbutamol+budesonide, versus salbutamol
seul dans le traitement des crises d'asthmes chez des patients avec un
asthme non contrôlé sous corticoïdes inhalés au long cours. Les auteurs
de l'étude retrouvent qu'il y a significativement moins d'exacerbations
sévères en cas de bithérapie (risque relatif diminué de 26%, nombre
d'exacerbations sévères annuelles: environ 0,45/an vs 0,60/an, soit un
bénéfice de 0,15/an). Ainsi, chez des patients non contrôlés avec un
corticoïde seul, il semble préférable d'utiliser une bithérapie en
traitement de crise (et probablement aussi en traitement de fond puisque
les CSI seuls sont insuffisants).
Le suivi des patients asthmatiques semble compliqué à mettre en place. Cet article retrouve
qu'il n'y a que 60% des patients hospitalisés pour crise d'asthme qui
revoient leur médecin généraliste dans le mois post-hospitalisation pour
une réévaluation. Si on s'intéresse aux points abordés: 8% ont eu un
plan d'action, 8% ont eu une démonstration de leur inhalateur, et 1% des
fumeurs ont eu un conseil minimal concernant le sevrage tabagique. Les
patients d'origine africaine, les adolescents et les adultes de moins de
25 ans étaient le moins susceptibles d'avoir un suivi en ville dans le
mois suivant l'hospitalisation.
L'asthme de
l'enfant est un diagnostic complexe, notamment avant 5 ans, avec des
critères diagnostiques variant selon les sociétés savantes. Le pronostic
de l'asthme semble meilleur quand les premiers sibilants arrivent tôt
(vers 2 ans), ce qui est associé à une résolution des symptômes en
milieu d'enfance. Pour le diagnostic, après 5 ans, il faut une
obstruction à la spirométrie (VEMS/CV < 70% ou < 80% selon la
reco) et une réversibilité ou une variation du DEP de 12% pour certains
et de 20% pour d'autres (ou une FeNO anormale, mais non reco d'après le
GINA ou la HAS). Globalement, pour chaque élément diagnostic, la
sensibilité est de 50% et la spécificité entre 70% et 90%, d'où
l'importance d'en avoir plusieurs. L'histoire retrouve généralement des
épisodes de wheezing, une toux à l'effort ou en début de nuit, des
antécédents d'atopie ou d'asthme familiaux. Une toux "chronique isolée"
est rarement compatible avec un asthme, notamment avant 24 mois. Les B2
de courte durée ne sont pas un test thérapeutique, le test
thérapeutique, notamment avant 5 ans, consiste dans 2 mois de CSI.
Concernant ceux ci, la béclométasone et le budésonide sont moins
efficaces mais beaucoup plus étudiés sur le plan de la sécurité.
Inversement, la fluticasone est 2 fois plus efficace mais pourrait
augmenter le risque d’insuffisance surrénalienne. Enfin, les CSI au long
cours réduiraient la taille adulte finale de 1cm. En cas de crise, 10
bouffées de salbutamol sont recommandées, aussi bien chez les enfants
avec un "asthme allergique" que ceux ayant un "asthme viro-induit" (ie.
la "bronchite asthmatiforme" qui est vraiment de l'asthme), les 2
phénotypes cohabitant souvent.
Au sein de cette cohorte étaient
étudiées la survenue d'un asthme dans l'enfance ainsi que son
évolution. Les antécédents d'asthme dans la famille, d'allergie et
d'allaitement inférieur à 3 mois étaient associé à la survenue d'un
asthme au cours de l'étude. Le petit poids de naissance, le tabagisme
maternel pendant la grossesse, les infections respiratoires sévères, les
rhino-conjonctivites et l’eczéma étaient associées à un asthme débutant
avant 13 ans. Voici l'incidence en fonction de l'âge:
L'asthme est une pathologie courante en médecine générale. Probablement trop. En effet, il semblerait d'après une étude du
JAMA que
près de 30% des adultes déclarant un antécédent d'asthme n'avaient en
fait pas d'asthme après réévaluation par EFR à 1 an d'arrêt de tout
traitement de fond (quand les EFR étaient normales, le traitement de
fond était diminué progressivement). Les auteurs retrouvent aussi comme
principal facteur associé à ces absence d'asthme: l'absence d'EFR au
diagnostic. Donc, faire des EFR et réévaluer régulièrement les
traitements sont indispensable au diagnostic et au suivi des patients
(pour ceux qui en douteraient encore)
On parle souvent du sous diagnostic d'enfant asthmatique, à qui l'on dit
qu'ils ont "des bronchites asthmatiformes", qu'ils ont des "allergies"
et qui ne sont donc pas traités. Le contraire est également présent. En
effet,
une étude retrouve
un important surdiagnostic d'enfant asthmatique en soins primaires:
seulement 16% des enfants "asthmatiques" de plus de 6 ans avaient un
asthme confirmé par spirométrie. Parmi les enfants classés comme
asthmatiques sans spirométrie étaient la dyspnée (32%), la toux (26%) et
des sibilants (seulement 10%).
Un article de l'
European Respiratory Journal
s'est intéressé aux facteurs associés au suivi des ordonnances et
conseils promulgués par les médecins par les patients asthmatiques.
Appartenir à une minorité ethnique, avoir eu des changements récents de
médicaments était associé à une moins bonne réalisation des conseils. Au
contraire, avoir été aux urgences pour une crise d'asthme dans l'année
était associé à une meilleure observance. Enfin, 97% suivaient les
conseils quand il s'agissait de maintenir un traitement, mais seulement
70% quand il s'agissait de l'augmenter ou le baisser.
Concernant l'observance des corticoïdes inhalés (CSI) dans l'asthme, cette
étude internationale comprenant une bonne partie de patient français, retrouve une amélioration du nombre de patients prenant régulièrement des CSI en cas d'asthme persistant au cours des 20 dernières années. Cependant, seuls 34% des patients avec un asthme persistant déclarent prendre régulièrement leur CSI.... Donc y'a encore beaucoup de progrès à faire. Les facteurs associés à la prise d'un CSI étaient d'une part l’existence d'une crise d'asthme dans les 12 derniers mois et le fait d'avoir consulté un médecin dans les 12 derniers mois (avec également une association entre ces 2 facteurs...)
Cet
article
propose une boite à outils, créée suite à une revue de la littérature,
pour évaluer la non adhérence au traitement des patients atteints
d'asthme et de BPCO, par exemple chez les personnes ayant une maladie
non contrôlée, des exacerbations fréquentes, une utilisation fréquente
des inhalateurs à courte durée d'action. Les auteurs proposent un
questionnaire, le TAI,
validé, qui doit être proposé de manière non jugeante ("
De
nombreuses personnes ont des difficultés à prendre leur inhalateur en
permanence. Puis-je vous demander .... ?"). En fonction du degré de non
adhérence au traitement, les auteurs proposent des stratégies
d'accompagnement en proposant l'inclusion
d'aidants familiaux, l'association de la prise du médicament à une
habitude quotidienne (ex: brossage de dents), la mise en place de
rappels. Un plan personnalisé de soins limitant le nombre de traitements
et expliquant les modalités d'administration peut être utile pour les
patients ayant des difficultés à prendre le traitement. Enfin, pour les
personnes récalcitrantes au traitement, l'entretien
motivationnel avec éducation thérapeutique sur les bénéfices et les
risques liés aux traitements, ainsi que l'histoire naturelle des maladies peut être utile pour aboutir à une décision médicale partagée.
Un article du
BMJ revient sur le contrôle de l'asthme. Les auteurs reviennent sur l'importance de l'évaluation du contrôle de l'asthme avec un outil comme l'
ACT (aussi recommandé par la SPLF en France). En cas de mauvais contrôle (ACT < 20), les auteurs proposent un algorithme de réflexion avant de conclure à la nécessité d'intensifier le traitement: vérifier la technique, l'observance, des symptômes respiratoires gênant une bonne prise du traitement et l'anxiété.
On va continuer avec des articles plus "légers", avec un papier portant sur les facteurs modifiable dans la prise en
charge de l'asthme.
On y retrouve: la réduction du tabagisme dans l'environnement, prendre
en compte la pollution de l'air, réduire l'obésité, encourager une
alimentation riche en légumes et en fruits, encourager l'allaitement
maternel et la vaccination des enfants.
Longtemps, un des seuls bénéfices de la vitamine D d'après la Cochrane
était la réduction des crises d'asthme. Mais ils ont mis à jour leur
revue avec les nouvelles études dont nous avions parlé
ici. Ainsi, la
Cochrane conclue finalement, que la vitamine D ne réduit pas les exacerbations d'asthme ! (game over, again...)
Nous avions parlé plusieurs fois du possible bénéfice de la vitamine D dans l'asthme suggéré par la
Cochrane et plutôt démenti dans un
gros essai randomisé. Cette nouvelle méta-analyse de l'
ERJ
regroupant 18 essais randomisés (1500 patients) ne retrouve pas que la
supplémentation en vitamine D réduise le recours aux corticoïdes oraux,
les passages aux urgences, les hospitalisations ou la sévérité de
l'asthme. Bon, c'était une des dernières niches où la vitamine D
semblait peut-être avoir un bénéfice...
Le retour du retour de la vitamine D, cette fois dans une
méta-analyse d'essais
contrôlés randomisés pour évaluer son rôle dans la prévention des
infections respiratoires. La vitamine D réduit significativement le
risque d'infection respiratoire aiguë, mais faiblement (OR 0,92,
NNT=100). A force de secouer ce médicament dans tous les sens, on finit
par trouver des choses. Grâce aux analyses de sous groupes, notons quand
même que le bénéfice n'était présent que dans le sous groupe d'études
pour lesquelles l'administration était quotidienne pour les patients
asthmatiques de 1 à 15 ans essentiellement. Les auteurs n'ont pas
retrouvé d'effet indésirable lié à l'utilisation de la vitamine D dans
ces essais. Ça fera encore longtemps débat, on avait une
étude ne retrouvant pas de bénéfice franc il y a quelques semaines, et le
BMJ
retrouvait que le bénéfice n'était présent que pour une administration
de vitamine D quotidienne et non trimestrielle, comme dans cette étude.
J'avais parlé plusieurs fois du bénéfice possible de la vitamine D dans l'asthme de l'enfant (
ici et un peu
là). Une étude du
JAMA a
randomisé près de 200 enfants avec carence en vitamine D et un asthme
sous corticoïdes inhalés (CSI) en groupe placebo ou vitamine D 4000UI/j.
Après 48 semaines, il n'y avait pas d'amélioration concernant le délai
jusqu'à la première exacerbation sévère. On regrettera qu'il n'y ait pas
d'information sur les crises d'asthme non sévères et l'utilisation de
bronchodilatateurs de cours durée d'action, mais il n'y avait pas de
différence sur la consommation de CSI. Bref, il faudrait intégrer cette
étude dans la prochaine méta-analyse de la Cochrane sur le sujet.
Une revue
Cochrane a
étudié la prescription de vitamine D chez les enfants asthmatique. Ils
retrouvent dans leur méta-analyses une diminution des exacerbations et
des recours aux soins chez les enfants prenant de la vitamine D. Alors
que les recos françaises pronent la vitamine D jusqu'à 5 ans puis de 11 à
16 ans, peut être faudrait il poursuivre la supplémentation entre 5 et
11 ans chez les enfants asthmatiques. (voici la petite infographie qui
va bien)
Deux articles sur la vitamine D et ses implications en pneumologie sont parus cette semaine. Le premier, du
JAMA, retrouve qu'il n'y a pas de bénéfice à faire une supplémentation plus intense que celle actuellement recommandée pendant la grossesse pour réduire les évènements asthmatiques chez les nouveaux nés jusqu'à l'âge de 6 ans.
Il y a peu, une revue Cochrane retrouvait que la supplémentation en vitamine D améliorait l'
asthme chez l'enfant. Une étude du
BMJ a
retrouvé que la supplémentation par vitamine D diminuait la survenue
d'infections respiratoires. En y regardant de plus près, l'efficacité de
cette supplémentation n'était retrouvée que pour des administrations
quotidiennes ou hebdomadaires, mais pas pour les administrations "bolus"
mensuelles ou trimestrielles. Ainsi, il faudrait donc supplémenter tout
le monde (surtout les patients carencés) par une administration
quotidienne et éviter les bolus.
Une
étude britannique a
étudié l'impact des bêta-bloquants sur le contrôle de l'asthme chez des
patients avec une cardiopathie ischémique. Dans un cas témoin niché
dans une cohorte, les auteurs retrouvent que les bêta bloquants non
cardio-sélectifs sont associé à une augmentation des exacerbations
d'asthme (surtout à forte dose), qui n'est pas retrouvée avec les
bêta-bloquants cardio-sélectifs. C'est plutôt cohérent avec le mécanisme
d'action, et les traitements cardio-sélectifs étaient plus nombreux que
les non-sélectifs (ce qui n'élimine pas un sous-puissance pour les
cardio-sélectifs mais montre que leur risque est tout de même moindre
par rapport aux autres)
Un article que j'avais laissé passé mais qui mérite certainement que je revienne dessus. C'est le dernier article du
BMJ dont
je parlerais aujourd'hui, promis. Il fait la distinction entre asthme
et bronchoconstriction induite par l'effort (EIB en anglais) qui peut
être associé ou non à de l'asthme. Le terme d'EIB devrait être préféré à
celui d'asthme à l'effort car il n'y a pas d'inflammation bronchique
qui caractérise l'asthme (j'avoue que c'est surtout de la nosologie). Le
diagnostic se fait sur une diminution de 10% du VEMS après un effort de
8minutes avec 4 minutes à 90% de la FMT. Les auteurs insistent sur le
sous diagnostic devant des symptômes aspécifiques (la toux et le
wheezing sont évocateurs, mais l'oppression thoracique et le souffle
court sont aussi des symptômes). Les traitements proposés: beta2
mimétiques de courte durée d'action avant l'effort ou anti-leucotriènes,
voire corticoïdes inhalés si besoin en cas d'asthme associé. En cas
d'échec, penser à une obstruction laryngée liée à l'effort qui fait
souvent un stridor (et non un wheezing) qui nécessite une laryngoscopie
après activité physique chez un ORL pour faire le diagnostic.
Un article de l'
ERJ parle
de la rémission de l'asthme. La rémission à l'âge adulte pourrait
concerner 2 à 52% des patients (c'est large comme intervalle...). Elle
se définit par une rémission clinique: absence de symptômes cliniques
(ACT>20), absence d'exacerbation et une optimisation de la fonction
pulmonaire (VEMS>80%). La rémission complète consiste en une
rémission clinique associée à une normalisation des signes
inflammatoires (qu'on ne cherche pas vraiment en MG): éosinophiles <
300cellules/µL, éosinophiles dans les crachats < 3%, FeNO<40ppb.
Cette rémission peut être obtenue sans traitement ou sous traitement, il
ne s'agit pas d'une "guérison".
Une
étude de
cohorte a comparé le risque d'infections respiratoires chez les
patients de médecine générale avec asthme actif, asthme résolu (sans
traitement depuis 12 mois) et sans asthme connu. Les auteurs trouvent
que les patients avec asthme résolu avaient 70% d'hospitalisations en
moins que ceux avec asthme actif, et une réduction de 95% du risque de
consultation en ville pour exacerbation. Les patients avec asthme résolu
avaient autant d'hospitalisations que les patients sans asthme, mais
consultaient 2,3 fois plus fréquemment en médecine générale pour une
infection des voies respiratoires basses. On peut donc se poser la
question de l'indication du traitement de fond chez ces patients avec
"asthme résolu", mais en l'absence de sur-risque évident
d'hospitalisation, la balance bénéfice risque du traitement de fond par
rapport à un traitement en cas de crise uniquement n'est pas forcément
évidente.
2022: Le
GOLD a
publié des nouvelles recommandations pour 2023 concernant la BPCO!
Premièrement, la définition est modifiée: la BPCO est un ensemble de
conditions pulmonaires caractérisées par des symptômes liés à des
anomalies des voies respiratoires responsables d'une obstruction
persistante. Donc, il y a la notion de symptômes et d'obstruction
chronique. Elle est à suspecter devant tout patient ayant une toux
chronique, une dyspnée, des expectorations, des infections respiratoires
récurrentes ou une exposition à un facteur de risque, mais la
spirométrie est obligatoire pour poser le diagnostic (VEMS/CV < 0.7
après bronchodilatation) A noter que pour un VEMS/CV entre 0.6 et 0.8, ils recommandent de recontrôler. Le dosage d'alpha1-AT est toujours recommandé 1
fois dans la vie. Dans la classification de la BPCO, les catégories
anciennement C et D sont fusionnées dans une catégorie E. Les
traitements sont décrits selon le CAT, le mMRC et les exacerbations ci
dessous, et bien sur, le sevrage tabagique est le traitement le plus
important. En cas de traitement insuffisant, il est recommandé de passer
au pallier supérieur, incluant l'ajout de CSI même si les éosinophiles
sont < 300 (mais > 100). En effet, la mortalité des patients est
réduite (1) par la trithérapie par rapport à une double
bronchodilatation (-30% dans IMPACT et -50% dans ETHOS) chez les
patients du groupe E ayant des symptômes (ex-groupe D), (2) par le
sevrage tabagique (NNT=645 patients par an) et (3) par la rééducation
pulmonaire chez les patients ayant été hospitalisés pour EABPCO (et par
des mesures d'oxygénothérapie, VPP et transplantation dans certains
cas). Les macrolides au long cours peuvent être considérés chez les
patients sevrés ayant toujours des exacerbations sous traitement optimal
(bithérapie avec éosinophiles < 100 ou trithérapie). La
réhabilitation est recommandé pour les patients des groupes B et E. Les
vaccinations DTPCa, pneumocoque et covid sont recommandées. En cas
d'EABPCO, les B2CA sont recommandés et l'introduction d'un traitement de
fond à débuter. De plus, 5 jours de corticoïdes oraux sont recommandés
en cas d'EABPCO modérée et sévère, et 5 jours d'antibiotiques peuvent
être indiqués pour réduire la durée des symptômes, mais l'épisode peut
durer 4 à 6 semaines. Enfin, les auteurs abordent rapidement les
patients "pré-COPD" (patients symptomatiques ou avec emphysème mais
VEMS/CV >0,7) et les PRISm (VEMS/CV>0,7 mais spirométrie anormale
cf
ici) qui sont à risque de développer une BPCO.
2022: L'
USPSTF a
publié de nouvelles recos, et ne recommande pas le dépistage de la BPCO
chez les patients asymptomatiques. En effet, il n'est pas démontré que
ce dépistage améliore les critères cliniques. De plus les études
concernant l'âge pulmonaire n'ont pas clairement démontré qu'informer le
patient de l'âge de ses poumons améliorait le sevrage tabagique. Le
problème reste d'être certain que les patients soient asymptomatiques,
les symptômes passant souvent inaperçus "une ou deux bronchites,
l'hiver, c'est normal non?" Mais des études sont en cours pour améliorer
le dépistage dans des populations ciblées.
2022: Les recommandations internationales du GOLD concernant
la prise en charge de la BPCO en 2022 ont été publiées. Une BPCO doit
être suspectée devant des patients présentant une dyspnée, une toux
chronique ou des bronchites récurrentes et/ou une exposition à un
facteur de risque de BPCO (tabac, profession). Le diagnostic est à
confirmer par une spirométrie montrant un VEMS/CV < 0,7. Il est
nécessaire de faire un test de bronchodilatation pour évaluer l'état
pulmonaire des patients mais le degré de réversibilité n'est plus un
critère orientant vers un BPCO, ni pour différencier d'un asthme: la
spirométrie peut donc être faite sous traitement. Un dosage 1 fois dans
la vie de l'alpha-1-antitrypsine est recommandé, tout comme une
radiographie thoracique pour éliminer un diagnostic différentiel et
rechercher des comorbidités pulmonaires. Le sevrage tabagique est la clé
du traitement (et la balance bénéfice/risque des e-cigarettes est
incertaines) et la vaccination antipneumococcique recommandée. Les
auteurs classifient la BPCO selon le VEMS, mMRC et le CAT, et le
traitement initial est défini comme dans l'image ci dessous.
Les
LABA (B2 longue durée d'action) et LAMA (anti muscariniques) sont
indiqués en 1ère intention avec une léger avantage pour ces derniers sur
le risque d'exacerbation et d'hospitalisation. Puis la bithérapie est
recommandée en cas de symptômes non contrôlés. Les CSI peuvent être
ajoutés s'il y a un asthme concomitant, plus de 2 exacerbations modérées
dans l'année ou une hospitalisation malgré la bithérapie, les
éosinophiles sont >300 sur la NFS. L'azithromycine 3 fois par semaine
peut apporter un bénéfice sur les exacerbations chez les anciens
fumeurs uniquement.
Concernant
les exacerbations, il s'agit de dégradation de l'état respiratoire
requérant l'ajout d'un traitement supplémentaire. Les EABPCO légères
sont traitées par ajout d'un SABA (salbutamol par exemple). Les EABPCO
modérées peuvent nécessiter des corticoïdes (pour réduire la durée des
symptômes: 40mg pendant 5 jours) ou des antibiotiques (si signes
d'infection: amox+ac.clavu, macrolides ou cyclines). Les EABPCO
sévères nécessitent une hospitalisation.
Enfin,
concernant les comorbidités, les auteurs recommandent un dépistage du
cancer du poumon annuel par scanner faible dose chez les patients avec
BPCO liée au tabac et un dépistage des comorbidités cardiovasculaires.
Le RGO, l’ostéoporose, l'anxiété et la dépression sont sous
diagnostiqués et peuvent aggraver le pronostic.
2020: La
société européenne de pneumologie (ERS)
émet des recommandations sur la déprescription des corticoïdes inhalés
chez les patients BPCO. La société américaine avait également suggéré
cette option de désescalade thérapeutique (cf
ici).
L'ERS recommande donc une déprescription des CSI chez les patients qui
n'ont pas d'antécédent récent d'exacerbation et ayant des éosinophiles
< 300. En cas de déprescription, un traitement de fond doit être
maintenu par bronchodilatateur de longue durée d'action (LABA ou LAMA).
2020: Le
GOLD a
mis à jour ses recommandations concernant la BPCO pour 2020. Je vais
mettre en dessous les 2 figures importantes: celle permettant de
déterminer le traitement initial, et celle permettant d'adapter selon la
prédominance d'une dyspnée ou d'exacerbations. On note toujours le
recul des corticoïdes inhalés (surtout si pneumonies répétées,
éosinophiles < 100 ou ATCD de mycobactérie). Il faut ajouter
l'importance de l'arrêt du tabac, de l'activité physique et des
vaccinations grippe et pneumocoque. Il faut également penser à
rechercher les comorbidités (coronaropathie, dépression, RGO,
ostéoporose...). En cas d'exacerbation, les auteurs recommandent :
- des B2 de courte durée d'action +/- anticholinergiques de courte durée d'action,
- des corticoïdes oraux: 40mg pour 5 jours "mais il faudrait limiter aux exacerbations significatives"
-
des antibiotiques (amox+ac.clavu ou macrolides ou tétracycline pour 5 à
7 jours si crachat purulents (sensibilité 94%, mais spécificité 52%
pour une cause bactérienne) associés à majoration de dyspnée ou à
augmentation du volume des crachats.
2020 : La
société savante thoracique américaine a publié des recommandations concernant la BPCO. Pour commencer, chez les patients avec une dyspnée, la société recommande une bithérapie anticholinergique (LAMA) + beta2 stimulant de longue durée d'action (LABA). Chez les patients toujours dyspnéiques, ils recommandent l'ajout d'un corticoïde inhalé (CSI) seulement en cas d'exacerbation ou d'hospitalisation dans l'année. En cas de trithérapie, le CSI peut être arrêté en l'absence d'exacerbation dans les 12 mois précédents. En cas de dyspnée persistante malgré un traitement optimal, ils proposent de discuter d'un traitement symptomatique par opioïdes, mais ça on laissera les spécialistes se mouiller je pense...
2020: La
HAS a publié un guide du parcours de soins pour les patients atteints de BPCO. Le document est assez bien fait avec des points clés, et un schéma des choses à ne pas oublier sur l'évaluation par mMRC, le suivi spirométrique annuel, l'ALD si VEMS < 50%, l'activité physique, le sevrage tabagique etc... L'algorithme de prise en charge n'est pas modifié par rapport à celui de la SPLF ; notons quand même que la trithérapie est notée "à prescription initiale par pneumologue"... On regretterait aussi l'absence de partie sur la vitamine D qui réduit les exacerbations dans certains essais.
2019: La société européenne de pneumologie a publié des recommandations sur la prise en charge des
exacerbations de BPCO (celles de la
SPLF dataient de 2017 et proposaient des antibiotiques systématiquement). Ainsi en gardant pour définition d'une EABPCO, les critères d'Anthonisen:
- 9 à 14 jours de corticoïdes oraux sont recommandés pour améliorer la dyspnée et réduire les hospitalisations (niveau de preuve: très faible)
- Une antibiothérapie est recommandée (l'antibiotique est a déterminer selon chaque pays, niveau de preuve modéré).
2017: J'avais raté les recommandations de la SPLF sur les
exacerbations de BPCO (EABPCO) (le traitement chronique ayant été abordé
ici).
Il faut surtout penser aux EABPCO chez des patients non diagnostiqués
BPCO ayant certains critères (> 40 ans, >10PA, dyspnée, toux
chronique, "bronchites" antérieures, comorbidités associées à la BPCO
(maladie cardiovasculaire, anxiété-dépression, cancer pulmonaire...). En
ville, en cas d'EABPCO, seule une évaluation de la saturation
transcutanée est recommandée systématiquement (pas forcément d'ECBC, de
prise de sang, de radiographie, d'ECG).
Le
traitement repose sur des bronchodilatateurs de courte durée d'action
ainsi que des antibiotiques pour 5 jours (amox+ac. clavu.
essentiellement) en cas de majoration de la purulence des
expectorations. Le "stade" de la BPCO n'intervient pas, étant donné que
les recos ne parlent plus de stade dans les décisions (Antibioclic n'est
pas encore à jour là dessus).
Les
corticoïdes ne sont pas recommandés systématiquement est devraient être
réservés aux patients ne s'améliorant pas après traitement optimal.
Ainsi, 30-40mg/j pendant 5 jours est la posologie recommandée.
Les facteurs de risque nécessitant une réévaluation à 48h sont: VEMS<50 %
de la valeur prédite, plus de deux exacerbations par an, cardiopathie
ischémique, oxygénothérapie à domicile, corticothérapie orale
chronique.
2017: Les américains ont publié des recommandations sur le dépistage de la
BPCO. Ils recommandent de ne pas dépister les patients asymptomatiques, ce qui peut correspondre au fait que, dans les nouvelles recommandations françaises (cf par
ici), le traitement est à débuter "si symptômes"et à majorer "si symptômes persistants", le stade GOLD n'intervenant pas. Ce qui n'est peut être pas pris en compte c'est que le dépistage pourrait inciter à l'arrêt du tabac qui aurait un bénéfice indiscutable... L'autre point intéressant est que les auteurs recommandent un dosage d'alpha-1-antitrypsine , une fois, chez tout patient BPCO. Enfin, le TDM-thoracique faible dose est recommandé pour tout patient avec plus de 30PA actif ou sevré depuis moins de 15 ans . La HAS n'a pas jugé que ce dépistage du cancer était suffisamment bénéfique pour le recommander systématiquement.
2017: Le mois de mars était celui des recos sur la BPCO, et l'
ERS (agence européenne de pneumologie) a publié des recommandations. Elles sont très imprécises et ne vont pas grandement modifier la pratique. Le point principal réside dans le traitement par corticoïde des exacerbations en ambulatoire, dont la durée a été potentiellement prolongée: au lieu de 5 jours à 40mg (GOLD2017), ces recommandations disent désormais "moins de 14 jours" sans que la justification ne soit très claire.
Les antibiotiques dans l'exacerbation en ambulatoire seraient recommandés, mais l'antibiotique en question n'est pas défini, contrairement aux recommandations NICE et GOLD qui réservent les antibiothérapies aux patients avec des expectorations purulentes ou des BPCO sévères. L'argumentaire est faible une fois de plus pour justifier l'antibiothérapie systématique.
Le reste des recos ne concernent que très peu la médecine générale. Bref, en rester aux autres recos car celles ci n'apportent rien de nouveau ou de scientifiquement justifié.
2017: Je les avais raté en fin d'années, mais voici les reco de la
SPLF concernant
la BPCO! En fait, elles sont plutôt proches de l'article présenté la
semaine dernière. Elles sont pragmatiques: si pas de symptôme: pas de
traitement de fond. En cas de symptômes avec dyspnée chronique
prédominant: LABA, en cas d'exacerbation: LAMA (pour mémoire la dyspnée
peut s'évaluer avec le mMRC
≥2 ou le
CAT>10). Si le traitement est inefficace, une petite subtilité intervient:
- soit les exacerbations se sont calmées mais la dyspnée persiste: double bronchodilatation LAMA/LABA
-
soit le patient continue a faire des exacerbations mais n'est pas
dyspnéique (mMRC<2): ajout d'un corticoïde inhalé (dans ce cas on est
plutôt dans une association LAMA+CSI et non LABA+CSI si j'ai bien suivi
le raisonnement des experts, mais comme cette association n'a pas été
évaluée, c'est bien LABA+CSI )
Enfin,
en cas d'échec, une trithérapie peut être entreprise, voire trithérapie
plus ajout d'azithroymcine au long cours, seul moment où
l'antibiothérapie préventive peut réduire les exacerbations chez des
patients très exacerbateurs résistants au traitement.
Quelques
restrictions à suivre: INNOVAIR seulement si VEMS < 50%, SERETIDE si
VEMS < 60% et SYMBICORT si VEMS <70% post bronchodilatation
2017: Les recommandations du
GOLD 2017 dans
la BPCO sont peu modifiées par rapport aux précédentes, mais il est
toujours peu intuitif de sélectionner les traitements selon la
classification A, B, C, D (une version française
ici). Un
article propose
une simplification du traitement de la BPCO avec en première ligne les
anticholinergiques de longue durée d'action chez les patients peu
exacerbateurs peu symptomatiques, et les beta-2 stimulants en
association aux anticholinergiques d'emblée pour les autres patients ou
en cas de non-contrôle.
2016: Concernant le dépistage de la BPCO, les
américains ne
recommandent pas le dépistage chez des patients asymptomatiques bien
que ce soit la 3ème cause de mortalité aux États-Unis, surtout devant
l'absence de comparaison "dépistage" vs "pas de dépistage" sur des
critères de jugement cliniques.
2014: La HAS s’intéresse de plus en plus à la BPCO. Elle a bien raison. J'avais lu, je ne sais plus où, que cela deviendrai une des principale cause de mortalité dans les années à venir et que malheureusement elle était sous dépistée. Si toutes les personnes à dépister allaient voir un pneumologue, cela lui prendrai plus de 24 heures par jour pour assurer les EFR (je ne sais plus non plus où j'avais lu ça... je manque de sources cette semaine...) Bref, pour dépister les personnes les plus à risque, la
HAS a mis en place un
questionnaire simple en 5 questions dont la réponse positive à 2 ou 3 incite à pousser les explorations. Le
guide du parcours de soins est également la pour aider à la prise en charge des patients atteintes de BPCO, en resituant ce que chaque médecin généraliste peut effectuer et la place des autres intervenants.
Un
article intéressant sur le bénéfice des traitements dans la BPCO. On voit à gauche ce qui est le plus "cout-efficace" sur la qualité de vie des patients, et à droite, le pourcentage de patients bénéficiant chaque traitement. Vous pouvez conclure.
En réponse à l'article d'
il y a 2 semaines sur les différents traitements de la BPCO, il faut reconnaitre que cette version toute récente du
JAMA est encore plus claire avec les seuls de CAT et les antécédents d'exacerbation influençant le traitement de fond à privilégier (et intégrant l'hyperéosinophilie. On voit aussi qu'il n'y a plus de place pour les bithérapies LABA+CSI) Concernant les exacerbations, les auteurs recommandent les B2 de courte durée d'action dans les exacerbations légères et, contrairement à la SPLF, proposent plus facilement les corticoïdes oraux (40mg/j 3 à 7jours) et les antibiotiques (en privilégiant les macrolides en première lignes et l'amoxiciline + acide clavulanique chez les patients avec exacerbations récidivantes ou risque de résistances bactériennes).
Les recommandations de la SPLF concernant la BPCO sont pragmatiques mais il y a peu de conseils sur quelle classe utiliser selon les symptômes (cf
ici). Cet
article de l'European Respiratory Journal propose un algorithme dans le quel on ne commence jamais par des LABA seuls, ce qui est assez concordant avec les études, avec des propositions de modification de traitement selon les symptômes (une dyspnée est caractérisée par un mMRC
≥ 1 ou un CAT
≥ 9):
SUMMIT était
une grande étude randomisée ayant recruté des patients fumeurs à haut
risque cardiovasculaires, pour leur faire un dépistage de la BPCO et
ensuite randomiser les patients en traitement par CSI, LABA, CSI+LABA ou
placebo. Au final, ni les CSI, ni les LABA ne réduisaient la mortalité
dans la BPCO. Une
étude ancillaire
s'est intéressé au risque du cancer du poumon chez les patients fumeurs
ou anciens fumeurs âgés de 55 à 77 ans, à qui ils ont fait passer une
spirométrie. 46% de ces patients avaient une BPCO dont 73% étaient
symptomatiques. Parmi les patients avec une BPCO, 42% étaient des
patients avec une BPCO non diagnostiquée initialement mais diagnostiqués
à l'occasion du bilan réalisé pour l'étude. Les patients ont ensuite
été dépistés pour le cancer du poumon : par rapport aux patients sans
BPCO, le risque de cancer était augmenté pour les patients avec une BPCO
symptomatique (mMRC >1 ou toux > 6semaines), qu'ils soient BPCO
connus ou non diagnostiqués, mais pas pour les patients BPCO
asymptomatiques.
Une
étude de
cohorte rétrospective a comparé l'efficacité et la tolérance de
différentes associations de LAMA+LABA dans le traitement de la BPCO chez
45 000 patients. Les auteurs montrent que les associations umeclidinium
/vilanterol (Anoro* en France) et Indacaterol / Glycopyrronium
(Ultibro*) étaient associées à moins d'exacerbations de BPCO que
l'association Tiotropium / Olodatérol (Spiolto*), avec un NNT d'environ
10 personnes.année. Enfin, les patients sous Indacaterol /
Glycopyrronium semblaient avoir un risque d'évènements cardiovasculaire
inférieur à ceux sous Tiotropium / Olodatérol.
Cet article est
une méta-analyse concernant les B2 de longue durée d'action versus
placebo. Malheureusement, l'utilisation de ces traitements n'améliore la
mortalité des patients, ni le nombre d'exacerbation. Les scores de
contrôle et de qualité de vie sont sont cependant améliorés (il faut
bien qu'il y ait un peu d'efficacité quand même!). En même temps, ce
traitement par monothérapie est généralement proposé aux patients à des
faibles grade de BPCO, donc il est logique de ne pas voir d'effet sur
des critères comme la mortalité car le risque de mortalité des patients
avec une BPCO légère à modérée est très faible.
Cette revue de la Cochrane aborde
la triple thérapie CSI + LAMA +LABA versus la double bronchodilatation
LAMA + LABA dans la BPCO. Les auteurs trouvent que la triple thérapie
peut réduire les exacerbations modérées et sévères (NNT = 30 pour 1
exacerbation en moins), voire la mortalité (NNT=170), améliorer la
qualité de vie mais les améliorations en termes de dyspnée et de VEMS
n'atteignaient pas le seuil de pertinence clinique et le risque de
pneumopathie était significativement augmenté (NNH= 72).
La place de la double bronchodilatation versus trithérapie dans la BPCO est régulièrement discutée. Cette nouvelle analyse concerne
les patients en stade E (ayant > 1 exacerbation dans l'année) qui
sont éligibles soit à une double bronchodilatation soit a la
trithérapie, notamment si la bithérapie est insuffisante et éosinophilie
> 300 d'après les essais randomisés Ethos et Impact. Une étude de
cohorte en vie réelle semble donner des résultats allant dans le même
sens. La trithérapie ne réduirait les exacerbations qu'en cas
d'hyperéosinophie et ne serait associée à un sur-risque de pneumopathie
que chez ceux ayant des éosinophiles bas. Cela confirmerait donc
l'absence d'intérêt des CSI dans la BPCO en l'absence d'éosinophiles
> 300.
Une
analyse revient sur l'intérêt des trithérapies avec CSI dans la BPCO,
actuellement recommandés
si symptômes non tolérés sous double bronchodilatation et éosinophiles
> 300 car certaines études montraient une diminution de la mortalité
en essais randomisés. Cependant, il semble que la procédure de ces
études était d'inclure à la fois des patients sous trithérapie et sous
bithérapie, puis de faire arrêter le CSI aux patients sous trithérapie.
Ensuite, l'ensemble des patients était randomisé pour recevoir ou non le
CSI en plus de la bithérapie en place. Les évènements se sont
majoritairement produits dans le premier mois de l'étude et concernaient
essentiellement des patients ayant une trithérapie antérieure avec CSI
(peut-être n'aurait il pas fallu leur interrompre brutalement leur
traitement). De plus, l'analyse du sous groupe de patient qui n'avait
jamais eu de trithérapie auparavant ne montrait pas de bénéfice. Donc,
le bénéfice attendu de la trithérapie est probablement plus faible
qu'escompté et il ne faut probablement pas mettre tout patient BPCO non
contrôlé par bithérapie sous trithérapie en l'absence du critère
d'hyperéosinophilie.
Le
NEJM a
publié un essai contrôlé randomisé dans la BPCO comparant un
bronchodilatateur de longue durée d'action associé à un
anticholinergique à un bronchodilateteur de longue durée d'action
associé à un corticoïde inhalé chez des patients BPCO sévère à très
sévères. Les auteurs retrouvent que la 1ère association réduisait
significativement les exacerbations. De plus, bien que les effets
secondaires soient globalement identiques, il y avait moins de
pneumonies chez les patients du 1er groupe. Ainsi, alors qu'on se pose
beaucoup de questions sur l'intérêt des corticoïdes inhalés dans la
BPCO, cette étude est en faveur de l'utilisation des anticholinergiques
en bithérapie à la place des bithérapies classiques.
Une
étude de cohorte s'est intéressée à l'arrêt d'un LAMA en traitement de fond d'une BPCO peu sévère après 2 ans de traitement. En fait, c'était un essai contrôlé randomisé dans lequel les patients peu sévères ont reçu du tiotropium ou un placebo pendant 2 ans. A ce moment là, on voit une supériorité du traitement (meilleur VEMS, meilleure capacité vitale). Les patients ont ensuite été suivis pendant 3 ans sans qu'aucun ne reçoive de traitement. Quelques mois après l'arrêt du LAMA et durant les 3 ans de suivi, on note une dégradation du VEMS et de la CV qui devient similaire entre le groupe qui avait le tiotropium et celui qui avait le placebo, tout comme le nombre d'exacerbations. Cette étude encourage donc à poursuivre les traitements de fond instaurés. Si on s'intéresse un peu plus à la clinique qu'aux chiffres, on note quand même que le groupe "post-tiotropium" a conservé un meilleur COPD Assessment Test que le groupe "post-placebo" pendant 1 an après l'arrêt avant que les 2 groupes soient similaires.
Une méta-analyse du
JAMA a
étudié l'association anti-cholinergique (LAMA pour anti-muscarinique de
longue durée d'action) + Beta 2 mimétique de longue durée d'action
(LABA) verssus LABA + corticoïdes inhalés (CSI) dans la BPCO stable. Les
auteurs retrouvent un risque d'exacerbation diminué de 18% avec
LAMA+LABA (NNT: 38 patients), ce qui renforce l'idée de la double
bronchodilatation plutôt que l'ajout d'un CSI chez les patients non
contrôlés par une monothérapie.
Cette étude du
NEJM a évalué le tiotropium chez les patients BPCO avec un VEMS entre
50% et 70%. Cette étude confirme une amélioration du VEMS sous
traitement, mais aussi une amélioration clinique avec une diminution du
risque d'exacerbation et d'hospitalisation pour BPCO. Il y avait plus
d'effet indésirables oro-pharyngés sous traitement. C'est donc cohérent
avec les recos qui trouvaient que les anti-cholinergiques étaient
efficaces sur les exacerbations et un peu moins sur la dyspnée, mais
dans cette étude le CAT et mMRC après 1 an de traitement, ce qui
confirmerait vraiment la place en 1ère intention du tiotropium, mais un
essai contrôlé randomisé entre les 2 classes thérapeutiques serait
intéressant.
Une méta analyse du
BMJ a comparé les traitements de fond de la BPCO, et notamment l'association anticholinergiques(LAMA)+Beta2 de longue durée d'action (LABA) versus LAMA+LABA+ corticoïdes inhalés. Il y avait une réduction de 32% des exacerbations sous trithérapies (NNT=19 patients) mais il y avait aussi, de façon prévisible, une augmentation des pneumonies avec un NNH de 38 patients! (on a pas les durées de chaque études donc bon: Pour 2 exacerbation évitée: 1 pneumonie!) Ainsi, la conclusion des auteurs semble juste, c'est une option chez les patients non contrôlé sous double bronchodilatation, mais pas pour tous les patients.
Dans le même domaine, le JAMA vendait
un article dans lequel un traitement par corticoides inhalés associés bêta-2-mimétique de longue durée d'action était plus efficace qu'un traitement par cette dernière classe uniquement dans la BPCO. J'ai d'abord été étonné que le niveau de gravité de BPCO par la classification de GOLD et qui permet de déterminer le traitement de fond ne soit pas pris en compte. L'étude utilise un
score de propension , astuce statistique qui, en gros, permet d'apparier les patients sur un grand nombre facteur dans une étude non randomisée. En regardant dans les facteurs d'ajustement, on voit que les patients ont parfois un diagnostic d'asthme, parfois un diagnostic de BPCO, avec un coefficient d’interaction significatif: on ne peut donc pas ajuster sur ce facteur et les résultats chez les asthmatiques et BPCO doivent être donnés de façon séparée. Et quand on poursuit la lecture du tableau, on s’aperçoit que dans l'asthme, l'adjonction des corticoïdes inhalés est efficace en terme de diminution de mortalité et d'hospitalisation, et qu'il n'y a aucun effet chez ceux n'ayant pas de diagnostic d'asthme. Bref, une belle étude qui vend du rêve avec un titre, une conclusion accrocheuse et une méthodologie accrocheuse qui n'apporte au final pas grand chose...
Les recommandations concernant la BPCO évoluent toujours. Après avoir
prôné la double bronchodilatation (B2+ et anti cholinergique) en 2ème
intention, la place des corticoïdes inhalés est devenue douteuse au
point de se demande si la trithérapie était toujours utile. Une
étude s'est
donc intéressé aux BPCO modérées à sévères mal contrôlées en
randomisant les patient, soit en double bronchodilatation (indecaterol +
glycopyrronium = Ultibro) versus une trithérapie (beclométhasone +
formoterol + glycopyrronium). Les auteurs ont retrouvé une différence
statistiquement significative sur le nombre d'exacerbation en faveur de
la trithérapie à 52 semaines (OR=0,85). Cependant, la différence est
cliniquement minime, en faisant baisser le nombre d'exacerbation par
patient et par an de 0,59 à 0,50. De façon intéressante, il n'y avait
pas plus de pneumonie dans le groupe trithérapie.(inutile de préciser
que le labo finançant l'étude veut produire la trithérapie et que les
molécules de double bronchodilatation sont produites par un autre labo)
La place des corticoïdes inhalée se réduit dans la BPCO, et il semble falloir privilégier les double bronchodillatation (B2 de longue durée d'action + anti-cholinergique) dans les bithérapies. Cependant, est il toujours utile de passer à une trithérapie quand la BPCO est symptomatique? Une étude du
NEJM a retrouvé que la trithérapie réduisait significativement le nombre d'exacerbation de 15% ( - 0,3 exacerbations par an en chiffres absolus) et moins d'hospitalisations (NNT= 16 patients par an). Cependant, il y avait davantage de pneumonies chez les patients sous corticoïdes inhalés (groupe trithérapie) avec un NNH de 33 patients pour une pneumonie. Chose un peu plus étonnante, il n'y avait de différence entre la double bronchodillatation et un 3ème groupe qui comprenait B2 de longue durée d'action + corticoïdes inhalés. Bref, il y a certainement encore un intérêt à la trithérapie chez les patients exacerbateurs non contrôlé par une double bronchodillatation.
Le second, l'étude
TRIBUTE,
compare l'efficacité de la double-bronchodilatation (indacaterol et
glycopyrronium) versus un trithérapie (beclometasone, formoterol et
glycopyrronium) à 52 semaines, le critère de jugement principal étant la
survenue d'exacerbation. Les auteurs retrouvent une diminution relative
significative du nombre d'exacerbations de 15% (0,5 / patient par an
versus 0,59 / patient par an!) . Cependant, quand on regarde les sous
groupes selon la sévérité de la BPCO, modérée ou sévère, il n'y a rien
de significatif. Pas d'effet non plus sur l'amélioration du VEMS ou du
score de contrôle de BPCO. Concernant les effets indésirables, on ne
retrouve pas d'augmentation des pneumonies, des mycoses oro-pharyngées
etc... qui sont pourtant des effets indésirables connus (Mais peut- être
que le financement par BigPharma y est pour quelque chose...) Bref, pas
de gros bénéfices, des risques incertains, et donc certainement que la
trithérapie est à réserver aux patients non contrôlés sous double
bronchodillatation, comme le suggèrent les recos actuelles.
Une nouvelle étude,
ETHOS,
a comparé la trithérapie (corticoïdes inhalés, LAMA et LABA) versus une
double bronchodilatation (LAMA+LABA) chez des patients BPCO avec un
CAT>10 et ayant 2 antécédents d'exacerbation dans l'année (1 seule si
VEMS<50%), malgré une bithérapie inhalés. Les auteurs retrouvent que
les patients avec trithérapie avaient un nombre d'exacerbations
modérées ou sévères diminuées de 24% par an pour les fortes doses de
corticoïdes et on voit même que la mortalité globale des patients sous
trithérapie est plus faible que celle sous double bronchodilatation
(NNT=100)! La trithérapie est donc bien supérieure chez ces patient, et
le sur-risque de pneumopathie (NNH=59) ne suffit pas à rendre cette
trithérapie défavorable face au bénéfice sur la mortalité. Cependant, on
sait que le bénéfice des corticoïdes inhalés est incontournable chez
les asthmatiques, or bien que les patients avec antécédent d'asthme
aient été exclus, 30% des patients de l'étude avaient une spirométrie
réversible après bronchodilatateurs. Ensuite, les patients ayant un CAT
non contrôlé (je remets le lien vers le questionnaire
ici)
et des antécédents d'exacerbations malgré une bithérapie sont classés
en stade GOLD D et ont une indication à une trithérapie. Ainsi, cette
étude ne fait que remontrer que les
recommandations
sont adaptées chez des patients non contrôles par une bithérapie (et
c'est une des rares fois où un gain sur la mortalité est retrouvé), et
n'est absolument pas en faveur d'une trithérapie chez des patients moins
sévères (chez qui le risque de pneumopathie fait alors pencher la
balance du côté des risques).
Le
Lancet Respiratory medicine a publié l'étude KRONOS comparant une trithérapie (budesonide/glycopyrrolate/formoterol= BGF) à une double bronchodilatation (glycopyrrolate/formoterol= GF) et à une bithérapie B2 de longue durée d'action+corticoïdes inhalés (budesonide/formoterol=BF) chez des patients BPCO. A 24 semaines, les résultats mettent en évidence qu'il y a une amélioration du VEMS/CV chez les patients avec BGF et GF par rapport au groupe BF. Si on considère les exacerbations, il y en avait un peu plus dans le groupe GF qui ne comporte pas de corticoïdes inhalé. Les effets indésirables sont peu décrits mais ne semblaient pas très différents selon les groupes. C'est cohérent avec les
recos françaises sur l'efficacité des CSI en cas d'exacerbations persistantes et avec le fait qu'en cas de BPCO non contrôlé, une trithérapie peut apporter un bénéfice supérieur sans trop augmenter les effets indésirables chez les patients non contrôlés par une bithérapie CSI+B2LDA ou B2LDA+anticholinergique.
Les corticoïdes inhalés ont une place qui s'est éloignée dans l'algorithme de prise en charge des patients BPCO. Dans cette
étude de cohorte rétrospective de patients, les patients de plus de 65 ans hospitalisés pour exacerbation de BPCO ayant eu un arrêt des CSI avaient un taux de réhospitalisations et de mortalité moindre que ceux ayant poursuivi leur CSI. Une des explications peut être que remplacer un CSI par un anti-cholinergique est plus efficace pour réduire le risque d'exacerbation (ça c'est
démontré) et donc de complications liées à ces exacerbations.
L'European Respiratory Journal revient
sur la place des corticoïdes inhalés (CSI) dans la BPCO. L'essai
contrôle randomisé dont il parle retrouvait que l'association beta2 +
anticholinergique + placebo était non inférieure à beta2 +
anticholinergique + CSI en terme d'exacerbation de BPCO. Cependant le
VEMS était un peu moins bon sans CSI sans retentissement cliniquement
pertinent. Ce débat sur les CSI dans la BPCO intervient devant une
augmentation du risque de pneumopathie chez les patients BPCO traités.
Il semblerait que l'association beta2+ anticholinergique, alternative
proposée par le GOLD 2015, soit peut être à privilégier.
BPCO toujours, l'
antibiothérapie "continue intermitente" par macrolide 3 jours par semaine semble être efficace pour réduire les exacerbations. Les patients étudiées avaient des exacerbations au moins 1 fois par an malgré un traitement de fond, et étaient souvent âgés de plus de 65 ans. Compte tenu du risque de résistance actuel lié aux pressions par antibiotiques, il semble préférable de bien conserver cette option thérapeutique pour des patients sélectionnés, exacerbateurs malgré une trithérapie inhalée.
Un truc à la mode dans la BPCO, c'est de cibler les traitements selon les éosinophiles. Cette étude de cohorte en soins primaires du
Lancet a donc comparé des patients selon leur éosinophilie ( le seuil étant placé à 300 ou plus de 4% de leucocytes), et comparé un LAMA (anti cholinergique) versus LABA+CSI (B2 de longue durée d'action + corticoïdes inhalés). 12 000 patients avec chaque traitement ont été appariés sur un score de propension et les résultats montrent une réduction du critère de jugement principal (survenue de la 1ère exacerbation de BPCO) uniquement chez les patients avec une hyperéosinophilie avec un NNT de 13 patients par an pour les exacerbations légère et modérées et NNT de 59 patients par an pour les exacerbations sévères. Il y avait un sur-risque de pneumonie dans le groupe avec des CSI avec un NNH de 42. Donc, il y a probablement un bénéfice à la bithérapie chez les patients BPCO avec hyperéosniophilie d'après les auteurs. Je ne le verrais pas dans ce sens là, personnellement. Car la majorité des études montrent qu'une bithérapie est plus efficace qu'une monothérapie, avec un peu plus d'effets indésirables. Là, on voit surtout que la bithérapie LAMA+CSI est inefficace chez les patients n'ayant pas d'hyperéosinophilie et donc en rester à LAMA seul ou LAMA+LABA en cas de traitement insuffisant serait une meilleure solution. Il faudrait comparer LAMA+LABA versus LABA+CSI chez les patients avec hyperéosinophilie pour valider la bithérapie avec CSI mise en avant dans cette étude.
Alors que les doubles bronchodilatations par anti-muscarinique et
bêta-2-mimétiques de longue durée d'action sont de plus en plus
recommandées, une
étude s'est
intéressé à leur sécurité. Les auteurs retrouvent qu'il n'y a pas
d'augmentation du risque d'infarctus, d'AVC ou de trouble du rythme
cardiaque après 1 an de traitement avec double bronchodilatation par
rapport à une monothérapie, mais le double traitement était associé à
une augmentation du risque d'insuffisance cardiaque. Affaire à suivre.
La BPCO est de plus en plus décrite comme une maladie systémique ne se
limitant pas à une atteinte pulmonaire, et certains traitements "non
pulmonaires" pourraient améliorer la fonction pulmonaire de façon
complémentaire. Une étude de cohorte du
BMJ retrouve
que les patients diabétiques traités par analogues du GLP-1 ou
inhibiteurs de SGLT-2 avaient un risque d'exacerbation de BPCO sévères
plus faible que ceux traités par sulfamides avec un NNT de 67 patients
par an. Cet effet n'était pas retrouvé avec les inhibiteurs de DPP-4.
Un
essai contrôlé randomisé
s'est intéressé à la simvastatine pour prévenir les exacerbations de
BPCO. Il y avait 200 patients randomisés et les patients sous
simvastatine avaient significativement moins d'exacerbations (NNT= 6
patients). Le temps avant 1ère exacerbation et le nombre annuel
d'exacerbations étaient également plus faibles sous statine. C'est
encore un peu juste comme étude pour traiter tous les BPCO par statine,
mais ça va dans le sens selon lequel la BPCO se rapprocherait plus d'une
pathologie systémique qu'une pathologie purement pulmonaire.
La
Cochrane a
publié une revue systématique concernant les IPP et les exacerbations
de BPCO. Une seule étude randomisée (!!) a pu être analysée, évaluant le
lansoprazole. Les patients traités avaient moins d'EABPCO (0,3/an vs
1,1/an, p < 0.01). Les auteurs concluent que le niveau de preuve est
insuffisant et que d'autres études doivent être menées.
Les mucolytiques ne servent à rien. Mais, on avait vu que "peut-être", ils seraient utiles dans la BPCO. Une revue systématique de
l'efficacité des mucolytiques dans la BPCO a donc été menée. Les
auteurs trouvent que les mucolytiques, et notamment l'erdosteine (un peu
l'ambroxol), améliorent le taux de guérison et la toux, et réduisent
les scores globaux de symptômes. Cependant, ils ne réduisent pas la
mortalité ni les durées d'hospitalisations et leurs effets secondaires
sont peu décrits. Des résultats mitigés donc, qui semblent insuffisants
pour les recommander systématiquement compte tenu de l'absence d'essais
de grande envergure pour compléter cette méta-analyse de petits essais.
L'
erdosteine est
un mucolytique (ça commence mal, vous allez dire...). Dans la BPCO, un
traitement par erdosteine 300mg x2/j a été testé versus placebo dans un
essai randomisé ayant inclus 445 patients de stade II et III. Après 1 an
de traitement, les patients traités avaient significativement moins
d'exacerbations que ceux sous placebo (0,91 exacerbations/patient/an
versus 1,13 exacerbation/patient/an.... ça parait pas des masses comme
ça, mais c'est "statistiquement significatif...) et les exacerbations
duraient 3 jours de moins (9,5j vs 12,6j , p=0,023). Cependant, le délai
avant la 1ère exacerbation n'était pas significativement moindre. Bref,
on en est pas encore à la pilule miracle, mais il n'y avait pas plus
d'effets secondaires dans le groupe traitement.
On avait vu que les mucolytiques (notamment l'
erdosteine)
étaient étrangement efficace pour réduire les exacerbations de BPCO.
Une étude va peut être proposer une explication. En effet, cet
article retrouve
dans une cohorte de 4000 patients BPCO que les agrégats de mucus dans
les bronches de calibre moyen et important (2 à 10mm de diamètre)
étaient associés à un sur-risque de mortalité globale variant entre 15%
et 24% selon le nombre de segments atteints.
Chez
des patients BPCO avec éosinophiles >300/mm2 sous trithérapie
LAMA+LABA+CSI ayant encore 2 exacerbations dans l'année ou 1 sévère, on
est assez démuni. Cet
essai randomisé
a comparé le dupilumab versus placebo. Le traitement par anticorps
monoclonaux a permis de réduire le risque d'exacerbation de 36% (0.9/an
versus 1.3/an) sans augmentation significative des effets indésirables.
Peut être une option à discuter chez ces patients.
Une étude de la revue
CHEST s'est intéressée à l'aspirine chez les patients BPCO. plus de 1500 patients d'une cohorte ont été inclus dans cette étude, parmi lesquels 45% utilisaient de l'aspirine à faible dose. Après appariement sur score de propension, ces patients avaient une diminution de 22% du risque d'exacerbation de BPCO (surtout les exacerbations d'intensité modérée), ainsi que de légères diminutions de la dyspnée sur le mMRC et sur le COPD assessment test. On manque quand même de chiffres absolus dans cet article... Enfin, cette étude ne parle pas de diminution de mortalité, mais les références en introduction parlent d'une réduction parfois retrouvée de mortalité globale chez les patients sous aspirine faible dose. Bref, rien qui incite vraiment à prescrire de l'aspirine faible dose chez un patient BPCO sans antécédent cardiovasculaire.
Chez des patients BPCO avec une PAS > 130mmHg, un
essai randomisé incluant 81 patients a mis en évidence que boire une fois par jour un jus contenant 400 mg de NO
3− (nitrates)
pendant 12 semaines réduisait la PAS de 5mmHg et améliorait la
distance parcourue en 6 minutes de 30m ! Mais où trouver ces 400mg de
nitrates ? En buvant 70ml de jus de betterave tous les jours!
L'étude française DISCO visait
a étudié le dépistage de la BPCO en médecine générale et a comparé le
taux de dépistage de BPCO selon 4 groupes: soins courants, questionnaire
HAS/GOLD,
coordinateur BPCO (le médecin pense à une BPCO et adresse au
coordinateur qui gère le dépistage) ou questionnaire HAS/GOLD +
coordinateur. Dans le groupe contrôle, les BPCO n'étaient pas évoquées,
ce qui suggère qu'il est utile d'utiliser un questionnaire de dépistage,
et c'est "logiquement" dans les groupes avec un coordinateur qu'il y a
eu le plus de dépistages effectifs. Les points les plus intéressants de
cette étude sont épidémiologiques : un recrutement de plus de 3000
patients en médecine générale, ayant conduit à 800 suspicions pour
lesquels une spirométrie a été prescrite, soit 25% des patients vus en
MG qui sont à risque de BPCO. Au total, 1 % de l'ensemble des patients
avait une BPCO soit 3% des patients avec suspicion de BPCO ce qui est
particulièrement faible. Enfin, 80% des patients BPCO dépistés étaient
de GOLD1 (et 95% GOLD 1 ou 2) pour lesquels les traitements ont une
efficacité minime. Bref, pour arriver à dépister des patients à risque
de complication, il faut dépister beaucoup trop de patients (3000
patients adultes -> 800 suspicion de BPCO -> 24 BPCO -> 1
BPCO sévère; ça fait un beau "carré de White"!) . J'espère qu'on
arrivera vite à valider le score GLORI-COPD pour mieux cibler les dépistages ! (et grand merci aux investigateurs pour leurs efforts de recrutement !)
Un équipe américaine
s'est intéressé au dépistage des patients "pré-BPCO" pour analyser
quand ils allaient être atteints d'une BPCO: le SLIM risk calculator.
Ainsi, ils espèrent diagnostiquer plus tôt les patients susceptibles
d'avoir une BPCO pour permettre une prise en charge précoce ciblée sur
un risque individuel. Ils proposent l'algorithme suivant évaluer le
risque de CAL (chronic airflow limitation) avec un seuil de risque à 16%
permettant d'obtenir une sensibilité de 79% et une spécificité de 67% :
Deux cohortes américaines ont été analysées pour donner une description des patients atteints de BPCO.
Parmi les 20 000 patients inclus, il y avait 56% de femmes, l'âge
moyen était de 67 ans, la moitié était des anciens fumeurs et un tiers
de fumeurs actifs. Les 3/4 avaient également de l'hypertension
artérielle, la moitié du diabète et autant de la dépression. 38% avaient
eu une exacerbation dans l'année, c'est beaucoup. Si on regarde les
traitements, les 3/4 avaient un corticoïdes inhalé seul ou en
association, malgré la recommandation limiter leur utilisation au vu des
risques de pneumopathies, ce qui peut expliquer la fréquence des
exacerbations.
Une
étude grecque
s'est intéressée à la prévalence et au diagnostic de BPCO. Chez les
patients fumeurs ou anciens fumeurs de plus de 40 ans, il y avait 10 %
de patients atteint de BPCO et la moitié d'entre eux étaient
"sur-traités". Parmi eux, 50% n'avaient pas été diagnostiqués BPCO.
Inversement, parmi les patients qui étaient censés avoir une BPCO, 60%
n'avaient en fait pas de BPCO!
Une
étude s'est
intéressée aux effets du tabagisme "faible" sur le risque de BPCO. La
BPCO était définie comme VEMS/CV < 0.7 et VEMS < 80% de la
théorique. Les auteurs ont suivi pendant 5 ans des patients avec un
tabagisme < 10PA parmi lesquels il y a eu 23% des patients qui a
développé une BPCO. Puis sur une période de suivi pouvant aller jusqu'à
40 ans, les auteurs ont trouvé que les patients avec une BPCO et un
tabagisme < 10PA avaient 3 fois plus de risque d'exacerbation que
ceux qui n'ont pas de BPCO et moins de 10 PA et ceux sans BPCO avec un
tabagisme >10 PA avaient déjà un risque d'exacerbation multiplié par 2
!
Cet article du
NEJM a
randomisé 600 patients avec asthme ou BPCO non diagnostiqués en se
basant sur des questionnaires diffusés largement portant sur d’éventuels
symptômes respiratoires (toux, dyspnée, crachats, sifflements...) puis
un questionnaire "diagnostique" asthme/BPCO avant d'avoir une
spirométrie. Le groupe traitement était "adressage immédiat à un
pneumologue + un éducateur asthme/BPCO" versus "soins courant" (=adressé
au généraliste). Sans grande surprise, le critère de jugement (recours
aux soins pour évènement respiratoire) était réduit de 50% dans le
groupe intervention (0,53 évènements/an versus 1.12 évènements/an), et
le contrôle des maladies était meilleur. En effet, cela peut être
rapport au fait qu'il y ait des cours d'éducation thérapeutique dans le
groupe intervention et aussi au fait que 13% des patients seulement du
groupe intervention était sans traitement de fond, versus 50% dans le
groupe soins courant. Cependant, cette différence significative peut
être discutée: une consultation tous les 2 ans d'écart entre les
groupes, c'est peu, sans différence non plus sur les hospitalisations,
et les améliorations de qualité de vie globale, de qualité de vie
respiratoire et de symptômes respiratoires du groupe intervention
n'atteignaient pas le seuil de pertinence clinique (SF-12, CAT et SGRQ).
Au final, le bénéfice ne semble pas si énorme, mais effectivement,
permettre de l'éducation thérapeutique et adapter les traitements en
médecine générale permettrait de réduire légèrement l'écart retrouvé
dans cette étude.
Du coup, concernant le dépistage de la BPCO, une
revue systématique
a comparé différent outils de dépistage: les questionnaires COPD-PS et
CDQ, et les mini-spiromètres. Les mini-spiromètres avaient de meilleures
performances que les questionnaires mais la différence était
significative uniquement entre les mini-spiromètres et le CDQ (pas avec
le COPD-PS). Comme montré dans l'article ci dessus, se baser uniquement
sur un
mini-spiromètre ou un questionnaire pour diagnostiquer une BPCO peut
expliquer le sur-diagnostic. Ainsi, vu l'absence de différence
significative entre les mini-spiromètres et le COPD-PS, il est
probablement plus utile de dépister par questionnaire et de confirmer
par spirométrie que l'on peut effectuer au cabinet (plutôt que
d'investir à la fois dans un mini-spiromètre et un spiromètre...)
Une étude du journal américain de médecine respiratoire a recherché des critères pour dépister facilement les patients BPCO en
médecine générale. Ils retrouvent qu'un score "CAPTURE©" (explorant le
tabagisme actif ou passif, la saisonnalité de symptômes respiratoires,
le retentissement sur l'activité physique, l'épuisement physique et
l'absentéisme du à des infections respiratoires) associé à un débit
expiratoire de pointe (DEP) inférieur à 60%, ont une sensibilité et une
spécificité d'environ 90% et 93% dans le diagnostic de la BPCO.
Malheureusement, le copyright sur le CAPTURE m'empêche de le mettre ici.
Fort heureusement, le CAPTURE, avec son copyright, est là pour faire
gagner de l'argent aux auteurs. En effet, le DEP<60% chez les
patients suspect de BPCO a déjà une sensibilité de 88% et une
spécificité de 91% par rapport aux non BPCO. Le score permet surtout
d'être un peu meilleur pour diagnostiquer des BPCO plus sévères.
Conclusion, si vous n'avez pas de spirométrie, effectuer un DEP peut
permettre de dépister des patients BPCO de façon fiable. (Bien
évidemment, les valeurs prédictives positives et négatives n'étant pas
applicables à nos populations de médecine générale, je n'en parle pas.)
Un nouveau score fait son entrée dans la BPCO, le
B-AE-D indice!
(existe en version B-AE-D-C mais plus complexe) Il est particulièrement
intéressant car il permet d'évaluer le risque de mortalité du patient
de façon simple chez un patient BPCO sans insuffisance respiratoire.
Ainsi, pour la version B-AE-D, un score de 0-1 point prédit une
mortalité à 2 ans d'environ 5%, un score de 2-3 points une mortalité de
20%, et un score d'au moins 4 points une mortalité de près de 60%!!!
Alors, comme un traitement adapté de la BPCO diminue les complications
et exacerbations, pensez à noter: le BMI, le nombre d'exacerbation
annuelle et le
niveau de dyspnée chez vos patients BPCO!
La BPCO est un fléau qui progresse à bas bruit. Une étude a
retrouvé qu'un débit expiratoire de pointe (DEP) inférieur à 80% avant
40 ans était un facteur associé à la survenue d'un BPCO après 20 ans de
suivi. Cependant, cette baisse n'était pas systématiquement associée à
la survenue d'une BPCO.
Il y a un petit débat sur les seuils diagnostics de
BPCO: faut il utiliser un seuil fixe de VEMS/CV à 0,7 ou préférer comme critère un VEMS/CV inférieur à la limite inférieure de la normale (LIN, qui correspond à 90% de la valeur théorique)? Cette étude du JAMA retrouve qu'il n'y a pas de différence statistique entre les deux mais que le seuil de VEMS/CV à 0,7 est un peu plus précis et serait donc à privilégier.
Le
NEJM a
publié un article sur la BPCO. Les auteurs classent les patients
fumeurs en 4 catégories selon qu'ils soient symptomatique ou non et
qu'ils aient ou non une BPCO selon la spirométrie. Ainsi 50% des
anciens fumeurs avaient des symptômes sans que les critères
spirométriques de BPCO ne soient présent. Ainsi, même sans BPCO, les
fumeurs et anciens fumeurs ont des exacerbations et une limitation des
activités.
Une étude a
recherché si les patients traités empiriquement pour une BPCO
présentaient effectivement un trouble ventilatoire obstructif à la
spirométrie. Seuls 62% avaient un trouble obstructif mis en évidence, et
le fait d'avoir un traitement sans trouble objectivé était associé à la
présence de comorbidités telles que l'insuffisance cardiaque, les
apnées du sommeil, l'obésité et le diabète. Pour ne pas sur-traiter des
patients, pensons donc à bien les évaluer!
Une
étude de
la mortalité chez les patients BPCO a permis de déterminer 5 classes de
patients selon leur symptômes (mMRC), leurs comorbidités (âge, IMC,
antécédents de diabète et antécédents cardiovasculaires) et leurs
caractéristiques spirométriques. L'algorithme montre le risque de
mortalité pour chaque classe, les classes les plus graves étant les
classes 1 et 4, et la classe 5 la moins grave.
Nous avions parlé plusieurs fois des risques de décompensation chez les patients BPCO. Cette
étude
présentée au congrès de la SPLF confirme qu'un sur-risque d'évènements
cardiovasculaires survient plus fréquemment dans les mois suivant une
exacerbation de BPCO mais précise que le risque est maximal dans la
semaine qui suit l'exacerbation. On sait que les traitements de la BPCO
ne réduisent pas directement la mortalité, mais en réduisant la survenue
d'exacerbations, ils pourraient réduire la survenue d'évènements
cardiovasculaires chez ces patients fumeurs ou anciens fumeurs à haut
risque.
Un peu d'épidémiologie dans la BPCO avec cet
article étudiant
65 000 patients hospitalisés pour exacerbation de BPCO. Parmi eux, 32%
ont été réhospitalisés et 10% sont décédés dans l'année. Les
principaux facteurs de risque de mortalité étaient avoir été en soins
intensifs et avoir déjà fait 2 hospitalisations pour EABPCO dans
l'année. On pourra peut être réduire ces risques en réévaluant les
traitements de fond à la sortie d'hospitalisation.
Un article de l'
ERJ Open
concerne 80 000 patients BPCO hospitalisés pour une 1ère EABPCO sévère.
Ces patients avaient des comorbidités pour 58% d'entre eux
(cardiovasculaires, diabète, cancer et dépression) et un traitement de
fond depuis moins de 6 mois pour 65% d'entre eux. Au cours des 5 années
suivantes, 82% ont été hospitalisés à nouveau, mais dans 59% des cas, il
s'agissait de causes non respiratoires et principalement
cardiologiques. Ainsi, il semble important, d'une part de bien éduquer
le patient à la nécessité et à la prise du traitement de fond de la
BPCO, et d'autre part de dépister et de prendre en charge les
comorbidités associées à la BPCO pour tenter de limiter les
hospitalisations.
Les bénéfices de l'arrêt du tabac ne sont plus à démontrer. Mais pour renforcer encore cela, une
étude anglaise
a étudié la mortalité et la survenue d'hospitalisation pour cause
respiratoire chez des patients BPCO suivis 3 ans dans une cohorte
rétrospective. Après ajustement sur les facteurs de confusion
potentiels, les auteurs retrouvent que, par rapport aux patients
fumeurs, les ex-fumeurs ont un risque de mortalité diminué de 22%
(risque relatif) et d'hospitalisation pour cause respiratoire de 18% .
Il n'est pas possible de calculer de NNT dans cette cohorte parce que
les réductions de risques sont obtenue après ajustement: avant
ajustement les analyses retrouvaient au contraire une augmentation de la
mortalité chez les ex-fumeurs par rapport aux fumeurs actifs.
Pour continuer sur la BPCO, il est indispensable de vérifier les techniques d'utilisation des appareils d'inhalation. Une
étude retrouve
que 50% des manipulations sont faites avec des erreurs, et le risque
d'hospitalisation était presque multiplié par 2 chez les patients
effectuant des erreurs d'utilisation.
Juste pour le plaisir, voici une nouvelle revue systématique testant la
vitamine D
dans la BPCO. Les auteurs trouvent qu'il n'y a pas de modification du
nombre d'exacerbations, du risque de mortalité ou des EFR avec versus
sans supplémentation.
La supplémentation en vitamine D chez les patients
BPCO semble avoir une efficacité qui se confirme sur la prévention des exacerbations chez les patients BPCO avec une carence en vitamine D mais pas chez les autres.
Alors que les
corticoïdes inhalés voient leurs indications réduites aux patients toujours symptomatiques malgré une bithérapie par double bronchodilatation à cause du sur-risque de pneumopathies, quelques bénéfices secondaires sont recherchés concernant leur utilisation. Cette
étude de cohorte canadienne a mis en évidence qu'il y aurait une diminution du risque de cancer pulmonaire de 30% chez les patients BPCO traités par corticoïdes inhalés par rapport aux autres patients BPCO, la prévalence des cancers du poumon dans cette population BPCO étant de 2,5%. Malheureusement, une fois encore, il est difficile de prendre en compte les facteurs de confusion dans ce type d'études.
Cette
étude pilote
a montré que l'intervention d'un pharmacien sur les techniques
d'utilisation d'un inhalateur pour l'asthme et pour la BPCO améliorait
la technique d'inhalation. Cependant, à 6 mois, il n'y avait aucune
différence sur le contrôle de l'asthme ou de la BPCO ou encore sur les
exacerbations le groupe intervention et le groupe contrôle...
Une
étude retrouvait il y a quelques temps que les corticoïdes inhalés pouvaient diminuer le risque de cancer du poumon chez les patients BPCO. Cette nouvelle
étude ne retrouve pas ce bénéfice en expliquant que les autres études observationnelles ont dû inclure des patients avec CSI qui étaient en fait des asthmatiques et donc à moindre risque de cancer du poumon que des vrais patients avec BPCO.
Une notion de spirométrie anormale avec ratio préservé (
PRISm) concerne les patients avec un VEMS/CV>0,7 mais un VEMS < 80%. Ils représenteraient environ 7% des patients effectuant une spirométrie, mais 50% d'entre eux évoluent vers une vraie BPCO. Leur pronostic semble moins bon que celui des patients BPCO de stade gold 1 (qui ont un VEMS>80%).
Nous avions parlé des patients avec VEMS/CV normal et VEMS diminué dont
le pronostic était moins bon que celui de certains patients avec BPCO
dans un
précédant article. Cette étude contrôlée randomisée du
NEJM a
regardé s'il était justifié de traiter par LAMA+LABA des patients
fumeurs de plus de 10 PA avec un VEMS/CV normal et symptomatique (CAT
> 10). Le critère de jugement était l'amélioration des symptômes
après 12 semaines. Il n'y avait pas de différence d'amélioration des
symptômes entre le groupe traité et le groupe placebo. Donc ces patients
sont peut-être à plus haut risque que certains BPCO, mais débuter un
traitement en cas de spirométrie normale n'apporte rien!
La "
fan therapy"
qui consiste à faire un effort avec un mini-ventilateur soufflant de
l'air devant la figure de patients BPCO semble être une intervention
acceptable chez 92% des patients (sur 14 patients....). Elle
améliorerait les performances au test de marche de 6 minutes (+21mètres)
et la vitesse de récupération après un effort. A tester dans des essais
de plus grande ampleur?
Un
essai contrôlé randomisé a
évalué l'utilisation de morphine chez les patients BPCO souffrant de
dyspnée réfractaire. Les patients recevaient 10mg de morphine LP, 2 fois
par jour. Ce traitement a amélioré les patients du groupe intervention
en diminuant de 2 points le score COPD assessment test
(ça, c'est pas super cliniquement pertinent) et le mMRC de 1,33 points (pour mémoire il va de 0 à 4) notamment chez les patients avec un mMRC à 3 ou 4
(ça c'est pas mal).
Il y a eu 9% d'arrêts de traitement dans le groupe morphine et 2% dans
le groupe placebo à cause d'effets indésirables mais pas
d'hospitalisation.
Après le développement des spirométries chez les généralistes, des auteurs proposent l'
auto-spirométrie
au domicile. L'auto-spirométrie est réalisée au rythme de 2 fois par
semaine pendant 3 semaines et sous estime légèrement le VEMS (-0,1L) et
la CV (-0,03L), avec un coefficient de corrélation avec des mesures au
cabinet de 0,97 ( un coefficient à 1,0 étant la corrélation parfaite).
Cela pourrait faciliter le suivi des patients.
Un
article du
BMJ parle des ACOS, à savoir Asthma-COPD overlap syndrome, qui
correspond aux formes mixtes entre asthme et BPCO dont le traitement
est encore mal défini. Il en est de même pour le diagnostic, mais
l'article permet de nous y aider pour orienter les patients suspectés
vers un pneumologue. Ainsi, selon la forme d'ACOS qui sera diagnostiquée
(BPCO à éosinophiles, Asthme à neutrophiles ou ACOS
paucigranulocytique) le traitement privilégia des corticoïdes inhalés,
des macrolides ou des anti-cholinergiques, respectivement. Voici les
critères devant faire suspecter un ACOS:
2023: Des
recommandations sur
le bilan de thrombophilie après un évènement thrombo-embolique veineux
ont été publiée par la société américaine d'hématologie.
-
Ils ne recommandent pas de bilan en cas de TVP provoquée par une
chirurgie ou non provoquée pour guider la durée du traitement. Pour les
TVP provoquée par des facteurs non chirurgicaux (hospitalisation 3jours,
grossesse, contraception ) et les MTEV sur des sites atypiques
(thrombophlébite cérébrale, splanchnique sans cirrhose), ils
recommandent un recherche de thrombophilie pour discuter d'un traitement
au long cours si le bilan est positif. Si une RCP a décidé d'un
traitement a vie, il n'est pas recommandé de faire le bilan de
thrombophilie. En cas de TVP avec facteur déclencheur mineur et atcd
familial de thrombphilie, il n'est recommandé de tester QUE si la
thrombophilie familiale est identifiée ET à haut risque (prot C, prot S,
antithrombine et pas pour fac V Leiden ou prothrombine).
-
Pas de bilan non plus si asymptomatique en population générale avant un
traitement hormonal ou en cas de thrombophilie familiale (1er degré),
sauf si 1/ thrombophilie à haut risque et désir de traitement hormonal:
car COP/THM contre indiqué si la même thrombophilie est retrouvée et 2/
thrombophilie à haut risque et exposition à un facteur de risque mineur
car cela pourrait indiquer une thromboprophylaxie 3/ thrombophilie
familiale connue et désir de grossesse pour une prophylaxie pré et post
partum si a même thrombophilie est retrouvée, 4/ thrombophilie
familiale connue et cancer pour débuter une prophylaxie.
Une étude de
cohorte retrouve une association entre le risque de cancer (prostate,
poumon, CCR, col de l'utérus et endomètre, hémopathies, ovaire,
mélanomes) et le fait d'avoir de l'asthme. L'association cancer et
maladies inflammatoire a été décrite dans d'autres maladies
inflammatoires. Il est intéressant de voir qu'ici, pour les patients
traités par CSI l'association cancer/asthme n'était plus significative
que pour les cancers pulmonaires et mélanomes.
2020: Un
article du
journal du collège de cardiologie américain revient sur les indications
des traitements dans les maladies thrombo-emboliques veineuses. On
retiendra surtout la classification du risque de récidive selon les type
de facteurs de risque:
- risque très faible de récidive : facteur transitoire chirurgical (opération, traumatisme)
-
risque faible de récidive: facteur transitoire non chirurgical
(contraception, grossesse, avion >8h, blessure de jambe non
traumatique, pathologie aigue)
- risque modéré de récidive :
facteur non transitoire (âge avancé, fragilité, maladie chronique
(notamment auto-immune ou inflammatoire) ou absence de facteur identifié
- risque élevé de récidive: cancer actif, antécédent de MTEV, thrombophilie génétique ou acquise,
Ainsi,
la conduite à tenir pour discuter d'un traitement prolongé est guidée
par ces facteurs selon le risque hémorragique évalué (par le VTE-BLED ou RIETE score, comme présenté dans cet algorithme:
2020: Le
NICE a
publié des recommandations concernant les maladies thrombo-emboliques
veineuses. Pas grand chose de neuf par rapport aux références
européennes et francophones dont j'avais parlé
ici.
Les auteurs recommandent l'utilisation des critères de PERC pour
exclure une embolie pulmonaire en cas de risque faible, ainsi que
l'utilisation du seuil de D-Dimères ajusté sur l'âge au delà de 50 ans.
Les auteurs s'opposent à la recherche de cancer dans le bilan des
évènements idiopathiques en l'absence d'autres symptômes évocateurs. Les
traitements de première ligne recommandés reposent sur l'apixaban et le
rivaroxaban, pour une durée de 3 mois en cas d'évènement avec facteur
déclencheur et pour une durée indéterminée selon la balance bénéfice
risque pour les évènement sans cause retrouvée. Pour des patients
refusant une anticoagulation au long cours, les auteurs suggèrent de
proposer de l'aspirine faible dose.
2019: L'ESC a aussi émis des recos sur l'
embolie pulmonaire (les
précédentes datant de 2014), faisant suite aux recos 2019 de la SPLF (cf
ici) et de la société de médecine vasculaires (cf
là).
Les points clés:
- les critères
PERC sont enfin cités comme utiles pour exclure cliniquement un risque d'embolie pulmonaire s'ils sont tous présents
- utiliser les seuils de D-Dimères liés à l'âge pour évaluer dans les probabilités non élevées, et y compris pendant la grossesse (il y a aussi un seuil variable selon le risque d'embolie pulmonaire, mais je trouve le calcul pas pratique et pas top)
- après diagnostic, chez les patients à faible risque de complication (évaluable par le
PESI), un traitement par HBPM, fondaparinux ou AOD est recommandé
- le traitement ambulatoire peut être entrepris directement si: hémodynamique stable ET score PESI classe I /II ou PESI simplifié = 0 ET pas de signe d'insuffisance cardiaque à l'angioscanner ET pas d'autre raison d'hospitaliser ET soutien familial ET accès facile aux soins médicaux.
- L'anticoagulation est recommandée pour 3 mois en cas de 1er épisode avec facteur majeur transitoire (ils ne sont pas clairement décrits......)
- L'anticoaculation à vie est recommandée si : SAPL ou si EP récurrente sans facteur déclencheur mais peut être envisagée dès le 1er épisode sans facteur déclencheur majeur
- En cas de grossesse, il est recommandé de faire une RXT et un doppler veineux des membres inférieurs. En l'absence de thrombose des membres inférieurs, un angioscanner est recommandé si la RXT est anormale, et si elle est normale on a le choix entre un angioscanner et une scintigraphie pulmonaire.
- A la fin du traitement (vers 3 à 6 mois), il est nécessaire d'évaluer le risque d'hypertension pulmonaire: recherche de dyspnée ou de facteur de risque d'hypertension pulmonaire (2ème épisode, anomalies cardiopulmonaire sur le TDM , splénectomie, thrombophilie, groupe sanguin non O, hypothyroïdie, antécédent de cancer, MICI, myélodysplasie, ostéomyélite chronique) motivant une échographie cardiaque et une consultation spécialisée.
Bref, pour les embolies pulmonaires, les recos françaises sont concordantes et bien plus claires!
2019: La SPLF a publié des
recommandations sur la prise en charge des maladies thrombo-emboliques veineuses (MTEV et donc des phlébites et embolies pulmonaires):
- les
critères PERC sont enfin recommandées pour rejeter la possibilité d'une embolie pulmonaire. Les scores de Wells et Genève modifiés (en 3 catégories) sont recommandés pour évaluer la probabilité d'une EP ou sinon on peut se fier au jugement du clinicien.
- les D-Dimères sont recommandés en cas de probabilité non forte, y compris après 50 ans selon la règles de
seuil égale à 10 x l'âge.
- 2 stratégies diagnostiques sont possibles, soit avec l
'angioscanner (classique), soit avec un
Doppler veineux de compression (si positif + signes thoraciques = EP) , suivi d'une scintigraphie si normal
- il est recommandé de
ne pas se passer des D-Dimères pendant la grossesse si la probabilité est faible ou modérée et d'utiliser une stratégie avec Doppler et scintigraphie de perfusion plutôt qu'un angioscanner.
- les scores PESI et Hestia sont à utiliser pour déterminer les traitements pouvant se faire en ambulatoire
- concernant le traitement, avk (warfarine en priorité) et AOD (apixaban ou rivaroxaban) sont recommandés. La compression veineuse est utile à la phase aigue mais doit être interrompue en absence de syndrome post-thrombotique après 6 mois. (y'a rien sur la compression si vol en avion en prévention de récidives).
- il y a un intérêt de
débuter l'anticoagulation immédiatement dans l'attente du diagnostic de certitude: si risque élevé au score de Genève , ou si risque intermédiaire et que le diagnostic ne pourra être établi dans les 4 heures, ou si le risque est faible et que le résultats des D-Dimères ne sera pas disponible dans les 24 heures.
- un évènements est provoqué s'il y a un contexte: dans les 3 derniers mois de
fracture, d'
immobilisation d'au moins 3 jours ou de
chirurgie avec AG de plus de 30min, ou s'il y'a une
COP, un
THM,
grossesse ou
post-partum (la durée n'est pas précisée)
- la durée des traitements est bien plus complexe: pour les TVP proximales et EP
avec facteur déclencheur: 3 à 6 mois et
sans facteur: 6 mois (si
HERDOO < 2 , ou femme < 50 ans, ou TVP proximale, risque hémorragique élevé, facteur déclencheur mineur comme l'avion > 6h)
ou à vie (si 1er épisode d'EP à haut risque, thrombophilie ou 2ème épisode de TVP ou EP)
- en l'absence d'évènement majeur, un
bilan de recherche de cancer est recommandé (NFS, calcémie, RXT, mammo, PSA) même si le bénéfice dans les études n'est pas clair... (cf
ici)
-
bilan thrombophilie: recherche de SAPL si < 50 ans non provoqué ou si récidive. Le bilan complet de thrombophilie est recommandé si: non provoqué et âge > 50 ans + atcd familial de thrombose au 1er degré ou récidivant dont 1 épisode non provoqué ou non provoqué sur un site atypique.
- il est recommandé de
ne pas traiter les EP sous segmentaires en l'absence de facteur de risque majeur persistant et de TVP recherchée par un doppler.
- concernant les
TVP sous poplités, il est recommandé de traiter 6 à 12 semaines, la surveillance échographique à J7 étant réservé aux patients avec hémorragies actives ou risque hémorragique élevé (zut! moi qui est espérait qu'on applique les critères de surveillance , cf
ici et
là)
- concernant les
thrombose veineuses superficielles :
-si symptomatique isolée de plus de 5cm de longueur et situé à plus de 3cm de la jonction saphéno-fémorale: traitement par fondaparinux 2,5mg/j pendant 45 jours (hors de ces critères, ils disent qu'il n'y a pas de données mais recommandent quand même ce même traitement si 1er épisode sans facteur déclencheur)
-si à moins de 3cm: anticogulation curative pendant 3 mois.
2019: Alors que les pneumologues viennent de sortir leurs recos sur les maladies thrombo-emboliques veineuses (je les avais détaillées
ici), la
société française de médecine vasculaire publie une conférence de consensus intitulée "questions non résolues sur la MTEV" (avec Paul Frappé dans les auteurs, il est décidément partout!):
- la 1ère partie est sur les récidives pour lesquelles on peut faire un peu comme on veut: évaluation par score de Wells, puis Ddimères suivi de Doppler si positifs, ou Doppler d'emblée suivis de D-dimères si doute au Doppler ou un contrôle 7jours après.
- Si 1ère TVP distale non provoquée: anticaogulation 3 mois ( si risque hémorragique non faible: 6 semaines ou surveillance échographique). Une anticaogulation prolongée est à discuter à partir du 3ème épisode.
- Si TVP distale post-chir symptomatique: anticoagulation 6 semaines si reprise de la marche précoce sinon 3 mois. Si risque hémorragique "significatif": anticoagulation préventive et contrôle écho.
- Si TVP distale post-chir asymptomatique: pas d'anticoagulation, mais surveillance écho.
- Si TVP distale post voyage > 4h ou sous contraception oestro-progestative: anticoagulation pour 6 semaines à 3 mois.
- Après une TVP distale post voyage >4h, en cas de prochain voyage il est recommandé: bas de contention, boire, bouger et... (suspens...) anticoagulation à dose prophylactique pour les voyages > 4h.
- Pour toute TVP distale asymptomatique: pas d'anticoagulation curative, surveillance écho et discuter anticoagulation prophylactique si facteur de risque d'extension (cancer, alitement...). Mais il n'est pas recommandé de dépister les TVP asymptomatiques...
- Il n'est pas recommandé de faire une recherche de thrombophilie suite à une TVP distale non provoquée
- En cas de TVP distale, une contention élastique est recommandé pendant 15 jours (et pas plus).
2016: La société des "médecins thoraciques" américains a publié des recommandations sur la prise en charge des
maladies thrombo-emboliques veineuses.
Et beaucoup de changements sont recommandés. D'abord, ils recommandent
un traitement préférentiel par anticoagulant oral direct (AOD)
préférentiellement aux AVK (ça commence mal, vous allez me dire... Mais
la suite est mieux!). Le traitement des embolies pulmonaires et
phlébites avec facteur déclencheur est de 3 mois, mais en l'absence de
facteur déclencheur le traitement proposé doit être d'une durée étendue
(c'est à dire sans date d'arrêt prévue) si le risque de saignement est
faible ou modéré (notamment en cas de récidive). Le point le plus
intéressant concerne les phlébites distales, en l'absence de symptômes
sévères ou de risque d'extension, ils recommandent une surveillance
échographique toutes les 2 semaines, en l'absence de FDR d'extension:
(1) D-dimères particulièrement élevés
(2) thrombose extensive (>5cm de long sur plusieurs veines, >7mm de diamètre maximum)
(3) thrombose proche des veines proximales
(4) absence de facteur déclencheur
(5) cancer actif
(6) antécédent de phlébite ou d'embolie pulmonaire
(7) patient hospitalisé
Le
traitement anticoagulant est alors recommandé seulement si le thrombus
s'étend (même s'il reste confiné aux veines distales). En cas d'embolie
pulmonaires à faibles risque, ils confirment les
recommandations de l'ESC qui
proposait un traitement ambulatoire selon le score PESI. Enfin, pour
les thromboses récurrentes sous anticoagulants, ils proposent un
traitement par HBPM dont la dose peut être majorée de 25%-33% par
rapport aux doses classiques (et se prononcent contre les filtres cave).
2015: Les
recommandations de l'embolie pulmonaire de l'ESC en 2014 m'avaient
laissé sur ma faim en ne mentionnant pas les "Pulmonary Embolism
Rule-out Criteria" (PERC). Alors, je remercie le collège des médecins
américains pour leurs
nouvelles recommandations:
- Pour les patients avec probabilité faible et présence des 8 critères de PERC: ne pas doser les D-Dimères.
-
La valeur seuil des D-Dimères, entrainant la réalisation d'un examen
d'imagerie, est de 500 avant 50 ans, puis égale à l'age multiplié par
10.
-
En cas de probabilité élevée, les D-Dimères ne doivent pas être dosés,
et un angioscanner est recommandé en 1ère intention. (la scintigraphie
devant être réservée en cas de contre indication ou d'indisponibilité)
2014: Une reco ESC qui m'intéressait était celle de
prise en charge de l'embolie pulmonaire (EP). Sur le plan diagnostic, rien de neuf, les scores de Wells et de Genève Modifié sont utilisée. Malheureusement, les
8 critères de PERC ne
sont même pas mentionnés pour essayer d'éliminer cliniquement une EP.
La petite nouveauté (ou du moins dont je n'avais pas conscience), c'est
l'utilisation du score simplifié de PESI pour déterminer si une EP est
potentiellement grave (score >1) et nécessite un bilan approfondi
avec troponine, BNP et échocardiographie, ou si le traitement peut être
ambulatoire.
Le chapitre maladies rares concerne cette fois ci le SAPL. Cet article du BMJ
aborde les différentes manifestations de ce syndrome qui peuvent être
cardiovasculaires (thromboses, athérosclérose, valvulopathies,
cardiomyopathies), neurologiques (migraines, épilepsie, chorée, troubles
cognitifs, ischémie rétinienne), hématologiques (hémorragies,
thrombopénie, anémie hémolytique auto-immune), rhumatologiques (ONA,
arthrite), néphrologiques (néphropathie, protéinurie, sténose des
artères rénales, insuffisance surrénalienne) et dermatologiques
(ischémie digitale, livedo reticularis/racemosa, ulcère, Raynaud). Les
critères diagnostiques et le bilan est dans le tableau ci dessous (il
faut 1 critère clinique et 1 biologique). Concernant la prise en charge,
en prévention primaire d'évènements, l'aspirine est réservée aux
patients à haut risque de thrombose. En prévention secondaire
d'évènements thrombotiques, les AVK sont le traitement de référence avec
un objectif d'INR souvent entre 3 et 4 (les AOD sont insuffisamment
efficaces). En cas de grossesse, un traitement par aspirine 75-100mg est
recommandé à partir de la fin du 1er trimestre (11-14SA). Dans les
traitements à l'étude actuellement, on trouve les statines et
l'hydroxychloroquine.
Après les phlébites profondes des semaines précédentes, parlons ses phlébites superficielles (TVS) des membres inférieurs d'après un article publié dans le
JAMA et résumant un article de la Cochrane. En lisant l'article entier, les auteurs retrouvent des résultats en faveur du fondaprniux à dose prophylactique: réduction d'extension au réseau profond, réduction symptômes, pas plus de saignement. Bon, mais c'est quand même des critères assez mous sur l'intérêt pour le patient surtout que les recos pour une TVP distale proposent parfois, selon les situations de ne pas traiter mais de surveiller. Donc cela ne semble pas très grave si on ne traite pas une TVS... Il est étrange qu'il n'y ait pas plus de saignement, et il n'y a pas de différence sur la mortalité. Chaque résultat ne repose que sur 1 seule étude (on n'a pas de funnel plot pour voir le biais de publication parce qu'il n'y a pas assez d'études une fois de plus). Bref, effectivement, les piqures marchent un peu, mais pas sur des critères très délétères pour le patient, donc le traitement ne m'apparait pas indispensable. On voit aussi que les AINS réduisent l'extension ou la récurrence, mais dans une moindre mesure que le fondaparinux. Donc je ne pense pas que ça modifie ma pratique en poussant à un traitement, du moins pour le moment, dans l'attente de données concordantes sur d'autres essais en faveur d'une anticoagulation préventive. Peut être que je mettrais un peu plus d'AINS. On m'a ensuite parlé de cet article choc de la
MACSF :"TVS et décès d'une jeune fille" qui avait aussi une embolie pulmonaire. Cependant, c'est probablement pas la TVS qui s'est compliqué en EP, mais il y avait 2 manifestations thrombotiques simultanées chez une patiente. La TVS aurait certainement du faire arrêter la contraception oestro-progestative. Donc une TVS ne se traite pas mais, elle doit faire penser à prendre en charge d'éventuels facteurs de risque thrombotique.
2023: La
SPLF a
publié des recommandations concernant la toux chronique. Une toux
chronique est une toux persistant plus de 8 semaines. Le bilan initial
comporte une EVA de la toux, une radiographie thoracique et une prise en
charge des éventuelles complications de la toux. En l'absence de signes
d'alarme (AEG, hémoptysie, dysphonie, ADP...) , il est recommandé
d'arrêter le tabac pendant 8 semaines (rappel: ca fait tousser aussi
d'arrêter au début), d'arrêter les traitements tussigènes pendant 8
semaines après accord du prescripteur bien sûr (notamment IEC/ARAII). Si
la toux persiste, il faut rechercher et traiter les 3 principales
causes: RGO (interrogatoire => IPP 8 semaines), asthme (spirométrie
=> CSI au moins 4 semaines), rhinosinusite (nasofibroscopie =>
antihistaminiques si allergique ou corticoïdes nasaux si non
allergique). Si la toux persiste toujours malgré traitement ou que le
bilan ne retrouve rien après 6 mois, on parle alors de TOCRI (toux
chronique réfractaire ou inexpliquée) et on passe au TDM thoracique et à
l'avis pneumo (pour résumer). Si pas de cause, un traitement antitussif
symptomatique par gabapentine (1800mg/j) ou prégabaline (grade B), par
morphine (5-10mg x2/j) (grade B), ou par amitriptyline 10mg/j (grade C)
et de mettre en place de la réhabilitation respiratoire (grade B).
Enfin, une toux psychogène est un diagnostic d'élimination pour une toux
aboyante ne survenant pas la nuit et cessant lors des activités
nécessitant de se concentrer.
2021: L'
ERS aborde
la "bronchite bactérienne prolongée" de l'enfant, item qui n'est pas à
l'ECN. Elle se caractérise par "une toux productive ou non persistant
plus de 4 semaines chez l'enfant, sans signe associé faisant évoquer une
autre cause et répondant à un traitement antibiotique approprié de 2 à 4
semaines" (comme on ne met pas d'antibiotique sur ces critères là en
France, enfin normalement, on aura du mal a faire ce diagnostic de BBP).
En effet, des virus ne sont identifiés que dans 34% des patients
atteints. Pour être actif sur
H. influenzae,
M. catarrhalis et Staph. aureus, c'est
donc l'amoxicilline + ac. clavulanique qui est recommandé (14 à 28
jours donc...). Concernant l'histoire naturelle de cette pathologie, les
auteurs disent qu'il y a un manque d'études (probablement parce que
sinon ça guérit tout seul et que les patients ne sont donc pas vus par
les hospitaliers).
2019: Le journal de la société européenne de pneumologie (ERS) a publié des recommandations concernant la
toux chronique (soit > 8 semaines chez l'adulte et >4 semaines chez l'enfant; et non >3 mois pour tous, ça a changé). On y retrouve abordées les principales causes : asthme, reflux gastrique, syndrome de toux des voies aériennes supérieures (c'est la rhinorrhée postérieure en fait) et iatrogène (IEC/ARAII, mais aussi inhibiteur calcique et bisphosphonates par majoration du reflux). Le bilan initial recommandé comporte une radiographie thoracique de face et une spirométrie (le TDM n'est pas systématique). Jusque là ça va. Passons au traitement qui est bien sûr étiologique quand on trouve quelque chose. Mais sinon, les auteurs proposent:
- 2 à 4 semaine de corticoïdes inhalés que ce soit chez l'adulte ou l'enfant (dans l'hypothèse d'une forme d'asthme)
- il suggèrent aussi des antileucotriènes (dans l'hypothèse d'un asthme ou d'une rhinorrhée postérieure chronique allergique)
- un traitement par morphine 5mgx2/j peut être proposé à l'essai (là, je commenterai juste en disant de lire le paragraphe "addictologie" à suivre), tout comme un traitement d'essai par gabapentine ou prégabaline
- un traitement anti-acide n'est pas recommandé systématiquement, pas plus qu'un traitement par macrolides 3 fois par semaine au long cours.
- par contre une antibiothérapie chez l'enfant quand la radio est normale mais que la toux est grasse peut être proposée (amox. + Ac. clavu pendant 2 semaines...)
Bon voila l'algorithme si aucune cause n'est trouvée après la RXT et la spirométrie: il faut voir si la toux est sèche ou grasse (depuis le temps qu'on dit aux patients que ça ne sert à rien pourtant...)
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